Se protéger de la tempête est le plus important pour minimiser les dégâts.
Lucrèce vit dans un océan de drame, elle le maîtrise, l'apaise pour que ses vagues ne la noient pas.
C'est sans compter sur Ivarsen qui brise les règles de la nature, une r...
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(TW - Abus, propos violent, manipulation, agression sexuelle) <3 Take care guys
Depuis le décès de ma mère, j'étais conditionné autrement. Mes émotions se falsifiaient, je creusais de moins en moins les joues pour sourire. Subissant quelques fois les larmes et la solitude. J'avais peur de me retrouver totalement seul avec moi-même. À ce rythme, quelque chose allait se produire.
Je passais le plus clair de mon temps auprès de la bande, dans l'espoir de diluer ce sentiment qui comprimait ma poitrine. J'aimais bien traîner avec eux, je pouvais enfin me sentir respirer. J'étais en apnée depuis quelques mois, et il fallait bien retrouver la surface de temps en temps pour réchauffer mes poumons avec de l'alcool et des cigarettes.
La maison des Shepherd était devenue mon abri, je me sentais mieux chez Connor que chez moi. Mon père n'était pas d'humeur à s'occuper de moi, ni même de lui-même. J'avais quelques fois, de trop, dû nettoyer son propre vomi après qu'il ait trop bu en une soirée.
Ce n'était qu'éphémère, il lui fallait simplement du temps avant de se remettre complètement de l'incident.
Tout comme il me fallait du temps pour arrêter de sentir mon cœur se comprimer lorsque Lucrèce traversait le salon. En omettant de croiser mon regard. Elle tournait si facilement le dos aux mecs, mais j'en faisais partie.
Putain, j'étais devant elle.
Je représentais peut-être une perte, mais elle me paraissait encore plus inaccessible. Alors, j'endurais notre distance, en imaginant un jour lui prendre le bras pour l'emmener avec moi. Loin du monde, de ce qu'on avait bâti de mauvais.
La tristesse s'est fait remplacer par la colère.
Le monde entier était responsable, si j'allais mal, c'était surement à cause de Lucrèce. Si je ne voyais pas le bout de ces nuits interminables, c'était uniquement à cause de mon père.
Imaginons qu'elle n'ait pas décidé de quitter le navire avant que ça coule, hypothétiquement, nous nous serions sauvés tous les deux ? Cette douleur aurait été moins grande, j'aurais passé le plus dur à ses côtés. Emmitouflé dans des bras chauds. Là où on me protégerait du reste, des autres événements qui allaient survenir, du futur et de ses promesses maudites.
Où est passée cette fille à tes côtés ?
Qu'est-ce qui l'a remplacé, hormis des griefs infortunés ?
Tout a débuté par la colère, la colère qu'elle m'ait laissé à mon triste sort. Celui où je n'avais même pas de chevet où reposer près de mes proches, ils étaient tous désormais de simples inconnus. L'amertume d'avoir aimé l'inaccessible, d'avoir adoré une fille qui renoncerait dès que des obstacles sourdront.
Je n'étais peut-être pas assez, mais j'envisageai déjà mieux que cette fin-là.
J'ai d'abord observé de loin Connor avoir cette rancœur similaire à la mienne, pour Lucrèce. Depuis le sofa, on ne voyait quelquefois ses mains tremblantes qu'elle plongeait dans ses poches aussi vite qu'elle s'enfuyait loin de lui. Je ressentais si bien la hargne de Connor, tantôt la peine de Lucrèce.
