5| VILAINE CURIOSITÉ

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Lucrèce passé

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Lucrèce passé

           L'eau froide rentrait en contact avec mon visage, mes deux mains passèrent sous le jet du lavabo, je les rinçais du savon mousseux. Après m'être débarbouillé, je m'essuyais le visage.

L'odeur de la fleur d'oranger embaumait la salle de bain, j'en sortis calmement en traînant les pieds dans mes chaussettes blanches, elles me tenaient bien chaud. Vêtue de mon pyjama, je marchais par habitude dans le couloir de notre étage pour rejoindre ma chambre, et me mettre au lit. 

La journée avait été fatigante, mes bras étaient éreintés par les courbatures. Je n'avais pourtant porté que le poids de mon sac à dos de cours, mais ce jour-là, il y avait beaucoup d'examens. Peut-être même trop. Il fallait que je rattrape les lacunes dans certaines matières, pour cela, je devais travailler davantage, pour avoir de bonnes notes. Maman aimait bien quand j'avais de bonnes notes. 

Sur mon trajet, la porte de la chambre de Connor était entrouverte, je passais devant en régressant ma vitesse, ma curiosité était vilaine. Même s'il ne voulait pas me voir, ni m'entendre, moi, je désirais savoir ce qu'il faisait, ce qu'il aimait. Parce qu'il restait mon grand-frère, et que jusqu'à preuve du contraire, je l'admirais avant que tout ne tourne au drame. 

Je m'arrêtais devant sa porte, examinant le bois peint en blanc, les panneaux creusés dans le chêne. Tout en me demandant si je devais rester ici à écouter ce qui se déroulait de l'autre côté. 

Je relevais la tête en entendant des pleurs coriaces, ses respirations saccadées alors que des larmes devaient couvrir ses yeux, je me pétrifiais sur place. C'était tellement inattendu, que je restais là, sans rien faire de plus que d'écouter le son tragique qu'il était en train de produire malgré lui dans la pièce adjacente à ma chambre. 

J'osais me questionner sur l'inhabituel comportement de Connor. Quelle était cette faiblesse qu'il laissait ruisseler sur ses joues pourtant si glorieuses. Que lui arrivait-il ? 

Sans pouvoir m'en empêcher, sans pouvoir freiner cette vilaine curiosité. Je me décalais pour regarder dans la fente de sa porte. Ça me paraissait surréaliste, qu'il laisse, par inattention, une brèche de sa fragilité exposée sous mes yeux. Sous le regard de sa victime, le bourreau défaillant à son image. 

Lui assit sur son lit, couvrait son visage frémissant à cause des spasmes. Il était en train de haleter, alors que de la sueur perlait sur son visage, dégoulinant sur son cou, elle venait couvrir le col de son t-shirt blanc.

Il cauchemardait, et j'étais persuadé que ce ne devait pas être la première fois, sauf qu'une nuit parmi tant d'autres, j'allais me coucher bien tard, interceptant cette torpeur avec laquelle il se battait depuis quelques minutes.

— Va-t'en ! hurlait-il, me surprenant dans ma contemplation. 

Je sursautais en m'écartant du chambranle, prête à me réfugier dans mon lit. J'entendis sa porte s'ouvrir en fracas avant qu'il n'attrape mon bras furieusement. J'étais retournée face à deux yeux bleus terrifiants qui pistaient mon visage.

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