26| UNIONS FRUITÉES

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Présent

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Présent

             La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre. Le fruit défendu, à contrario, roule jusqu'à vous. Lorsqu'on crève de faim, regimber une pomme juteuse est une tâche délicate. Je suis convaincue qu'il faut encore lutter, que la seule façon de ne pas sombrer vers le fruit, c'est de l'éviter. Quelqu'un de besogneux en aura surement plus besoin que nous. La lutte résulte en ceux qui restent humbles et laissent la pomme rouler plus loin.

Prendre la fuite.

Ivarsen vibre d'une sensation étrange qui ne l'avait jamais traversé autrefois. Le spectacle qui se déroule devant moi me laisse bouche bée. Que faire maintenant que ses lèvres sont à quelques centimètres de mon visage ? 

Il me déconcerte toujours. Parce qu'il brûle d'une continuité.

Moi, j'aime la quiétude de l'éphémère, pas de l'imprévisible. Si ça ne dure pas, c'est que c'est bon signe. Si l'on ne s'implique pas, c'est que ce sera goûteux. Si l'on ne franchit jamais le cap de l'aventure, ce sera délicieux. Il n'y a rien de plus exaltant de flirter avec l'interdit, sans jamais se soucier des répercussions. 

Mais je ne suis pas de ce genre-là. Je resterai fermement sur mes positions. 

Sa main continue son jeu adroit avec une de mes mèches ondulées. Il suffit de manipuler les mots glacés, tout aussi bien qu'il manipule le fil qui nous sépare de la chute. Même alors que ses yeux s'enfoncent dans les miens, qu'il scrute par-delà les secrets.

— Ce n'est pas une façon appropriée de regarder la sœur de ton meilleur ami, Ivarsen, relevé-je tiède. 

Ça ne fait pas bon mélange quand celui qui brûle d'envie tente de goûter le fruit gelé. Sa ferveur dégringole, mais jamais son sourire taquin. Il recule, comme s'il venait d'être refroidi. Son visage se redresse, il épie la pièce autour de nous, défiant les ombres de révéler ce qu'il se trame.

— Alors apprends-moi à te regarder comme ton frère le voudrait, Lucrèce, charrie-t-il, ses rides nasogéniennes illuminant ses joues.

Pas comme si tu étais prêt à plonger la tête haute parmi mes mensonges. Connor détesterait ça.

J'en profite pour m'appuyer sur la paillasse et me hisser jusqu'à la surface pour m'asseoir. Il le prend comme une invitation à revenir sur ses pas.

— Dis-moi comment je te contemple, Lucrèce ? persévère-t-il. 

Si ce ne sont plus mes secrets, ce sont mes sentiments qu'il veut subtiliser.

— Non, dis-je fermement. Tu devrais me dévisager, souviens-toi, je ruine les autres. 

Je réduis Ivarsen à quia. Cette fois-ci, son regard semble navré quand il se pose sur moi. L'atmosphère devient humide, comme si des gouttes de pluie menaçaient de se déposer sur nous. Notre bataille visuelle m'agace tout autant que ses mains douces qui ont tantôt effleuré mon visage, tantôt réparé des blessures dans l'invisible. L'air autour de nous exhalant son parfum, que j'ai humé à outrance, me devient insupportable. Je porte ma main jusqu'à son cou, le rapproche en tiraillant sa cravate comme à l'accoutumée, mal serrée.

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⏰ Dernière mise à jour : May 18 ⏰

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