9|LE CALME

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   C'était trop calme, c'est ce que je me répétais dans ma chambre plongée dans le noir total

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   C'était trop calme, c'est ce que je me répétais dans ma chambre plongée dans le noir total. Je ne distinguais plus les murs ou les meubles. C'était trop calme

La seule lumière était derrière cette porte. Elle se glissait dans l'espace entre le sol et celle-ci, pour me narguer de sa chaleur inappropriée à ma condition. C'était trop calme

Il a fallu que j'attende encore deux minutes, assis sur mon lit. Les coudes soutenant ma tête, face à la fenêtre ou le store avait été tiré. Derrière se cachait un soleil ravissant que je ne pouvais qu'imaginer. La tempête s'était calmée, dans ma position, je pouvais sortir. Seulement, j'avais trop de fois expérimenté un retour de marée vicieux qui me dépossédait de mes biens. Me faisait couler sous une avalanche gigantesque de reproches ou d'insultes. 

Alors, même lorsque la tempête s'était écoulée, je redoutais toujours ma sortie vers la lumière. J'oubliais pour retrouver le vice, parmi l'univers tordu que je m'étais créé. Ma chambre m'abritait de ces vagues incessantes, et aucun prétexte n'existait pour franchir le seuil lumineux. Aérant une effervescence atroce lorsque la porte s'ouvrait quand quelqu'un entrait. Rompant l'atmosphère terrible que je m'infligeais. 

Il était temps de descendre l'escalier pour prendre la fuite. Une énième fois. 

J'étais frappé par la chaleur du soleil qui se déposait sur moi quand je quittais le néant sur lequel je résidais. Je guettais les alentours, le long du couloir, en descendant doucement l'escalier. Le séjour semblait paisible. Mais, je sentais encore les restes d'une tension récente dans l'air. 

Pour m'assurer du calme, je naviguais dans la maison, du salon à la cuisine, de la cuisine à la buanderie. La porte était entrouverte, vers un autre univers sombre que je ne voulais pas entrevoir. Je ne voulais pas réaliser que les pleurs étouffés de ma mère étaient de l'autre côté. 

La seule chose que je pus articuler fut « C'est sa faute, pas la tienne. » Je la rassurais, elle, mais par la même occasion, je me rassurais moi-même. 

Je me consolais de la terreur passée, du choc effacé dans cette maison de malheur. Elle portait un joli tablier bleu ou de ses poches dépassées quelques pinces à linges. Elle reposait ses mains sur le rebord de la machine à laver, tremblantes et humides des larmes qu'elle avait dû sécher.

Ma mère, sous son jour tragique. Où ses cheveux bruns ondulaient sur sa nuque en dessous de sa queue de cheval haute. Certaines mèches rebelles caressaient ses joues tandis qu'elle s'aidait d'une de ses mains pour enlever les perles bleues de ses yeux.

— ... Ivar, souffla-t-elle. 

Sa voix s'était fendue en morceaux, mes poils se hérissaient en contemplant son chagrin.

Ma mère était formidable, elle était tout ce que j'avais de plus beaux et sous mes yeux, le tableau d'elle en train de se morfondre n'était pas agréable. Mon père en était l'auteur, il faisait pleurer maman. 

BRITOMARTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant