34.

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Rosa

Je suis réveillée depuis une dizaine de minutes et la seule chose dont j'ai envie c'est d'amputer cette insupportable jambe.

La douleur est tellement insupportable. Les flash-backs le sont aussi. Je n'ai qu'une seule envie et c'est d'aller me faire foutre.

Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi mais mon corps est complètement engourdi.

Je porte toujours les vêtements d'hier et je suis sale. Le miroir situé en face reflète mon état. J'ai envie de gerber. Les cheveux remplis de noeux, le visage pâle. La seule chose positive c'est que je suis démaquillée.

Je suis démaquillée?!

Incrédule, je me penche vers l'avant comme si ce simple geste allait démentir mes yeux mais effectivement je suis démaquillée. Je ne me rappelle pas de m'être démaquillé, ou peut-être que oui?

- T'es réveillée.

La voix rauque que je reconnais aussitôt me sort de mes réflexions. Il sort de la salle de bain laissant l'odeur de son gel douche s'ancrer en moi. Les gouttes d'eau de ses cheveux tombent et glissent dans sa peau rejoignant les autres gouttes qui tracent son torse jusqu'à descendre vers abdominaux et finir par se faire absorber par la serviette placée à sa taille.

Il s'approche de son côté du lit vers sa table de nuit et remet délicatement ses bagues et sa montre le tout sans me quitter du regard.

En fait, nos regards ne se sont jamais quittés depuis qu'il a parlé.

En effet je ne sais pas quoi dire. Spécialement après ce qu'il m'a avoué hier j'ai l'impression de découvrir un nouveau côté de lui et commencer à le voir d'une perspective différente à celle initiale.

J'ai toujours cru que c'était son choix d'être celui qu'il est aujourd'hui. Finalement j'ai compris qu'on n'est pas aussi différent. Les deux on a eu un père qui ne pensait rien d'autre qu'à l'hérédité négligeant les conséquences.

DeRossi, un jour, était aussi un enfant. Tout ce qu'il a vécu, la plupart des choses ont dû les effectuer pendant son enfance. Pourtant, ce qu'il m'a raconté hier m'est paru que ce n'est qu'une partie insignifiante de son enfance.

Il semblait détruit. Vide. Brisé.

- Tu comptes me regarder encore longtemps Amore? - constate-t-il en arquant un sourcil. Un rictus malicieux à la figure me rappelle la présence de sa fossette.

- C'est toi qui me regarde, je ne vais pas détourner mon regard.

- Je te regarde parce que tu me regardais - il répond en contournant le lit jusqu'à être en face de ma table de nuit pour récupérer son paquet de clope

- Eh c'est bon tu m'as saoulé. Dès le matin tu m'énerves - souffle-je me redressant laissant mes jambes descendre du lit et m'assoir.

Face à moi, il me contemple depuis sa hauteur, une clope entre les dents, le coin de ses yeux légèrement plissé, il ne se gêne pas à me détailler.

Je sais que je ressemble à un sac à merde, il n'a pas besoin de me le dire. Son regard parle lui-même.

- T'aurais dû le laisser me tuer, ça m'aurait évité de supporter ta vielle gueule.

Il crache la fumée à une lenteur, j'ai cru que ça n'allait jamais se terminer. Sa langue claque son palais et dit avec un sourire provocateur:

- Malheureusement pour toi mais va falloir que tu t'habitues à te réveiller chaque jour en voyant cette gueule qui appartient à personne d'autre à ton mari.

BROKENWhere stories live. Discover now