chapitre 42

284 36 17
                                    

Titus, Réflexions, Tome VII, E.D.D. 10399

« Un oracle est venu prendre Tatianna aujourd'hui. Je savais que ma fille serait spéciale. J'ignore juste comment. »

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

Quand j'arrive dans notre chambre, Eleazar n'est même pas couché

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Quand j'arrive dans notre chambre, Eleazar n'est même pas couché. Toujours dans ses vêtements sales et croutés de sang, il est assis au bord du lit, son visage entre ses mains, les épaules tombantes. Je déteste le voir comme ça. Défaitiste. Ça me révolte. J'aimerais savoir quoi faire pour le sortir de sa torpeur.

Sans un mot, je pose Netherbane sur la table encombrée d'armes et m'avance vers lui. Je sais qu'il m'a entendue entrer, mais il reste figé.

— Jamais je n'aurais pensé te voir comme ça un jour.

Il lève enfin les yeux vers moi.

— Je m'en fous.

Je lâche un rire ironique.

— On sait tous les deux que tu mens.

Il ne répond rien. Son regard est éteint. Pour une fois, j'aimerais voir ses fossettes. Je pince les lèvres. Je devrais le laisser ruminer et aller me coucher. J'ai fait bien plus que ma part cette nuit. Je ne sais même pas pourquoi je me donne autant de mal.

Mon cœur accélère à cette pensée. Car c'est faux. Je sais peut-être trop bien. Résignée, je fais couler un bain chaud, et guide Eleazar dans la salle de bain.

Je le déshabille, et il se laisse faire, comme un enfant vulnérable. Il s'installe dans le bain. Je me déshabille à mon tour et l'y rejoins. Je nous lave lentement, méthodiquement. Le poids du regard d'Eleazar me brûle mais je mets un point d'honneur à le fuir. En dépit de la fatigue, les mots d'Ormund continuent de circuler sous mon crâne en boucle, comme si des forces supérieures voulaient que j'agisse dessus, que je vocalise ce que je ressens. Je garde les lèvres scellées tout du long. Comme si ça pouvait me retenir.

L'eau se teinte de rose, et je la change plusieurs fois. Le processus me prend un moment, mais quand je suis enfin satisfaite par l'odeur que nous dégageons, je m'appuie contre le rebord de la baignoire et ferme les yeux, profitant enfin de ce premier moment de répit de la nuit.

Au-dehors, l'aube timide illumine le château couvert de neige. Comme si rien ne s'était passé.

— Tianna.

La voix d'Eleazar est rauque. À vif.

— Je sais ce que tu es en train de faire, tu sais, déclaré-je tout à coup.

Il se raidit et ses yeux s'écarquillent d'un coup.

— Vraiment ? dit-il avec une lueur de doute – ... et de panique ? – dans la voix.

— Tu esquives ton devoir.

Il croise les bras sur son torse musclé. Des bleus parsèment celui-ci, mais je ne détecte aucune blessure sérieuse. J'ai déjà scanné son corps de ses orteils jusqu'au sommet de son crâne plus tôt. Des ridules d'eau s'échouent contre mes genoux. Je pose mon menton entre mes mains.

JEU DE VILAINS • Vol. I • La Reine de DénæOù les histoires vivent. Découvrez maintenant