Chapitre 7

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Désolée du retard de ce chapitre !

Bonne lecture !

* * *

— Qu'est-ce que tu vas faire, alors ? demanda Namjoon.

Jungkook étouffa un soupir.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? répondit-il dans le combiné du téléphone. Je ne vais pas arrêter de lui parler. Il ne comprendrait pas.

Tout en parlant, il jeta un regard autour de lui, à son appartement – ou plutôt, à sa boîte à chaussures. Les murs étaient nus et décrépis, les fenêtres n'avaient pas de rideaux, le chauffage électrique sentait le brûlé lorsqu'il l'allumait, l'ampoule sans abat-jour projetait une lumière blafarde dans la pièce. Ordinairement, il parvenait à oublier de l'état de délabrement avancé de cet appartement qu'il louait au noir à son propriétaire (les bailleurs avaient besoin de garanties, et les boulots de Jungkook, souvent des contrats temporaires renouvelables, ne suffisaient pas à leur en donner), mais lorsqu'il avait le moral à zéro, c'était toujours plus compliqué d'y arriver. Il se prenait à rêver à un travail stable, un appartement normal, une télévision, peut-être, et une console de jeux. La seule distraction qu'il possédait, pour le moment, c'était son vieux smartphone, qu'il avait acheté d'occasion dans une boutique après le vol de son précédent téléphone, dont la batterie ne tenait même pas une journée entière, et qui était actuellement vissé à son oreille.

— Tu peux peut-être lui dire que c'est nul d'être homophobe et que même deux hommes entre eux ont le droit d'être heureux ? Peut-être qu'il pense ça parce que c'est ce que ses parents l'ont éduqué à penser, mais si ça se trouve, il n'y croit pas vraiment. Qu'est-ce qu'il a dit, déjà ?

— Il a dit que c'était bizarre, marmonna Jungkook. Je déteste ce mot. J'ai passé ma vie à l'entendre. Je n'avais vraiment pas envie de l'entendre dans sa bouche à lui.

— Je suis désolé, Kookie, répondit doucement Namjoon. Tu sais, je l'ai observé, au boulot, quand je le croise au réfectoire ou dans les couloirs, et j'ai observé la façon dont il interagit avec ses employés. Je pense que tu as raison : tout le monde le voit pire qu'il n'est vraiment. Il est toujours calme, il ne lève jamais la voix envers qui que ce soit. Mais il peut être un peu sec, et quand il est en colère, il devient tellement glacial que tu as envie de t'enterrer sous trois tonnes de vêtements.

Jungkook lâcha un petit rire faiblard. Namjoon continua :

— En plus, il ne fréquente jamais personne du boulot. Ça doit être pour ça que tout le monde le déteste – ou qu'ils ont peur de lui. N'empêche que même s'il n'est pas le tyran qu'on se représente tous dans l'entreprise, ça reste un type plein aux as qui a obtenu un poste important très jeune, sans doute grâce à ses parents. Il est né dans une famille riche avec une cuillère en argent dans la bouche, et tu sais, je ne veux pas faire de généralités, mais ces gens-là sont rarement des modèles de tolérance. Peut-être que c'est tout ce qu'il connaît et qu'il ne s'est jamais posé de question parce qu'il n'en a jamais eu besoin. Peut-être qu'il a simplement besoin de quelqu'un qui lui offrira un nouveau point de vue sur la question.

Jungkook se gratta la tête.

— Je ne sais pas, dit-il avec hésitation. Je crois que je ne vais tout simplement pas insister là-dessus. C'est normal d'avoir des différences d'opinion, parfois, non ? Même entre amis.

— L'homophobie n'est pas une opinion, Jungkook, répondit Namjoon à voix basse. C'est de la discrimination pure et simple. Tu le sais. Et même si c'était acceptable... je veux dire, c'est de toi qu'il s'agit, même s'il ne le sait pas encore. Tu es gay. C'est toi, la cible de ses commentaires méprisants.

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