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Chapitre 20

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Voici le POV de Taehyung que vous attendiez tant hé hé hé :D

* * *

Taehyung était au fond du trou.

Et c'était un homme qui avait plongé dans la dépression après le décès de sa femme qui disait ça ; c'était un homme qui avait appris, après des mois passés à pleurer sa mort, qu'elle n'avait pas arrêté de le tromper dans son dos au cours de leur mariage. C'était un homme qui avait été trahi par la vie, encore et encore.

À présent, il était trahi par son propre esprit, et bizarrement, c'était encore plus difficile à accepter que le reste.

Il n'arrêtait pas de repenser à la soirée où Jungkook l'avait embrassé ; elle était inscrite au fer rouge dans son cerveau. Jungkook, ses yeux brillants, ses lèvres roses, le contact de sa bouche chaude contre la sienne. La façon dont il l'avait brutalement repoussé, pris de panique.

Évidemment, il avait eu tout le temps d'y réfléchir depuis, mais les choses n'étaient pas plus claires pour autant.

Ou du moins, elles auraient pu l'être, mais Taehyung persistait à jeter un voile dessus, à refuser de comprendre, parce qu'il avait trop peur de ce qui se passerait s'il admettait la vérité – quelque chose qu'il avait passé des années à enterrer si profondément que la ressortir maintenant changerait son être en profondeur.

Non, il valait mieux continuer à tout refouler, comme avant, et éviter Jungkook, dans la mesure du possible ; après leur rencontre dans l'ascenseur, où Taehyung avait eu si peur de lui parler qu'il avait pris la fuite, il s'était arrangé pour venir plus tôt et repartir plus tard tous les jours, et sa technique avait fonctionné. Ils ne s'étaient plus croisés.

Mais il l'avait vu de loin, un jour où il était descendu au dixième étage pour s'acheter à manger parce qu'il avait oublié de prendre un sandwich sur la route ; il l'avait vu, assis à une table du réfectoire, en train de déjeuner avec Namjoon, Jimin, un type qui bossait dans le service RH et un autre que Taehyung ne connaissait pas, mais qui, d'après son look, était dans le service IT. Ils riaient tous ensemble, sans doute après une bonne blague, et Taehyung avait senti son cœur se serrer.

Il avait quitté l'étage sans manger, ce jour-là, et ensuite, il n'était plus jamais descendu au moment du déjeuner.

C'était ridicule d'être jaloux des amis de Jungkook – surtout que c'était lui qui l'avait rejeté, c'était lui qui l'avait poussé à partir ; mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Jungkook lui manquait autant qu'un membre qu'on lui aurait arraché. Il lui manquait autant que Heran après sa mort, et ça, c'était quand même dingue : il ne parvenait pas à comprendre comment c'était possible.

Mais en y réfléchissant, c'était assez logique : Heran avait souvent été absente, aux derniers mois de leur mariage ; quant à Jungkook, depuis son arrivée, il avait été là sans cesse, à lui préparer à manger, à lui offrir l'intimité dont Taehyung avait tant besoin. C'était naturel que son départ lui fasse ressentir une sensation de manque, finalement.

Parfois – souvent – le soir, lorsqu'il rentrait chez lui, il restait assis un long moment sur le canapé, le portable dans la main, à hésiter à envoyer un message à Jungkook. Mais c'était la peur qui le retenait ; accepter Jungkook, accepter ce qu'il savait de lui à présent, ça voulait dire accepter ce qu'il refoulait avec tant d'acharnement, et il n'était pas prêt pour ça.

De toute façon, il n'était même pas certain que Jungkook réponde, après la façon dont il l'avait traité. Le tapis était toujours collant là où le champagne s'était renversé ; il n'avait pas pris la peine de le faire nettoyer.