Chap. 6

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-Monsieur Le Comte va bientôt vous recevoir pour les doléances, attendez ici.

La file de quémandeurs edt longue, mais Colombe et Anastase ont attendu toute la nuit et sont donc dans les premiers à attendre. La condamnation d'Agnès doit avoir lieu dans quelques heures à peine, et plus le temps passe plus Colombe se sent fébrile.
Enfin, les portent s'ouvrent et les premiers entrent. Le temps passe trop rapidement au goût de la jeune femme, tandis que l'attente, elle, est insoutenable.

Colombe n'a pas parlé à Anastase de ses soupçons concernant le rôle que Walderic a joué dans l'arrestation de sa sœur, mais au fond elle est persuadée qu'il en est l'instigateur.

Lorsqu'enfin s'est leur tour, Colombe prend une longue inspiration pour tenter de se donner du courage et elle entre, la tête haute et les poings fermés.
En la voyant apparaître, un petit sourire apparaît au coin de la bouche du comte, qui est assit tranquillement sur son siège de justice.

-Colombe... tiens donc. Je ne me serais pas attendu à te voir ici. Tu n'es pas du genre à quémander quoi que ce soit d'habitude.

La jeune femme repère près de lui plusieurs gardes, dont celui qui l'a si sauvagement poussée dans la boue la veille. Elle fait comme si elle ne l'avait pas reconnu et reporte son attention sur Walderic.

-Je viens pour...

Le comte la coupe dans un sifflement:

-Qui es-tu toi?

Colombe avait presque oublié qu'Anastase l'accompagne. Le jeune homme ne se décompose pas et dit simplement:

-Un ami fidèle de Colombe.
-Depuis quand es-tu amoureux d'elle?

Anastase ne s'attendait pas à ça et se met a chercher ses mots:

-Non... je ne suis pas...
-Elle est bien trop belle et intelligente pour un enfant comme toi. Quel âge as-tu? Dix-huit ans? Dis-neuf?
-Vingt ans! répond Anastase offusqué.
-Oui. C'est exactement ça: un enfant.

Anastase fait un pas en avant de colère mais Colombe l'arrête aussitôt.

-Sois sage, et laisse parler les grandes personnes petit.

Colombe enfonce ses doigts dans les bras du jeune homme pour lui faire comprendre de ne rien faire de stupide. Il se calme et ne dit plus rien.
La jeune femme le lâche et reprend:

-Je suis venue pour ma soeur.
-Ta soeur? demande innocemment le comte.
-Elle a été arrêtée par vos gardes hier, pour vol, et est censée subir son châtiment aujourd'hui.
-Oh je vois. Ta soeur est donc devenue une voleuse. Tu ne la nourris pas assez? Je t'avais dit que tu ne saurais pas correctement t'occuper d'e...

Elle le coupe à son tour:

-Agnès n'est pas une voleuse! Elle n'a rien fait!

Walderic se lève de son siège et s'approche.

-Es-tu en train d'accuser ma garde de mal faire son travail?

Colombe sait qu'accuser sans la moindre preuve serait absurde et suicidaire. Elle avale sa salive et dit doucement.

-Non. Mais il y a peut-être eu un malentendu. Agnès n'est pas une voleuse. Elle ne mérite pas d'avoir la main coupée. Nous venons de perdre la seule famille qui nous restait, elle souffre déjà suffisamment.
-Qui es-tu pour juger si elle a souffert suffisamment au juste? dit-il les yeux plissés en s'approchant encore d'elle.

Colombe baisse le regard, et continue encore plus doucement:

-S'il vous plaît mon seigneur, graciez la.
-Si je graciais tous les criminels dès que leur famille me le demande, mon comté serait la maison de tous les péchés.

Colombe fait un pas pour retirer tout l'espace entre eux, et vient prendre la main du comte entre les deux siennes.

-Je vous en supplie... Je ferai tout ce que vous voulez.

Walderic l'observe quelques instants avec un petit sourire, puis lève les yeux vers Anastase en lui lançant un regard qui lui crache en plein visage « J'ai gagné ».

ColombeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant