Chap. 35

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Colombe n'est pas surprise du baiser d'Ambroise. Quelque chose en elle s'y attendait, et une autre partie encore le désirait. Alors lorsque ses lèvres chaudes se posent sur les siennes, Colombe n'a aucun mouvement de recul, ni même de surprise. Elle accepte ce baiser et s'y adonne pleinement, toute entière. Elle entrouvre sa bouche et vient enrouler ses mains autour de son cou pour lui faire comprendre qu'elle aime ce qu'il vient de lui offrir, et qu'elle veut le remercier elle aussi comme il se doit.
Le duc, plutôt timide sur le moment, s'attendant presque à se faire gifler, est soulagé de constater qu'elle en avait aussi envie que lui, et se met à faire danser sa langue avec la sienne.
Leur étreinte est chaude, réconfortante, loin de la peste, loin des morts, loin des cauchemars. Depuis trois mois qu'ils se connaissent, ils n'ont jamais laissé paraître quoi que ce soit de leur désir mutuel, se mentant à eux même et a l'autre. Alors ce baiser est une libération, un bonheur, un instant où le temps se fige.

Finalement la réalité est forcée de les rattraper et lentement ils se séparent, légèrement gênés. Ils pouffent de rire devant ce malaise improbable, et Ambroise prend la main de Colombe dans la sienne.

-Colombe...

Le regard d'Ambroise est soudainement grave, et le jeune homme de vingt-sept ans qui semblait il y a quelques instants comme un petit garçon timide, a d'un coup repris son statut de duc et d'homme.

-Oui? demande Colombe, un peu méfiante.
-J'ai quelque chose à te demander.

La jeune femme reste silencieuse, n'aimant pas ce qui est en train d'arriver.

-Tu es brillante, intelligente, vitale dans ce château, tu as sauvé ma sœur et tellement d'autres gens. Tu es gentille, généreuse, à l'écoute. Tu es belle, magnifique même...

Les mots restent en suspens, et Colombe sent sa respiration se couper. Non. Il ne peut pas. Elle ne veut pas qu'il aille plus loin. Il faut qu'il arrête.

-Ambroise, s'il te plaît ne...

Il la coupe:

-Je t'aime. Épouse-moi...

Trop tard. C'est fait. C'est dit.
Colombe retire doucement sa main de celle d'Ambroise.

-...Ecoute Ambroise, je...

Mais elle ne peut pas achever sa phrase qu'un homme arrivent à eux.

-Monsieur Le Duc.
-Oui?
-Je suis un messager qui vient à vous de la part du Comte Walderic.

A ce nom, un frisson glacial parcourt la colonne vertébrale de Colombe. L'homme tend une lettre cachetée au duc qui la prend, les sourcils froncés, charismatiques.
Il brise le sceau et lit le message. Alors, son visage se décompose et ses yeux viennent à Colombe.

-Quoi? Que se passe t'il?

Ambroise reste muet. Alors Colombe lui arrache le papier des mains et lit les quelques lignes d'encre.
Alors, la jeune femme murmure des « non » avant qu'un hurlement insupportable s'échappent de sa gorge et qu'elle s'effondre sur le sol en larmes, tandis qu'Ambroise essaye de la maintenir contre lui, de la calmer, en vain...

ColombeWhere stories live. Discover now