Chap. 41

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Le Soleil s'est levé sur la forêt épaisse. Colombe, allongée en chien de fusil, les poignets attachés à une corde attachée au poignet du frère aîné, n'a pas fermé l'œil de la nuit.
Dans la nuit, le cadet l'a encore violée une fois, puis les deux frères se sont allongés et endormis. Le benjamin n'est pas revenu. Du moins jusqu'au petit matin.
Colombe l'entend arriver de loin. Elle est reste immobile. Elle a perdu beaucoup de sang, et ne peut plus bouger sa jambe. L'attacher était inutile, elle n'aurait pas pu fuir dans cet état.
Le jeune homme réveille ses frères en leur jetant de l'eau dessus. En sursaut, ils se lèvent d'un bon et le cadet l'attrape par le col de sa veste avant d'être calmé par l'ainé.
Le benjamin jette un coup d'œil emplie de dégoût à la jeune femme.

-Vous l'avez toujours pas tuée?

Colombe a un sursaut qu'elle ressent au plus profond de sa colonne vertébrale.

-Elle peut encore servir, répond simplement le cadet en haussant les épaules.

L'ainé observe alors la jeune femme et sa jambe, avec un air désolé.

-Jean n'a pas tort. Elle est en sale état. On devrait abréger ses souffrances.
-Ce n'est pas pour abréger ses souffrances que je disais ça, crache ce dernier.
-Comment? demande l'ainé.
-On peut lui trancher la gorge, propose le cadet.
-Je préférerais lui tirer une flèche ou deux...
-Ne fais pas l'enfant, on sait très bien que tu ferais exprès de mal viser juste pour qu'elle souffre.

Jean se renfrogne de nouveau et comme la veille s'éloigne de la scène, colérique, préférant se calmer en chaussant des lapins et des oiseaux.

Les deux restants continuent d'observer la jeune femme, et finalement le cadet sort son couteau de chasse de sa ceinture:

-Bon très bien, je m'en charge.

Il s'approche d'elle mais cette fois Colombe réagit:

-Non attendez! Écoutez-moi d'abord!
-Tais-toi. Et ne bouge pas si tu veux que ce soit simple.
-Non stop écoutez-moi!
-Laisse-la parler, ordonne l'aîné.

La cadet obéit, se redresse.

-Qu'est ce que tu as à dire?
-Ne me tuez pas. Je peux vous être utile.
-Tu l'étais hier soir. Mais tu ne survivras pas à ça. Nous bougeons beaucoup, tu ne pourras pas nous suivre, et il est évident que nous ne pouvons pas juste te laisser partir.
-Je ne vais pas mourir si vous me laisser faire ce qu'il faut.
-Qu'est ce que tu entends par là?
-Je suis une guérisseuse. Je connais les plantes et les soins. Je sais quoi faire pour me soigner.

Cette fois, le cadet ne s'amuse plus de la situation, il fronce les sourcils:

-Tu es une sorcière?

Le coeur de Colombe s'enflamme de rage. Elle revoit le feu du bûcher dévorer ses jambes.

-Non je ne suis pas une sorcière! Si j'en avais été une j'aurais fait bouillir ton sang dans tes veines avant que tu n'entres entre mes cuisses pauvre con.

L'homme fait un pas vers elle, son couteau à la main, mais il est arrêté dans son mouvement par son aîné qui l'arrête en plaçant son bras devant son torse.

-Laisse-moi bousiller cette pute.
-Laisse-la. Je ne sais pas si ce qu'elle dit est vrai mais elle a du cran... et de l'humour.

Colombe calme sa colère, sent que sa seule chance est l'aîné. Que des trois hommes, il est ce qui se rapproche le plus d'un être capable de compassion.

-Si vous me laissez le guérir, je pourrais faire de même pour vous. Vous guérir au besoin, des blessures et des maladies. Je connais la forêt, je peux aussi vous nourrir.
-Notre petit frère est déjà très doué pour ça, la coupe le cadet.
-Il chasse. Mais la viande ne fais pas tout. Et je me débrouille bien en cuisine. Je sais ce que les papilles des hommes aiment. Je pourrais aussi recoudre vos vêtements, vous aider à porter vos sacs et votre gibier, vous apprendre les baies qui donnent l'impression d'être un dieu, et celles qui empoisonnent l'âme. La chose est simple: si je meurs de ma blessure alors je vous aurai simplement menti pour gagner du temps. Si je vis, cela signifie que je dis la vérité, et dans ce cas je vous serai utile autant que je l'ai dit.

L'ainé semble réfléchir. Après quelques instants à la fixer, les yeux plissés, il finit par dire simplement:

-Bien. Nous ne te tuerons pas. Sauf si tu nous y obliges.

Un immense soulagement enveloppe la jeune femme, mais alors le cadet ajoute:

-Moi la seule chose à laquelle tu me serviras tu en as déjà eu un aperçu. Ne pense pas une seconde que je vais accepter le moindre savoir diabolique d'une femme.

ColombeWhere stories live. Discover now