CHAPITRE 5 - LEV

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MUSIQUES
SLUT! - TAYLOR SWIFT
LOVE (feat. ZACHARI) - KENDRICK LAMAR
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    Nous entrons tous les deux dans le diner, et je suis obligée de garder mes mains dans la poche centrale de mon sweat. Je suis prise d'une envie folle de l'enlacer, depuis qu'il est apparu dans mon champ de vision, alors que ça ne m'est jamais arrivé ! Il a l'air d'avoir passé une journée dépitante et en même temps agréable. En tous cas, je suis bien contente d'avoir poireauté pendant une demie heure supplémentaire.

    Le serveur nous installe sur une banquette et nous apporte les cartes.

    — Tu me conseilles quoi ? je demande à Isaac en me penchant par dessus la table.
    — Le burger de la maison, c'est une valeur sure. C'est celui que je prends.
    — Ça marche, je le prends.
    — Tu prends quoi à boire ?
    — Un coca, comme ça je conduirai au retour, et tu peux prendre une bière si tu veux.

    Il hoche la tête et nous commandons. Je m'installe en tailleur sur la banquette. J'ai toujours ce réflexe lorsque je mange seule chez moi ou bien avec Maya et Brandi. Mais avec Ray, je ne l'ai jamais fait. Je savais qu'il me jugerai. Et j'ai d'ailleurs peur que ce soit le cas avec Isaac. Ses yeux rieurs m'observent, et je le regarde fixement, la paille de mon Coca dans la bouche.

    — Tu manges toujours comme ça ?
    — Souvent quand je suis seule ou avec les filles, tu me le dis si ça te gêne.
    — Je trouve ça plutôt... mignon, dit-il en rougissant légèrement. Tu dois être vachement souple, même moi je n'y arrive pas.
    — La danse classique a porté ses fruits, que veux tu !
    — Tu as fait de la danse classique ?
— Jusqu'à...

    Je ne peux pas le dire, je ne peux pas dire ce que j'ai fait. J'aime beaucoup trop son regard bienveillant sur moi pour lui dire l'erreur que j'ai commise. Ma gorge se serre et je baisse les yeux.

    — Jusqu'à mes seize ans, après j'ai totalement arrêté.

    Isaac hoche la tête comme s'il buvait mes paroles lentement et n'insiste pas plus. Nos plats arrivent à ce moment là et, Dieu merci nous empêchent un moment plus gênant.

    — On a parlé de mes frères et sœurs mais toi ? Tu en as ?
    — Non, aucun. J'aurai aimé, mais ce n'est pas le cas... Alors me voici, seule.

    Je croque dans mon burger sans pouvoir m'empêcher de dire la bouche pleine (et je me déteste pour cela) :

    — Tu sais, si tu voulais nuire à mon côté glamour fallait me le dire.
    — Au moins pas de faux semblants possibles.

    Isaac patiente quelques secondes avant de dire :

    — Ray est venu me voir. Pour me parler de toi. Il te prend pour sa propriété.
    — C'est un connard cupide et perfide. Il peut bien penser ce qu'il veut.

    Isaac éclate de rire et son regard espiègle me scrute. Décidant de ne pas me concentrer sur ses yeux scintillants malgré leur couleur sombre, je mange. Et rapidement.

    — « Un connard cupide et perfide », sérieusement ? rit doucement l'homme séduisant en face de moi.
    — Tu peux pas me dire que c'est faux, quand même !
    — Bien sur que non, mais j'aurai juste ajouté qu'il n'a aucune éthique de soi. Mais bon c'est un mec sans ambition qui sait qu'il a la fortune de ses parents pour vivre.

    Je me tais directement et ressent énormément de culpabilité. Et aussi un peu de colère, s'il voit Ray comme ça cela veut sûrement dire qu'il me voit de la même façon. Une fille sans neurones qui compte sur la fortune de son père pour vivre. Ce n'est absolument pas comme ça que je veux que les gens me voient. Je souhaite qu'ils remarquent une femme ambitieuse et pas seulement avec un bel héritage.

PHŒNIX Where stories live. Discover now