Chapitre 25 - L'hôpital

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François fut placée en observation au service des grands brûlés.

Il avait des brûlures au 1er et au 2ème degré. Sa gorge et sa langue étaient atteintes. Il ne pouvait quasiment plus parler.
Ses cheveux et ses sourcils étaient un peu touchés par l'incendie.
Ses vêtements avaient commencé à coller à sa peau avec la chaleur intense.
Mais une chose n'avait pas été consumée par ces flammes de l'enfer, son amour pour la belle Anna. Il vit sur sa table de nuit le livre qu'il avait pu sauver de l'incendie.
Il eut un sourire de satisfaction mais bascula presqu'aussitot dans une grande tristesse en pensant à elle. Sa petite voix était revenue et criait dans sa tête :

- Anna ? Où est elle ? Est-elle vivante ? Que lui est-il arrivée vraiment là haut ? Émile l'a-t-elle tuée ? Laissée pour morte sur le sol ? Elle aurait péri dans les flammes ? Oh non ! Quelle horreur ! Non !

François souffrait plus de son âme esseulée et de son cœur abandonné que de ses brûlures physiques.

Une sonnette d'alarme retentit dans la chambre. Sa tension était montée trop haut.

Une charmante demoiselle en blouse blanche arriva tout sourire :

- Bonjour Monsieur. Je m'appelle Magalie. Je suis aide soignante. Ça ne va pas ? Vous pleurez ? C'est la douleur ?

Et elle lui prit la main dans un geste de compassion.

- Vous ne pouvez pas trop parler en ce moment avec ce qui s'est passé. Mais je vous comprends du regard vous savez. Vous avez l'air si triste. C'est pas la douleur physique ça, c'est autre chose n'est ce pas ? Il hocha la tête.

Il vous manque quelque chose ou quelqu'un ? Il hocha la tête encore et esquissa un sourire presque d'amitié et un regard de respect.

- Il vous manque qui Monsieur ? Votre femme ? Ses yeux brillèrent d'émotion. Je peux l'appeler ? Il fit mine de chercher un papier et un crayon. Elle sortit de quoi écrire.

- Tenez Monsieur. Écrivez-moi qui on doit appeler. Et il griffona d'une main maladroite et tremblante 4 lettres majuscules :

A.N.N.A.

- Très bien Monsieur. Je vais voir si je peux joindre cette personne. Vous n'avez pas son nom ou son numéro ? Francois fit "non"de la tête, d'un air désolé.

- Bon. Ne vous inquiétez pas. L'infirmière va venir vous voir. Et moi je reviens pour vous tenir aux nouvelles, d'accord ? Lui dit-elle avec un grand sourire qui lui redonna espoir et lui réchauffa le coeur. Elle sortit doucement, et disparut comme un ange.

Juste après une infirmière entra en trombe dans la chambre sans frapper, l'air stressé. Elle lui parla à toute allure d'une voix stridente :

- Comment ça va Monsieur ? Votre tension est très haute. Vous avez mal à vos brûlures Monsieur ? Vous mettez combien à cette douleur sur une échelle de 1 à 10 ? 1 c'est pas de douleur du tout et 10 c'est comme si on vous arrachait le bras ! Alors ? Je vous entends pas monsieur ! Ça vous fait pleurer la douleur ? Ok alors je mets 10 en E.N. ! Je vais vous donner un antalgique mais comme vous ne pouvez pas boire pour l'instant parce que votre gorge est trop abîmée par l'incendie, le médecin en a prescrit en I.V.

Et elle piqua sans attendre le pauvre François qui n'avait pas pu en placer une ! Elle lui balança en repartant déjà comme une furie :

- Allez ! Courage Monsieur ! Le médecin arrive bientôt ! Ça va bien se passer !"

Et elle sortit en claquant la porte.

François était abasourdi par ce cyclone qui venait de traverser sa chambre.
Il se resaisit et repensa à ce qu'avait demandé la gentille aide soignante. C'est vrai qu'il ne connaissait ni le nom ni le numéro d'Anna. Il ne connaissait d'elle que les 4 lettres de son nom. Il ne savait pas non plus où elle habitait. Bref il ne savait rien d'elle sauf qu'elle avait eu ses manuscrits entre les mains. C'était la correctrice, la bêta lectrice de Emile, à qui il envoyait ses textes, ou surtout ceux des autres qu'il faisait passer pour les siens !

Peut-être pourrait-il trouver son nom en cherchant par ce biais là sur internet.

Il était tellement abîmé et fatigué qu'il ne pourrait pas faire ça lui même ni le faire maintenant.

Un peu plus tard, Magalie l'aide soignante revint le voir pour lui dire qu'elle n'avait trouvé aucune "Anna" à contacter et qu'elle était désolée. Elle lui demanda s'il avait besoin d'autre chose. Et là il essaya de sortir des sons avec sa bouche mais c'était incompréhensible et inaudible.
Il était confus et triste de ne pas pouvoir s'exprimer. Elle lui tendit à nouveau de quoi écrire. Cela le fit sourire de plaisir. Il écrivit alors maladroitement :

Trouver ANNA :

bêta lectrice d'Émile Facet :

Nom ?

Adresse ?

Téléphone ?

En vie ??? !!!

Et il eut un regard grave en pointant du doigt les mots "En vie ???" en martelant chaque point d'interrogation.

Elle le regarda avec humanité et compréhension. Elle posa doucement sa main sur son épaule et lui répondit avec un air gêné si charmant qu'elle allait faire ce qu'elle pouvait, qu'elle allait chercher mais qu'elle n'était pas sûr de trouver ! Et elle ressortit doucement en lui redonnant encore un de ses plus beaux sourires solaires.

Plus tard dans la journée, alors que François s'était un peu assoupi, un médecin entra sans frapper dans sa chambre avec une cohorte de jeunes étudiants, internes ou autres blouses blanches aux regards vides. En quelques secondes il y eut une foule gênante et impolie dans sa chambre. Le Docteur en chef prit la parole devant ses sujets :

- Monsieur Bonjour.
Bon. Nous avons là un patient qui montre des brûlures au 1er et  2ème degré. Ces brûlures peuvent être intentionnelles, exemple du suicide, ou accidentelles. Cela peut être dû a des liquides chauds ou des solides chauds. Le pronostic vital peut être en jeu selon la sévérité de la brûlure, par son retentissement systémique déclenché par la lésion cutanée. La brûlure est un syndrome de réponse inflammatoire systémique (S.R.I.S.) unique dans la pathologie médicale car il est précoce, intense et prolongé. Les brûlures graves sont classées de modérément sévère à sévère selon que la surface corporelle brûlée est de plus ou moins 30 %.

La dizaine d'étudiants zombies écoutait religieusement le cours improvisé et surtout imposé à Francois qui n'avait rien demandé !

Le grand chef reprit son laïus :

- Il peut y avoir aussi, comme dans le cas de ce patient, inhalation de fumées d’incendie et pour le reste
vous voyez ses cheveux et ses sourcils, regardez bien. Vous pouvez vous rapprocher et sentir cette odeur de cochon grillé très caractéristique.

Certains élèves se rapprochèrent de François pour sentir son odeur de barbecue !

Voilà ! Merci Monsieur !
Pour la douleur on a préféré passer en I.V. pour éviter les complications du per os : fausse routes et autres pneumopathies d'inhalation !
Voilà !
Allez !
Bonne journée Monsieur !

Et toute la clique de stéthoscopes sortit d'un pas groupé, en file indienne comme des enfants qui rentre de la récréation.

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