Chapitre 48 - Démons et Merveilles

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François était effondré à l'idée de perdre Anna. Il hésitait à l'appeler ou à lui envoyer un message. La peur d'être maladroit le tétanisait.
Il ne pensait qu'à elle et il ne pouvait rien lui dire. C'était un cauchemar. Il avait des dettes par dessus la tête et un bracelet électronique au pied qui entravait sa liberté mais parmi tous ses malheurs, un seul était insuportable pour lui, invivable, horrible, l'absence d'Anna et la peur de ne plus jamais la revoir. Il commençait à perdre pied et à divaguer. Il se parlait tout haut :

- Si je la perds, si elle me quitte, si elle me tourne le dos et ne me laisse plus que de l'absence....ma vie n'a plus de sens. Mon moteur n'a plus d'essence. C'est ma déliquescence, ma déchéance et ma vraie pénitence. Sa divergence est sa vengeance. Son insolent silence est de l'indécence. Sa puissance : c'est sa défense. Elle veut me faire regretter son incandescence, son effervescence, son aisance, sa magnificence ! Elle qui était si sensuelle, je ne peux pas vivre sans elle. Si elle m'abandonne, je serai sans zèle, et sans ailes. Il ne me reste que ma grandiloquence, et ma misérable existence ! Anna, tu seras ma douleur lancinante, ma torture cuisante, et l'obsession qui me hante.

Il ne put retenir quelques larmes pendant son monologue . Il se dit qu'il était en train de se parler tout seul dans son salon comme un fou à lier, un dément.

- Heureusement qu'il n'y a personne pour te voir ou t'entendre ! Et surtout pas Anna ! Tes rimes délirantes l'auraient effrayée et tu l'aurais définitivement perdu...fais gaffe avec tes accès de nervosité et de pseudo démence schizoïdes ! Ta folie ne doit pas se voir ! Il faut se fondre dans la masse et ne pas trop sortir du rang...

- Rooooh ! Tais-toi vieille bique ! Sale Sorcière ! Lui répondit François, qui était en pleine schizophrénie.

Sa petite voix sortait des pronostics de son chapeau ! Elle s'improvisait médecin, psychologue, psychiatre, sophrologue, marabout ou prêtre selon la situation ! Elle se mêlait de tout ! Et savait tout sur tout ! Une vraie peste, fidèle à sa réputation ! Elle était forte pour le démoraliser, le désespérer, le déprimer..bref pour l'enfoncer toujours plus bas !

Elle faisait penser au personnage de Minas dans Goldorak, ce dessin animé/manga révolutionnaire qui a marqué une génération. Minas résidait dans la tête de Minos. Elle apparaîssait sous les traits d'une femme miniature hirsute aux cheveux rouges. Pour la laisser apparaître, le visage de Minos s'ouvrait en deux, tels les battants d'une double porte. Elle était cruelle, très intelligente et d'une imagination sans limites. Minas et Minos étaient souvent en désaccord et cela causa jusqu'à leur mort à tous les deux.

Anna de son côté était en prise aux doutes les plus grands. Son attitude envers François avait été violente et elle s'en voulait un peu des conséquences que cela auraient pu avoir sur lui. La situation était déjà assez compliquée et incertaine sans rajouter en plus une dispute pour un motif aussi futile qu'un poème mal choisi ! Elle regrettait. Elle craignait elle aussi de perdre François. Son amour propre lui dictait de ne pas s'excuser. Mais une autre voix en elle lui criait de l'appeler pour tout réparer. Elle était, elle aussi, en plein combat contre son propre démon et sa petite voix diabolique.

Elle ne supportait plus ce silence où s'étaient engouffré tous les diables qui venaient susurrer à ses oreilles de perfides pensées et de mauvaises idées. Sa culpabilité était trop forte.

Elle lui envoya un pauvre texto qui devait porter avec lui tout seul toute la rédemption d'Anna et tout son regret.

Elle tenta un message à l'allure d'une lettre de François :

[ Mon cher Amour,

Je regrette tellement mon attitude.
J'ai peur de t'avoir blessé. Ce n'était pas mon intention.
Je ne veux pas te perdre. Je ne pourrais pas écrire d'aussi belles choses que toi. Ta dernière lettre était extraordinaire et mes critiques étaient idiotes et vraiment déplacées. je m'en excuse. Je pense que cette situation de fausse liberté me stresse et me ronge à un point jamais atteint !pire que la cellule !
C'est dingue ! Ça me flingue ! ( j'essaye des rimes ! LoL)
Cela déteint sur mon comportement qui est, je le reconnais, exécrable. Mes petits démons m'envahissent quand je me sens mal et des fois malheureusement je suis faible, je les écoute,et je suis à leur merci. Je n'aime pas être comme ça, assujettie à mes mauvaises pulsions. Je dois être plus forte qu'elles. C'est un combat intérieur silencieux, une tempête dans un verre d'eau, inaudible et invisible. Mais ça me détruit et ça détruit tout le monde autour de moi, ceux que j'aime et pire encore...celui que j'aime : toi !

Montez !Where stories live. Discover now