Chapitre 29 - Loubignac

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Le bus traversait toute la ville. Les bâtiments et les rangées d'arbres se déroulaient devant eux comme une lampe magique et hypnotique. Les arrêts se succédaient, des gens montaient et descendaient.
Le calme était revenu. Anna froncait les sourcils et surveillait les arrêts. Elle cherchait à comprendre quelle correspondance il fallait prendre. Elle se tourna vers François :

- C'est où Loubesac ?

- C'est pas Loubesac ! Ria-t-il !
C'est Loubignac ! Au terminus faut prendre la ligne 12 jusqu'à l'arrêt Monnet.

- OK. Tu vas souvent les voir tes grands-parents ? Je croyais que t'avais pas de famille !

- Non j'y suis pas allé depuis longtemps. Ils vont même pas me reconnaitre si ça se trouve !

- Ah ? Pourquoi !? Ils sont pas loin de chez toi pourtant !

- Non....c'est vrai.. ils sont pas loin...mais je suis pas très fier de ma vie et je veux pas leur faire honte. Je préfère pas m'imposer à eux. Ils m'ont déjà beaucoup donné d'affection, de présence et de générosité. Je ne veux pas abuser de leur temps et de leur amour.

- Mais tu dois leur manquer !

- Je pense à eux tous les jours tu sais. Mais je leur dis pas.

- c'est bête ! Lâcha Anna ! Il faut vous rapprocher.

- Hum....fit François d'une moue dubitative.

Le soir tombait sur la campagne.
Ils arrivèrent au terminus. Avant de descendre, Anna demanda au chauffeur :

- Pardon Monsieur ! Comment fait-on pour aller à Loubirac !

François gloussa de rire

- C'est Lou-bi-gnac ! Fit-il en détachant bien les syllabes. Loubignac ! Pas Loubirac !

- oh ! j'y arrive pas François ! Désolé mon chéri !

- tu es toute pardonnée mon ange !

Et il lui glissa furtivement un bisou dans le cou, ce qui la fit sourire de plaisir.

Le chauffeur, un peu gêné, indiqua où attendre leur correspondance. Ils descendirent et s'y asseillèrent sagement. Ils commençaient à geler sur place quand leur bus arriva. Ils n'étaient que tous les deux à monter. Aucun autre passager.

- On a le bus pour nous tous seuls ! François ! C'est trop romantique !

- Mouais ! Bougonna François d'un air préoccupé.

- Mais pourquoi tu fais cette tête là mon François ? Tu te sens pas bien ? Toi tu es inquiet de ce que tes grands-parents vont te dire ou vont penser de toi !

- oui c'est ça ! Ils vont surtout s'inquiéter de voir mes brûlures et mon état général ! Et je veux pas les inquiéter.

- Mais tu leur expliqueras. Tu leur diras tout ! Toute la vérité ! Sans mentir ! Et sans rien oublier ! Ils comprendront ! Ne leur cache rien ! Ça va aller.

- On est arrivés Anna ! C'est la jolie petite maison là bas.

Ils marchaient tous les deux en se tenant la main. Anna fredonnait une vieille chanson de Francoise Hardy en regardant son amoureux :

- Et les yeux ...dans les yeux
Et la main ....dans la main....."

François connaissait et reprit la suite :

- ...ils s'en vont ....amoureux....
Sans peur du.. lendemain ! "

Et malgré le froid, la nuit qui tombait, et même malgré la neige qui arrivait, ils échangèrent un long regard langoureux et un large sourire qui eurent le même effet qu'un long baiser sur la bouche ! Francois, aux anges mais nostalgique, regardait tomber les flocons de neige. Et cela lui rappela étrangement les petits grains de sucre glace que sa grand-mère saupoudrait sur ses gâteaux, du temps benni où il vivait chez elle.

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