Chapitre 37 - Les enchaînés

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Tandis que Anna prenait sa douche, François était en arrêt, surpris et même terrifié par les mots qu'il avait lus. Il était bloqué dans ses pensées, les yeux fixes :

- Pourquoi elle parlait de me sauver "moi" ? Ne pas me laisser "mourir" ? 
Mais surtout pourquoi disait-elle :

"Pas celui-là !" ??

Il s'imaginait l'histoire dans sa tête :

- Bon d'accord elle avait compris qu'il y avait quelqu'un en danger dans la cave de GéGé ! Ok ! Et que c'était l'écrivain dont elle lisait les mots ! Ok ! Et elle pensait que j'allais mourir !  ok ! Mais pourquoi elle écrit :

"Lui " ?  à trois reprises.

Il y en avait eu d'autres ? Combien ?Une dizaine ? Elle avait compris que le manuscrit n'était donc pas d'Emile mais bien d'un autre !

L'écrivain de l'ombre était littéralement "à l'ombre" ! Dans la cave ! Et elle avait décidé d'agir et de le libérer, au péril de sa vie !

Mais s'il y avait eu d'autres "écrivains de l'ombre",  des "prête-plumes, des "Nègres littéraires" comme lui, pourquoi n'a-t-elle rien dit à la police ? Ni à la presse ? Pourquoi a-t-elle laissé faire et même laissé mourir tous ceux avant lui ? Dans quelle mesure était-elle complice ? Participait-elle aux meurtres de ces talents ? Pourquoi il n'y avait jamais eu d'enquêtes ou d'avis de recherche ? Émile et Gérard réjouaient-ils dans leur cave "Les 10 petits Nègres" d'Agatha Christie en les tuant les uns après les autres dans une sorte de remake réaliste et horrible ?

François était en pleine transe hypnotique et les questions s'enchaînaient dans un tourbillon infini. Il ne respirait plus, tellement il était happé par la terreur et le mystère de ces quelques lignes qu'Anna avait griffonées.

À ce moment précis, elle sortit de la douche, la peau encore toute humide et pleine de vapeur. Elle ne portait qu'une serviette légère autour de son corps.

François fut subjugué par sa beauté et son sex-appeal, mais il était tiraillé en même temps par toutes les questions qu'il avait soulevées.

Il ne voulut pas gâcher ce moment magique et hors du temps par un interrogatoire agressif et délétère.

Il voulut garder ses questions pour plus tard et juste profiter du moment présent. Il lui dit d'une voix qui restait quand même froide :

- tu es magnifique ! mais avec ce regard grave du questionnement intérieur et du doute.
Anna s'inquiéta.

- ça va mon coeur ? Je te trouve bizarre ? C'est encore ce que je t'ai dit tout à l'heure qui t'a retourné l'estomac !? Tu te sens pas bien !?

Il profita d'un instant où elle lui tourna le dos pour cacher les papiers compromettants et les remettre à peu près comme ils étaient.

Elle entendit le froissement des feuilles et des cahiers derrière elle. Elle se retourna, jeta un œil alentour et vit qu'il avait touché à ses affaires et surtout qu'il avait déplacé les manuscrits. Elle avait compris qu'il avait lu des choses qu'il n'aurait pas dû voir. Elle prit une décision en un quart de seconde. Elle eut le regard décidé et la bouche pincée. Elle décida de passer à l'action. C'en était fini de François...

Et elle laissa, plus ou moins volontairement, tomber sa serviette en lâchant un mignon petit "oups !" et se retrouva en un instant complètement nue devant lui.

Elle le laissa contempler son corps encore chaud et humide. Il ne pouvait plus rien dire. Il ne pouvait plus réfléchir. Il était saisi par cette vision angélique, cette perfection féminine, la grâce et la pureté de ses courbes. Sa grande bouche large au sourire coquin et  ses grands yeux bleus qui brillaient comme des étoiles dans la nuit, hypnotiques et envoûtants, lui murmuraient :

"Viens !"

Elle marcha lentement, ondulant comme une chatte, à pas de louve, dans le plus simple appareil, vers son petit lit, tournant le dos au pauvre François qui se liquéfiait sur place de désir. La vue de ses fesses mouillées et musclées qui chaloupaient eut fini de l'achever. Il ne pouvait plus résister. Il était sa proie. Il la suivit et se coucha à côté d'elle, se collant à son corps, brûlant de désir. L'excitation était à son comble. Il ne pouvait rester de marbre face à la tentation de la luxure et l'appel du fantasme. Ses courbes généreuses et offertes le firent chavirer dans l'indécence et l'incandescence ! Leurs corps tant convoités purent enfin s'adonner en toute intimité et sans timidité au mélange de leurs voluptés...

Ce fut un de ces rares moments de magie pure, où le temps s'arrête, où plus aucune question n'est permise, ni plus aucun doute. Un moment où l'on fait entièrement confiance à l'autre, où l'on se donne sans retenue, où l'on fait tomber toutes les barrières, où l'on s'abandonne complètement...

Ils se réveillèrent vers le soir, "les yeux noyés comme deux mutants sous hypnose" (comme le chantait Étienne Daho), groguis, le sourire figé, comme sous l'emprise d'une drogue.
Mais c'était là la meilleure drogue du monde, la plus naturelle, la plus humaine, la plus puissante : l'Amour avec un grand A !
Et tous les doutes et toutes les questions de François s'évanouirent ! Balayés par la puissante tempête Anna ! Plus de culpabilité ou de responsabilité possible pour elle pour tel ou tel crime ou enlèvement ou séquestration...elle était définitivement lavée ...de tout soupçon !

Et François, lui, n'était plus qu'un homme, un homme amoureux fou, un homme à genoux, à ses genoux.

Et plus rien d'autre ne comptait. Plus rien d'autre n'avait de place entre eux deux. Il serait à jamais avec elle, quoi qu'elle ait fait, quoi qu'elle ait dit. Tout lui était autorisé. Tout lui était permis.

Il aurait accepté sans se débattre d'être enchaîné à elle, chez elle. Et il aurait jeté la clé très loin pour ne jamais, non jamais, en être séparé.

Son amour fou lui faisait perdre la raison, lui fermait les yeux autant qu'il l'enivrait. Après avoir été "ivre de livres",  il était maintenant ivre de vivre ! Ivre d'aimer ! Ivre du jour présent, ivre d'amour !

Anna, quant à elle, ouvrit ses grands yeux et eut ce sourire permanent qui reste collé sur les lèvres comme du sel après l'amour, une sorte de plénitude, de satisfaction, de bien être infini.

Elle se sentait belle, forte, invincible, aimante et aimée, pleine encore des sensations extraordinaires de l'après midi, pleine de vie et d'énergie.

François se leva et chercha une autre drogue : le café ! Il ouvrit des placards au hasard et en trouva du noir. Maladroitement il en renversa sur le sol et commença à le ramasser. Anna lui demanda :

- ça va ? Tu cherches quoi mon chéri ? T'as renversé un truc ?

- non c'est rien ! Je vais essayer de me faire du café !

- ah ! Super ! Tu peux m'en faire aussi s'te plaît mon cœur ?

- bien sûr !

Anna, légère, détendue, heureuse, souriante, laissait vagabonder son regard dans la pièce. Elle se sentait si bien qu'elle restait un peu allongée là, sur son lit. Elle entendait son cher François à coté qui s'affairait à la cuisine et se voyait déjà en couple avec lui. Elle était prête ! Prête à vivre avec lui tout le reste de sa vie ! A tout partager avec cet homme !
Elle était juste, elle aussi peut-être, éperdument amoureuse.

Mais, soudain, un éclair passa dans ses yeux, son visage se crispa.  Un rictus glacial apparut sur son visage d'ange. Un sourire presque invisible, diabolique, malsain, juste au coin des lèvres. Elle fixait intensément les manuscrits qui trainaient sur son bureau et elle se dit intérieurement :

- Faut que je brûle tout ça ! Et vite ! Faut pas laisser de traces...

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