Chapitre 1

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Les yeux fermés, la tête relevée en direction du ciel et les mains posées sur la rambarde en pierres de la terrasse du restaurant, je profite une dernière fois des rayons chauds du soleil sur ma peau. La douce mélodie des vagues s'évanouissant sur les rochers valse dans mes oreilles alors que mes narines se parfument de ces senteurs d'été que seule la Sicile nous offre.

De longues secondes passent avant que je n'ouvre enfin les yeux pour tenter de capturer ce magnifique paysage une dernière fois.

Soudain, l'écho des vagues se dissipe pour laisser place à celui d' une voix chaude et masculine.

— Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez-vous.

A l'écoute de ces paroles je me retourne sachant qui les avait prononcées six ans plus tôt sans arriver à y croire et pourtant, une fois face à lui, ce sont bien ses yeux bleus océan qui me transpercent et me dévisagent. Parcourue d'un frisson et figée de surprise, je n'entends plus les voix qui m'entourent, le temps s'arrête et ma respiration devient saccadée.

Vieilli de quelques années, il demeure toujours aussi beau. Ses cheveux blonds, courts sur les côtés et plus long sur le dessus, mettent en valeur ses yeux bleus dont l'intensité et la profondeur sont égales à mes souvenirs. Son rasage de près souligne sa mâchoire carrée et masculine. Enivrée par l'odeur ambrée de son parfum, je ne peux que prendre conscience qu'il est bien là, debout devant moi armé de son arme fatale: son sourire.

Le cœur sur le point d'exploser, je parviens tant bien que mal à balbutier un mot :

— Ezio ?

Son prénom meurt sur mes lèvres à mesure que son sourire s'agrandit. Sous le choc et encore étourdie par sa présence j'entends à peine ce qu'il me dit.

— Tu n'es pas ravie de me revoir May ? demande-t-il avec un sourire enjôleur.

— Je... Je... C'est que je ne m'attendais vraiment pas à te revoir un jour alors comprends bien qu'il est difficile pour moi de croire ce que je vois. admis-je les joues empourprées.

— Allons prendre un verre, ça va peut-être te faire du bien de boire un coup... T'aider à retrouver tes idées. me taquine-t-il sans quitter ce sourire nargueur et enjôleur.

Une fois attablés nous commandons, une bière pour lui et un virgin mojito pour moi.

Assis l'un en face de l'autre, je ne laisse pas le temps au silence de s'installer.

— Alors tu as survécu ? Bravo ! Ton bras à l'air de s'être remis à merveille ainsi que ta cheville. dis-je en matant ses muscles saillants sous son T-shirt.

— Ouais même pas une égratignure enfin pas plus que quand je t'ai quitté. Et toi tu n'as pas changé, toujours à regarder un peu trop insistement. déclare t-il avant de prendre une gorgée de sa bière.

A ces mots je rougis et détourne le regard gênée. Je me racle la gorge et enchaîne.

— Alors que fais-tu ici ? De nouveaux problèmes auxquels échapper ?

— Pas du tout c'est ma ville natale je suis là en visite et pour affaires mais rien d'aussi dangereux que la dernière fois.

— Rassurant, tu es devenu un homme plus raisonnable alors ?

— Je ne pense pas que "raisonnable" me caractérise mais j'aime à croire que quelqu'un pense ça de moi. rétorque t-il en souriant.

Nous continuons de discuter, d'échanger sur nos vies pendant des heures. J'apprends qu'il est homme d'affaires dans une entreprise familiale, impossible d'avoir plus de détails, il esquive aisément les questions trop intrusives. Qu'il habite en Sicile et qu'apparemment il n'a pas de place pour l'amour. Jamais il n'aborde la cause de notre rencontre cette nuit-là et quand j'essaie d'évoquer le sujet, son attitude devient vite énigmatique, son visage se ferme. Sans doute un fantôme du passé trop difficile à affronter.

Le phénix - Consumation ( FR )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant