Chapitre 17

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Alors que je la glisse dans mon carnet de notes, les rouages de mon esprit s'actionnent et font un rapprochement entre les deux téléphones et cette carte. Mes lèvres brûlantes de curiosité, se mouvent pour assouvir leur besoin de réponses.

— Vous aimez séparer vie professionnelle et personnelle n'est-ce-pas ?

Confus par ma question, il fronce légèrement les sourcils avant de planter son regard perplexe dans le mien à travers le rétroviseur. Le temps de comprendre, je suppose, ma question, il laisse s'élever un instant de suspens puis s'éclaircit la gorge tout en reposant ses yeux sur la route et de me dire.

— Je n'ai pas de vie privée à proprement parler. Je vis seul et ma famille n'est plus de ce monde. Je voue ma vie entière à mon boulot.

— Et en quoi consiste votre travail exactement ?

— Je suis les ordres de Don Ezio. Peu importe la tâche qu'il me demande, je m'exécute.

Sa réponse évasive éveille d'autant plus ma suspicion. Même si je me rends compte qu'il ne me facilitera pas la tâche, je tente quand même de creuser.

— Alors jamais d'écart ? Votre vie n'est dictée que par les demandes d'Ezio ?

Il laisse échapper un léger rire contenu avant de se pincer les lèvres.

— Malgré tout mon dévouement, je reste un homme. Je ne suis pas infaillible.

Sans me laisser le temps de l'interroger davantage, il se gare tout en me signalant notre arrivée au studio.

— Je vous attendrai là jusqu'à ce que vous ayez terminé.

En dépit de ma frustration, je me résous à baisser les bras pour cette fois et à laisser de côté les questions qui fusent dans mon esprit.

— La journée risque d'être longue, je ne veux pas que vous vous ennuyez. Si vous avez autre chose à faire, allez-y et je vous attendrai à ma sortie. Donnez-moi votre numéro et je vous appelle quand j'ai fini. Je n'ai pas envie de vous imposer l'attente qui pourrait être interminable.

Il s'empare alors de mon téléphone que je lui tends et enregistre son numéro.

— Merci May, c'est très aimable à vous, à toute à l'heure. dit-il en me tendant mon portable que je reprends.

— Merci à vous Salva, à toute à l'heure.

Sans perdre plus de temps, je sors de la voiture et rentre dans le studio.

— May ! - m'accueille chaleureusement Andy en me prenant dans ses bras - C'est pas trop tôt ! Une minute de plus et tu retrouvais des squelettes à la place de nos corps.

Je grimace à sa remarque puis lui souris avant de répondre:

— Je vais bien, Andy merci de me poser la question. - ironisé-je - J'apporte quelques pépites sur lesquelles on va pouvoir travailler. l'alléché-je en agitant le carnet que je tiens dans la main.

— Génial ! Ne perdons pas plus de temps et commençons !

Pendant les heures qui suivent nous travaillons au rythme des accords, des ajustements. Je réécris quelques paroles et nous faisons des essais de voix puis enregistrons.

— Okay les gars ça suffit pour aujourd'hui je pense qu'on a assez bosser. s'écrit Andy.

— Franchement bon boulot May, bravo! J'aime beaucoup toutes ces inspirations entre amour, adrénaline, danger, pouvoir. Ton album aura un super univers dans lequel chacun pourra, à son niveau, s'identifier. C'est une belle réussite en perspective. On a encore du boulot mais les bases sont solides. Tu t'es encore surpassée, tu m'impressionnes. On va boire un verre pour fêter ça ?

— Ouais avec plaisir laisse-moi deux secondes pour régler un détail et on y va.

Je prends mon téléphone et vois cinq appels en absence de la part d'Ezio. Inquiète, je le rappelle dans la foulée.

— Hey tout va bien ?

— C'est à toi de me dire comment tu vas ! Je n'ai pas eu une seule nouvelle de la journée.

Je regarde ma montre et me rends compte qu'on a effectivement passé la journée à travailler sur l'album.

— Oh merde désolée j'avais pas vu qu'il était si tard. On était tellement concentrés sur l'album qu'on n'a pas vu les heures passées, je suis sincèrement désolée. grimaçé-je de culpabilité.

De son soupir, je sens Ezio se décontracter à travers le téléphone.

— L'important est que tu ailles bien mais s'il-te-plaît la prochaine fois donne moi des nouvelles car si je m'étais écouté c'est plus de vingt appels que tu aurais reçu et une visite privée.

— Oh ça ne m'aurait pas dérangé. le taquiné-je.

—Tu rentres bientôt ? demande-t-il en trahissant son impatience.

—Non pas encore. Avec Andy on prévoyait d'aller boire un verre pour se vider la tête. J'allais t'appeler pour te prévenir.

— Okay de toute manière je ne suis pas à l'appartement, je suis chez mon père pour affaires, mais s'il-te-plaît tiens moi au courant à partir de maintenant.

— Oui encore désolée, bon courage pour le boulot alors et à plus tard.

— Ouais merci, à ce soir ma belle.

Je raccroche et envoie un texto à Salva l'avertissant de notre départ imminent.

— Dis donc pour un cousin que tu as retrouvé récemment, vous êtes plutôt proches.

Surprise, je me retourne et vois Andy les bras croisés et le regard interrogateur.

— Tu écoutes les conversations toi ?

— Evidemment comment crois-tu que je connaisse autant de ragots ?

Je lui souris non surprise de sa révélation avant de répondre:

— Allons prendre ce verre et j'assouvirai ton désir de scoop.

Piquée par la curiosité, elle me suit souriante. Nous sortons et je me dirige vers la voiture de Salva.

— Tu as une voiture toi maintenant ?

— Pas exactement...

Andy voit alors Salvatore sortir et nous saluer en nous ouvrant la porte

— C'est quoi ce bordel ?! Un chauffeur maintenant ? May Torre vous me devez de longues explications et un verre ne suffira pas. annonce-t-elle en s'engouffrant dans la voiture me laissant seule sur le trottoir.

Je lance un regard blasé à Salvatore qui m'offre un "bon courage" en sourire. Je lui souris en retour et m'installe aux côtés d'Andy.

— Salvatore, je vous présente Andy ma plus proche amie, Andy voici Salvatore.

— Enchantée Salva. rétorque Andy d'une voix suave.

— Enchanté mademoiselle. répond-il légèrement mal à l'aise en fuyant son regard à travers le rétroviseur central.

— Pouvez-vous nous conduire au rouge à lèvres s'il-vous-plaît ?

— On est parti.

Emportée par sa curiosité, Andy assomme Salvatore de questions tout au long du trajet. De plus en plus gêné, il esquive les questions ou répond succinctement pour donner le moins de détails possible. Alors qu'Andy accapare l'attention du chauffeur, je laisse la mienne se poser sur l'endroit où se trouvaient à l'aller les deux téléphones qui ne sont maintenant plus qu'au nombre de un. C'est évidemment celui qui ressemblait au portable de Valentina qui manque à l'appel. Étonnée sans l'être je dévie mon attention sur le paysage qui défile à la même vitesse que les idées dans mon esprit. 

Le phénix - Consumation ( FR )Where stories live. Discover now