Chapitre 19

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Je me réveille dans le lit d'Ezio, complètement groggy. J'ouvre mes paupières qui m'ont l'air de peser une tonne et découvre Ezio assis sur le fauteuil dans le coin de la chambre. Il a les traits tirés et malgré ses yeux fatigués, on peut lire sur son visage une profonde colère mélangée à de l'inquiétude.

— Hey. articulé-je faiblement.

Averti par ma voix, il tourne la tête vers moi et se précipite à mon chevet.

— May enfin tu es réveillée comment te sens-tu ?

— Aussi bien que si j'avais été écrasée par un camion. tenté-je de plaisanter en souriant.

Trop préoccupé par mon état, Ezo ne réagit pas.

— Et Andy, tu as des nouvelles ?

— Oui elle s'est rétablie plus rapidement que toi et va mieux.

— J'ai dormi combien de temps ?

— Ça fait 48 heures que tu es dans ce lit. Tu as de multiples lésions, des côtes fracturées et un traumatisme crânien. Ils t'ont pas loupé ces fils de pute.

— Je ne les louperai pas non plus. Sauf qu'à la différence, quand j'en aurais fini avec eux ils seront morts.

— May arrête.

— Comment ça ?

— Tu viens à peine de te réveiller que tu parles déjà de vengeance. J'ai eu très peur en te trouvant allongée sur le bitume cette nuit-là, je ne veux plus revivre ça.

— Ezio je suis sincèrement désolée de t'avoir fait peur mais tu ne peux pas me demander de ne pas me venger. A partir de maintenant je veux bien accepter tes conditions de protection mais j'irai jusqu'au bout. Ils sont allés trop loin pour que je baisse les bras. S'il-te-plaît comprends moi.

Ezio soupire en baissant la tête puis me regarde.

— On parlera de tout ça plus tard en attendant repose toi. Ton traitement est lourd et tu m'as l'air vraiment fatiguée. Reprends doucement tes forces, le reste peut attendre.

Il m'embrasse sur le front et me tient la main. Apaisée par son contact, je ferme les yeux et m'endors profondément.

Au bout de quelques jours, je retrouve mes forces, me sentant mieux à mesure que le temps passe. Je décide de sortir enfin de ce lit qui a certainement la trace de mon corps imprégné en lui. Je m'assois sur le bord et prends mon temps pour ne pas être prise de vertiges. Ces quelques jours ma seule sortie était de faire quelques pas dans la chambre mais m'essoufflais rapidement et devais retourner me coucher. Je me relève doucement, ma tête tournant un peu mais très vite la sensation s'estompe. Je me dirige vers la salle de bain et retire mes vêtements puis les bandages. Mon corps est encore couverts d' hématomes, mon visage n'est quant à lui plus boursouflé, seules des cicatrices à l'arcade et à la lèvre témoignent de mon agression. Dans mon dos quelques lacérations ont été rouvertes avec les coups et cicatrisent de nouveau.

Je fais vraiment peur à voir et pitié dans cet état.

Je délaisse mon reflet pour la douche. Au contact de l'eau chaude ruisselante sur ma peau je me sens déjà mieux.

Après m'être lavée je me prépare et descends.

Je cherche Ezio mais ne le vois nulle part puis j'entends des éclats de voix provenant de son bureau. Je pousse alors la porte et vois Ezio debout prenant appui sur son bureau d'une main et de l'autre pointant du doigt son père en criant. Même de dos, Raphaël a l'air furieux contrastant avec l'apparente tranquillité dédaigneuse d'Isabella. Quand ils entendent la porte claquer derrière moi, tout le monde se tourne dans ma direction.

— May ! Qu'est ce que tu fais debout ? demande Ezio inquiet, en s'approchant de moi.

Une fois à ma hauteur il me prend délicatement dans ses bras et me fait un bisou sur le front, les mains sur mes joues. Je lui prends ses poignets et tout en le regardant je lui réponds :

— Je me sens mieux.

— Parfait tu vas pouvoir entendre ce que j'ai à te dire. tonne Raphaël.

— Père laisse-lui un peu de répit, elle vient seulement de se rétablir.

— J'en n'ai rien à faire, elle veut être de la mafia qu'elle me prouve qu'elle le mérite. Elle s'est bien trop reposée maintenant elle assume les conséquences.

Je regarde Ezio et lui souris puis me tourne vers Raphaël.

— Je vous écoute.

— Comme nous le craignions depuis ton arrivée dans nos vies, ta notoriété t'a précédé. Tu es en une des journaux à cause de ton agression.

Sur ces mots il me lance un journal avec en couverture :

« May Torre, agressée en pleine rue et laissée pour morte sur la chaussée. »

Le cœur affolé par la nouvelle, je lis brièvement l'article. Je me rends très vite compte qu'ils n'ont rien de concret, que des hypothèses et certainement rien en rapport avec la mafia. Soulagée par ce constat, je relève la tête et plante mes yeux dans ceux de Raphaël.

— Y'a rien là dedans qui nous relie, ils ne savent même pas qu'Ezio était présent.

— Mais tu ne comprends pas ? Pendant cette agression des mots ont été dis, c'était en pleine rue, des témoins anonymes ont très bien pu entendre tout ça. De plus, nous avons dû soudoyer un paparazzi qui avait une photo d'Ezio en train de te ramasser comme le déchet que tu es. Tout aurait pu voler en éclat si nous n'avions pas assuré tes arrières !

— Je te défends de lui parler comme ça ! s'interpose Ezio.

— Reste à ta place fils, tu m'as assez déçu comme ça. C'est entre elle et moi.

— Ils n'avaient pas mon visage, ça aurait très bien pu être n'importe qui. renchérit Ezio.

— Cette photo, avec des analyses, aurait pu les amener à nous. Je ne veux rien, même pas un dos, même pas un doigt, rien de toi sur une photo avec elle c'est compris ?! s'enflamme t-il l'air menaçant, son visage à quelques centimètres de celui d'Ezio qui soutient son regard.

— Écoutez Raphaël, je comprends votre fureur mais rien n'a été mis en lumière. Il y aura d'autres faits divers. Je répondrai vaguement aux questions ou les mettrait sur une fausse piste et on en n'en entendra plus parler comme tout ce genre de faits.

— Ce n'est qu'une question de temps avant que tout ne nous pète à la gueule. C'est ta dernière chance, un autre gros titre sur toi en rapport avec nos affaires et tu es morte ! Et crois-moi ce ne sont pas des paroles à prendre à la légère.

Je souris ne relevant pas sa menace et m'approche de lui en soutenant son regard.

— Je ne vous crains pas Raphaël. Je ne sais pas si c'est simplement ma notoriété qui ne vous plaît pas ou s'il y a autre chose mais comprenez-moi bien, il est hors de question que je vous laisse me piétiner comme ça. Avec ou sans votre approbation, je me vengerai de la famille Condore. Vous êtes un homme de puissance, grand bien vous fasse mais je vous assure que j'ai la carrure pour intégrer la mafia et je suis une femme de parole. Je ne suis pas du genre à me cacher derrière un homme pour faire le sale boulot à ma place.

Là-dessus, je lance un regard lourd de sens à Isabella.

— Soit vous êtes avec moi soit vous êtes contre moi mais rappelez vous que la presse à scandale reste votre ennemi numéro un. Dieu seul sait quelle arme dangereuse elle peut devenir si je la retourne contre vous et croyez-moi, je saurai en user si vous vous dressez contre moi. Alors plutôt que de nous voir comme vos ennemies, voyez-nous comme un atout qui peut tourner à votre avantage si vous le souhaitez. Voyez-moi comme une alliée qui peut vous aider à en finir avec la famille Condore. La balle est dans votre camp Raphaël mais ne me sous-estimez pas ce serait là votre plus grande erreur.

Je lui claque le journal sur le torse et pars en claquant la porte. Tremblante de rage, je pars sur la terrasse pour prendre un bol d'air frais et extérioriser toute la tension et la peur accumulées pendant notre échange. Téméraire en surface, c'est tout le contraire qui règne en moi. Malgré mon masque, Raphaël me fait peur plus que je ne veux l'admettre. Enfin pas lui exactement mais les moyens qu'il pourrait employer pour me détruire. 

Le phénix - Consumation ( FR )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant