Chapitre 14

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Je me réveille après une nuit agitée plus fatiguée que reposée. Quand je n'étais pas réveillée par la douleur, c'était les cauchemars qui s'en chargeaient. A chaque épisode, Ezio arrivait à me calmer me permettant de me rendormir rassurée mais l'heure d'après tout recommençait.

Après quelques secondes passées à émerger, j'ouvre enfin les yeux et remarque que la place d'Ezio est vide. Je me redresse alors difficilement, la douleur des lacérations sur mon dos me faisant un mal de chien. Les pieds une fois à terre, j'enfile la chemise d'Ezio. Sa légèreté n'empirant pas les douleurs et son odeur accentuant mon réconfort. Je descends ensuite le retrouver dans la cuisine.

— Salut Ezio, bien dormi ?

Il se retourne, l'air surpris.

— Hey ma belle, c'est surtout à toi qu'il faut demander ça après la nuit que tu as passé. Comment tu te sens ?

Je m'approche de lui et il m'entoure de ses bras en faisant attention à mon dos. Lovée au creux de son cou, tous mes maux semblent disparaître, je me sens apaisée.

— Honnêtement je ne sais pas, je me sens bizarre. A la fois plus forte et étrangère à moi-même. Je n'arrête pas de revoir son visage. Même s'il méritait de mourir et que ça m'a soulagé sur l'instant, je me sens horrible, je ne me reconnais pas dans la personne que j'étais hier. Je crains que ça ne m'ait changé à tout jamais et me sachant capable du pire ça me fait peur.

— C'est normal ce que tu ressens, tuer un homme c'est loin d'être évident surtout quand tu es étrangère à notre milieu. Je ne sais pas si ça te rassurera mais je me rappelle chaque détail de ma première fois. Comme si c'était hier. Je revois ma victime chaque jour. Son visage se cache derrière mes paupières me hantant à chaque fois que je les ferme. Tu n'arriveras jamais à l'oublier mais le temps t'aidera à ne plus en souffrir. Cet homme savait qu'il encourrait à sa vie chaque jour, comme nous. Dans les gang ou la mafia, nous savons que chaque jour peut être le dernier. Avec tous nos ennemis, les ennuis et les situations dangereuses que nous vivons nous avons en permanence une cible sur le front. Alors cet homme devait mourir un jour ou l'autre et grâce à toi il a été arrêté plus vite. Tu devras malheureusement t'y faire si tu veux continuer ce que tu as entrepris et si tu veux rester à mes côtés. La question est, es tu prête à vivre comme nous ? A vivre cette vie de danger, d'adrénaline, de violence et de risques ? Es-tu prête à te réveiller chaque matin en te demandant si ce n'est pas le dernier ? Est-ce que tout ça en vaut vraiment la peine ?

Je réfléchis et prends conscience de l'éphémérité de cette vie. Que d'une seconde à l'autre tout peut basculer pour une autre vie ou pour la mienne.

Finalement n'est-ce pas ça qui m'attire ? Au fond de moi ne suis- je pas en train de me révéler à mon destin ? Pourquoi ne me suis-je jamais sentie aussi vivante et autant à ma place que depuis qu'Ezio est revenu dans ma vie ?

— Je crois qu'inconsciemment mon esprit savait tout ça. Sinon je pense que jamais je ne t'aurai suivi. A l'incendie de mon appartement je me serais d'autant plus effondrée et n'aurais pas voulu me venger. Le choc de la réalité est dur et je prends bien conscience que tout ça n'est pas un jeu loin de là mais je ne me suis jamais sentie aussi vivante et à ma place que quand je suis à tes côtés. La contrepartie est éprouvante et difficile mais je suis prête à endurer tout ça et à m'endurcir pour être avec toi.

Mes mots semblent être ce qu'il voulait entendre puisqu'un énorme sourire illumine le visage d'Ezio qui m'embrasse fougueusement en guise de réponse. A travers son baiser je ressens toutes ses émotions, sa joie, sa colère, son inquiétude mais également sa peur de me perdre.

Le phénix - Consumation ( FR )Where stories live. Discover now