Chapitre 7

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Debout sur le palier, j'éclaircis bruyamment ma gorge dans le but de leur signaler ma présence.

Ezio se retourne et affiche un sourire franc et taquin constatant l'évidente jalousie qui voile mes yeux.

— May, je te présente Isabella, mon ancienne belle sœur et ma plus vieille amie.

A ces mots le sourire d'Isabella se déteint légèrement et une lueur furtive de déception traverse son regard. Avec un sourire hypocrite, elle masque sa frustration puis me tend la main.

— Enchantée May. annonce t-elle, le ton de sa voix sonnant aussi faux que son sourire, son nez et sa poitrine.

Je lui rends sa poignée de main. Simple échange de politesse au demeurant, c'est en fait la signature silencieuse d'un début de compétition qui se joue. Tout en lui offrant un sourire furtif, je la sonde pour tenter de capturer l'essence de son âme. Malgré la fugacité du moment, je parviens à déchiffrer l'étincelle de l'ambition qui brille au fond de sa rétine. Dissimulée derrière une épaisse couche de superficialité, cette lueur attise ma méfiance et ma volonté de décrypter l'énigme qu'elle vient de devenir à mes yeux. Comme si elle venait de percer à jour mon intention, elle détourne habilement son regard dans celui d'Ezio avant de parler d'une voix satisfaite.

— Si on allait dans ton bureau parler affaires ? Au vu de la sensibilité du dossier je préférerais qu'aucunes oreilles indésirables n'aient à entendre les détails. Ne le prenez pas personnellement May. Ne faisant pas partie de la mafia vous n'avez aucune légitimité dans nos affaires et donc aucune raison d'être impliquée.

— May est digne de confiance et on travaille ensemble à cette légitimité comme tu dis. - me défend Ezio - Elle pourra bientôt faire partie de nos réunions. Mais pour le moment suis-moi et allons traiter ce dossier.

Alors que je les regarde s'éloigner impuissante, Isabella se retourne sans s'arrêter de marcher pour me dévisager de haut en bas. Avec un sourire vicieux, elle se retourne puis pose sa main sur l'épaule d'Ezio avant de lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Ma fureur pour seule compagnie, je l'incendie si fort du regard que je me surprends à l'imaginer prendre feu.

En quelques secondes, ils disparaissent dans le couloir menant au bureau d'Ezio.

Sale garce hypocrite !

L'esprit encore habité par l'étrange relation entre Ezio et Isabella, je mets quelques secondes avant de sentir mon téléphone vibrer dans ma poche. Je le sors et m'apaise aussitôt en voyant qui m'appelle - Andy - mon agent et ma meilleure amie.

Mon ascension dans le milieu de la musique ayant fait le vide autour de moi, seule Andy s'est révélée être une vraie amie, une véritable épaule et un soutien sans faille. Loin d'être un monde de bisounours, le succès apporte autant de solitude qu'il est grand. Même si l'on est beaucoup entouré, on se sent vite très seul. Personne ne s'intéresse jamais vraiment à nous ou ne nous écoute sincèrement alors on apprend vite à arborer son plus beau sourire et répéter « je vais bien » à notre entourage. Comment pourrions-nous avoir des problèmes existentiels quand on est sous le feu des projecteurs ? Tout n'est que rêve et enchantement...

Je décroche avant d'entamer:

— Andy! Salut, comment ça v... ?

— Oh épargne moi ton blabla, c'est quoi ce bordel ? Ton appart' que s'est-il passé ? Et t'es où personne ne t'a vu depuis des jours ?? me coupe-t-elle en m'assommant de questions.

Son ton direct me fait sourire, égale à elle-même elle va droit au but sans prendre de pincettes. Parfois crue, elle reste une personne sincère en toute circonstance.

Le phénix - Consumation ( FR )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant