Chapitre 7

9.3K 717 13
                                    

PDV Tristan

J'ai enfin finis de faire mon rapport. J'ai dû aller jusque dans la forêt pour rencontrer le Chasseur discret que Henri a envoyé pour récupérer les informations que j'ai recueillies. Ce dernier a fait preuve d'un grand courage pour s'aventurer sur les terres des loup-garous et j'espère qu'il saura quitter Benevento sans se faire repérer. Je lui est donc dévoilé tout ce que j'ai découvert sur cette université et sur notre Ensorceleuse. Enfin sur elle j'ai simplement indiqué qu'elle était liée à un loup, qu'elle utilise son pouvoir pour punir ceux qui ne la respectent pas et qu'elle possède un sale caractère.

Je marche maintenant dans les bois en direction de la petite ville dans laquelle je vais vivre pendant quelques semaines dans un petit appartement douillet. C'est l'avantage d'être un Chasseur, l'argent n'est pas un problème car nos missions rapportent presque toujours un butin. Quoi ? Ce n'est pas voler que de récupérer des diamants dérobés par des foutus buveur de sang ! Et puis l'Etat qui gouverne le monde d'Aluimos nous verse tous les ans un capital conséquent pensant qu'il servira a protéger la population en cas de guerre civile où je ne sais quoi. En tout cas quelques Chasseurs sont à la tête de ce monde et se débrouillent pour faire valoir notre communauté sans révéler nos véritables identités ni celles de nos ennemis.

Je profite de ma petite promenade improvisée pour me revigorer. La nuit n'est pas encore là. Il fait encore bon et le soleil couchant me caresse paresseusement le dos. J'aime beaucoup ce moment de la journée, quand l'agitation humaine commence à se calmer et qu'on pourrait se croire seul au monde. Il faut croire que j'aime la solitude.

Tout à coup de la pluie commence à tomber. Surpris, je lève les yeux vers le ciel. Je ne dois pas avoir de chance aujourd'hui car il faisait encore beau il n'y a pas 30 secondes.
En courant, j'atteins bientôt le cimetière de Benevento. Mais la pluie redouble d'ardeur et une véritable averse s'abat sur ma tête.
Je jure dans ma barbe, me voici trempé jusqu'aux os. Je m'apprête à repartir en direction du village quand j'entends une plainte provenant de quelques tombes plus loin. Elle est si faible que j'ai cru rêver mais lorsqu'elle se refait entendre, je me dirige vers celle-ci et découvre que quelqu'un sanglote devant moi. Je ne distingue pas très bien cette personne qui est agenouillée devant une tombe dans l'ombre.

- Pardon ! Pardon maman ! Sanglote-t-elle. Pardon de ne pas avoir été assez forte à ce moment là ! Pardon de t'avoir laissé, de ne pas m'être battue avec toi !

Étrange, je l'entends bien alors qu'il pleut des cordes. Je me rends soudain compte qu'en tombant la pluie ne fait aucun bruit. C'est pourquoi lorsque je m'avance d'un pas vers elle, elle me surprend quand mon pied rencontre une branche morte. Elle sursaute et se retourne d'un coup vers moi.

Je reste pétrifié quand je reconnais la personne. C'est Megan. Enfin, une réplique d'elle car la femme qui se tient devant moi a le visage baigné de larmes. On est bien loin de la sorcière fière et démoniaque que j'ai rencontré ce matin. Je n'aurais jamais pu imaginer cette sorcière-là pleurer. Car pour cela il faut avoir un cœur et d'après sa réputation elle n'en a pas.

Quand elle me reconnait, ses yeux s'agrandissent sous la surprise qui laisse vite place à la colère. Leur couleur bleue de mer prennent une teinte grise et elle me lance le regard le plus noir que j'ai jamais vu. Pas de doute, c'est bien Megan.

- Qu'est-ce que tu fais là le nouveau ? Crache-t-elle tout en essuyant rageusement ses larmes.

Le nouveau ? C'est comme ça qu'elle m'appelle ? C'est vrai qu'elle ne doit pas connaitre mon nom.
Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne peux pas lui dire que j'étais un train de donner des informations aux Chasseurs sur elle et ses copains démons. N'arrangeant rein à mon cas, la sorcière a l'air vraiment furieuse d'avoir été vue dans cet état par un inconnu. Et je la comprends, je ne supporterais pas que quiconque me voie dans un état de faiblesse.

- Je me promenais, improvisais-je.

Elle ne répond pas, se contentant de lever un sourcil et de me défier du regard pas dupe. Pour prouver mes dires, je lève les yeux pour les plonger dans les siens.
Comme la première fois mon cœur s'accélère bizarrement. Je ne peux détacher mon regard d'elle. J'ai l'impression d'être pris au piège. Est-ce à cause d'un de ses pouvoirs ou est-ce quelque chose de totalement différent ? Je n'en sais rien.
Je me noie dans ses magnifiques yeux qui repassent du gris au bleu originel et j'en oublie de respirer.

Au bout de quelques secondes, elle rompt cette connexion et cligne plusieurs fois des yeux. J'en profite pour recommencer à respirer et pour me ressaisir.

La pluie s'arrête brusquement de tomber et je me rends compte de ma naïveté. Quel idiot je fais ! Bien sur que la pluie n'était pas naturelle ! Elle a été déclenchée par la sorcière. Comment ai-je pu ne pas y penser plus tôt ? J'aurais dû le savoir, surtout quand j'ai reconnu Megan. Mais à ce moment mes pensées étaient bloquées. Je ne pouvais penser à rien d'autre qu'à la femme qui était en face de moi. Mais qu'est-ce qui m'arrive bon sang ?

- Et bien j'espère que tu as apprécié ta promenade, dit sèchement Megan en détachant toutes les syllabes du mot "promenade".

Elle me dépasse et commence à s'en aller.

- Au fait mon prénom c'est Tristan ! Lui criais-je.

Elle s'arrête deux secondes et puis reprend sa route sans même m'accorder un seul regard.
Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu qu'elle sache mon prénom.

Je me retourne vers la tombe devant laquelle la sorcière était agenouillée. Le nom que je lis : "Anna Selma" me dit vaguement quelque chose mais je n'arrive pas à me souvenir d'où j'ai bien pu l'entendre. En dessous, je reconnais le symbole des sorcières. Serait-ce la mère de Megan enterrée sous cette tombe ?

PDV Megan

Tristan. Alors c'est ça son prénom. Ça lui va plutôt bien. Je sens une étrange chaleur envahir mon corps qui contraste avec le froid que j'ai toujours ressenti. Je touche mes joues. Elles sont chaudes. Serais-je en train de rougir ? Non ce n'est pas possible. Pourquoi rougirais-je ? Je n'ai jamais rougis de ma vie !

Oh mon Dieu ! Il m'a vu pleurer ! Mais ce n'est pas vrai, comment cela a-t-il pu arriver ? Je fais toujours très attention à ne pas montrer mes sentiments aux autres, à me cacher sous un masque impassible et voilà que ce nouveau ou plutôt Tristan me surprend en pleine crise de larmes et devant le tombeau de ma mère en plus ! Rah je le déteste ce gars, il est toujours là quand il ne faut pas.

Mais qu'est-ce qu'il faisait vraiment dans cette forêt à cette heure de toute façon ? Il se promenait ? Mais bien sûr, il me prend vraiment pour une idiote !

Heureusement que je suis partie sinon je crois que j'aurais laissé mes émotions prendre le dessus et mes pouvoirs auraient éclaté au grand jour. Je suis tellement énervée qu'il ait vu ma fragilité que je sens mon pouvoir bouillonner en moi. Il me brûle, remontant de mon ventre et s'étendant jusqu'à mes bras puis mes mains. Ne pouvant plus le supporter, je lâche tout. Un cri rauque sort de ma gorge en même temps que mon pouvoir envahi l'univers autour de moi, détruisant tout sur son passage. Les ampoules des lampadaires se cassent, les vitrines des quelques magasins se brisent. La terre tremble sous le poids de ma colère. Le tout sous le regard blafard mais chaleureux de la lune.

Benevento est habitué aux actes de vandalisme. Les habitants ne seront donc pas surpris en voyant ma dépravation au petit matin. Ils chercheront un coupable qu'ils ne trouveront jamais comme d'habitude. Et l'affaire sera classée, comme d'habitude.

Une fois que je me suis calmée, je me dirige tranquillement vers ma somptueuse demeure. Ella est déjà couchée, je remarque qu'elle m'a laissé quelque chose à manger mais franchement je n'ai pas faim. Je suis totalement trempée à cause de la pluie que j'ai déclenché et épuisée après avoir pleuré toutes les larmes de mon corps et utilisé beaucoup de magie. Je saute sous la douche et vais directement me coucher. La dernière chose à laquelle je pense avant de m'endormir est que Tristan n'est pas malade, je ne sais pas comment il a fait mais il a contré mon sort. Mais je suis trop fatiguée pour vraiment y penser alors je m'endors avec l'image de Tristan en tête.

L'EnsorceleuseМесто, где живут истории. Откройте их для себя