Chapitre 34

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PDV Megan

Devant mon ton enthousiaste Tristan se met à rire. Wahou... Son rire fait s'éveiller en moi des sensations jusque là méconnues.

Nous partageons quelque chose tous les deux. Et bizarrement ça me rend heureuse.
Tous les deux nous avons perdu quelqu'un à qui nous tenions énormément.
Tous les deux nous connaissons ce vide et cette tristesse qui ont remplacé la souffrance.

Je me sens d'un coup plus proche de lui. Je le regarde discrètement derrière mon masque. Qu'est-ce qu'il est beau ! Ce n'est pas possible d'être aussi beau !

- Et oui ! Sourit-il tristement.

Il a l'air de réfléchir pendant quelques instants puis sans me regarder il me pose une question à laquelle je ne m'attendais pas.

- Et ton père ? Que lui est-il arrivé ?

Mon... pe-père... Même en pensée c'est dur de prononcer ce petit mot. Et pour une raison toute simple.
Je n'ai pas de père. Aucune sorcière n'en a. Bien sûr il a bien fallut que nous naissions et pour ce faire, les sorcières font appelle à des géniteurs humains pour s'accoupler.
Vingt-huit ans est le meilleur âge pour se reproduire chez les sorcières. Donc ces dernières, lorsqu'elles atteignent cet âge, cherchent un humain qui pourrait leur assurer une descendance. Une fois enceinte, l'homme est généralement offert en cadeau à une meute qui protège les terres où vivent ces sorcières. Ce qu'en fait la meute n'a aucune importance. Elle peut tout aussi bien le tuer, l'utiliser comme monnaie d'échange avec des vampires ou autre sorcière ou encore en faire un esclave de la meute. Peu importe.

La sorcière enceinte donnera automatiquement naissance à une fille, tout comme les rejetons des loup-garous sont des garçons.
Ainsi le terme de "père" n'est pas approprié chez une sorcière car aucun amour ne rentre dans ce phénomène. Il est simplement question de la reproduction des sorcières et pour cela ces dernières prennent sur les humains ce dont elles ont besoin. En même temps ces idiots sont là pour ça, ils sont là pour nos besoins et nos plaisirs.

C'est pourquoi je ne sais que répondre à Tristan.

- Je-je... Ne connais pas mon... Je ne le connais pas.

C'est impossible pour moi de dire ce mot. Il n'existe tout simplement pas dans mon vocabulaire.

- J'imagine qu'il est mort...

- Oh, je vois...

Je n'arrive pas à savoir à quoi il pense. Il a l'air de réfléchir mais son visage ne laisse rien transparaître de sa réflexion interne.

- Si je ne suis pas indiscrète, as-tu des frères et sœurs ?

- J'avais un frère...

- Oh il, il est décédé lui aussi ? Demandé-je avec hésitation.

- Disons que... Il est mort à mes yeux. Car il a changé. Il a changé en quelque chose que je ne supporte pas.

- D'accord. Ça ne doit pas être facile pour toi. Tu n'as pas envie d'essayer de reprendre contact ? On sait jamais, peut-être que tu peux le ramener à la raison...

Il me sourit tristement et j'ai l'impression d'avoir fais une bourde.

- Désolée, je me mêle de ce qui ne me regarde pas.

L'EnsorceleuseWhere stories live. Discover now