Chapitre 48

4.6K 487 12
                                    

PDV Megan

Tristan se tient devant moi. La légendaire épée argentée à son poing, la pointe tendue vers le bas, la détestable cape noire des Chasseurs sur ses épaules.
Quand mon cerveau fait enfin le lien, ma première envie est de pleurer. Je sais en ce moment je ne fais que pleurer, je n'avais pas pleuré autant depuis la mort de ma mère. Mais quand j'y repense c'est depuis que je le connais que je suis devenue une pleurnicheuse. Il me rend faible. Mais je ne veux pas pleurer pour lui. Je ne veux plus pleurer pour un Chasseur. Je me sens tellement trahis que ça en devient insupportable. Mon cœur n'aurait pas dû saigner comme il est en train de le faire. Je ne devrais pas avoir l'impression qu'un étau se resserre sur ce cœur qui autrefois n'était que de pierre. Je n'aurais pas dû faiblir à cause de lui au point de lâcher mes sœurs et de faire s'écrouler le mur magique. Mais peut-être que c'était justement son but, se rapprocher de moi pour mieux me désarmer. Par ma faiblesse je mets toutes mes sœurs en danger. J'ai signé leur arrêt de mort.
Les Chasseurs s'avancent maintenant en courant vers nous et comme dans un rêve je vois les sorcières s'éparpiller en criant. Elles courent jusqu'aux loup-garous tandis que je ne bouge pas. Je suis bien trop détruite pour écouter mon instinct de survie. En moins de deux secondes, les Chasseurs m'encerclent. De très loin j'entends des voix m'appeler mais je n'arrive pas à les distinguer. Je peux simplement voir Tristan, si beau sans sa capuche. Ses cheveux ébouriffés sont secoués par un petit vent et les traits harmonieux de son visage sont figés en une expression impassible. Il est resté en retrait et lui aussi me fixe avec ses yeux noirs et vides.

"Aussi vides que son âme"

- Megan ! Hurle soudain Rebecca.

Son cris m'arrache de mon rêve flou et me ramène à la réalité. Je jette un coup d'œil à mes alliés qui sont déjà tous à l'orée de la forêt. Certains, les plus faibles sont déjà partis. Ils ne peuvent rien faire pour moi. De toute façon c'est de ma faute. C'est moi qui ai rompu le sort de protection et j'imagine que si les Chasseurs ont rappliqué c'est aussi de ma faute. Si ils veulent encore une chance de vivre, ils n'ont qu'une chose à faire : partir.

- Allez-y ! Je vais vous donner de l'avance, leur crié-je.

Rebecca me hurle qu'elle ne me laissera pas mais le loup-garou avec lequel elle était arrivée l'entraîne dans les bois.

Quatre Chasseurs s'élancent derrière le petit groupe de surnaturels mais je dresse un petit mur entre eux. Certes il ne tiendra pas plus de quelques secondes mais ce laps de temps est suffisant aux loup-garous pour se volatiliser. Un Chasseur m'attaque alors par derrière ce qui détruit mon mur magique. Il me frappe dans le dos me faisant m'écrouler au sol. Puis alors que je suis toujours à terre, il se met à enchaîner des coups de poings et de pieds.
J'ai beau essayer de toute mes forces de le repousser, ça ne marche pas, mes pouvoirs n'ont aucun effet sur eux.
Comme je m'en doutais ils portent des boucliers anti-sorts.

"C'est vraiment de la triche"

- Arrête Jessica tu va la tuer ! Ordonne un Chasseur.

"Jessica"

Bien sûr, j'aurais dû m'en douter. Cette petite écervelé ne m'a jamais inspiré confiance.

- On a rien ! Hurle cette dernière. Les sorcières se sont enfuis avec les chiens ! On devait tous les tuer, tous ! Alors j'estime que j'ai au moins le droit de supprimer celle-là.

Elle a prononcé le "celle-la" avec tellement de dégoût que je m'étonne qu'elle n'est pas vomi.

- Non on la ramène avec nous, réplique le même homme. Ramassez-là.

Un Chasseur s'approche de moi et me soulève. Je fais semblant de défaillir en tombant sur lui. Surpris, il me rattrape et est donc obligé de me coller à lui. J'en profite alors pour fouiller discrètement sa poche dans sa cape et en ressort le bouclier de Morgane. Silencieusement, je le jette derrière un corps qui traîne à côté de nous, il est tellement en sang que je n'arrive même pas à savoir si c'est une sorcière ou une vampire. Le tout s'est passé en même pas dix secondes. Il faut maintenant que je tente le tout pour le tout. C'est ma seule chance de m'échapper.

"Je dois réussir"

Le Chasseur me remet debout sans ménagement me faisant clairement comprendre son mépris à mon égard. Son geste brutal fait tomber sa capuche et un homme que je reconnais immédiatement apparaît. Il doit avoir environ quarante ans mais a toujours la même tête de requin. Ses yeux sont toujours emplis de cette folie meurtrière qui hantait mes nuits. Son sourire de prédateur est toujours aussi froid et dénué de bonté.

"Ce n'est pas possible"

Devant moi se tient celui-là même qui a détruit ma vie. Ou du moins celui qui y a participé. C'est le chasseur qui s'est introduit chez moi et a tué ma mère. Il n'est pas le réel meurtrier, ce n'est pas lui qui a enfoncer le pieu dans sa poitrine, mais c'est lui qui l'a tenue.
Je le revois rire sauvagement après son meurtre et la rage ainsi que la haine remontent en moi si violemment que je sursaute. Je vois rouge et m'immobilise face à lui. J'ai rêvé tellement de fois de revoir cet homme que je ne suis pas vraiment sûr que ce soit la réalité. C'est une occasion en or d'assouvir une vengeance qui me ronge depuis des années. Peu importe que je sois dans mon état le plus faible. Je le tuerai. Moi qui voulait tout tenter pour me libérer, un nouveau but s'impose à moi.

Je rassemble le peu d'énergie qu'il me reste et me concentre sur mon pouvoir. Je le sens se rassembler fidèlement comme une boule dans mon être. Cette boule n'est pas bien grosse mais c'est tout ce qu'il me reste.
C'est dans un dernier élan d'énergie et de haine que je lance tout ce que j'ai sur le Chasseur désarmé.

Une grosse boule de feu sort de ma paume que je tends vers lui en criant :

- Meurt assassin !

Je ne me contrôle pas. Je me déchaîne sur son cadavre sans m'arrêter. Des bras robustes m'attrapent et essaient de m'immobiliser mais je me débats de plus belle. Je ne vois que ma mère mourante dans mes bras et tout ça à cause de lui.J'envoie des coups de poings, des coups de pieds cherchant à me débarrasser de celui qui me retient. Mon pouvoir m'abandonne, me laissant sans défense contre mes ennemis de nature.

C'est fichu, je ne peux désormais plus espérer m'échapper et retourner à Benevento. Je vais sans doute mourir après avoir été torturée pour des informations sur mes sœurs que je ne donnerai jamais.
Au moins j'ai la satisfaction d'admirer le corps carbonisé d'un des assassins de ma mère.

Autour de moi les Chasseurs s'agitent dans tous les sens puis celui qui me tenait durement dans ses bras me frappe à la tête.

Avant de partir pour de bon, je peux apercevoir l'air inquiet de Tristan.

"Tristan, que je croyais connaître. Tristan mon ennemis"

L'EnsorceleuseWhere stories live. Discover now