CHAPITRE 37

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Hermione contemplait les dégâts causés par la bataille ; Tom était inconscient. Était-il mort ? Elle ne le savait pas. Bryson, étendu face à elle, n'était plus qu'un corps pâle et inerte dans la neige froide de l'hiver. Le soleil qui illuminait la lisière de la forêt paraissait glacial, peut-être même mortel pour la jeune fille affligée. Mais, courageuse, elle se releva et essuya le sang qui tachait son menton à l'aide de sa manche déjà rougie par le combat. Elle ignorait si le sang qui recouvrait ses vêtements était le sien ou non, sans doute était-ce un mélange de celui de Tom et de Bryson cachant ses blessures à elle. La rouge et or avait mal, les multiples coupures qui ornaient son fébrile corps l'affaiblissait. Mais sa crainte n'était pas là ; face à elle, Tom ne bougeait plus depuis de longues secondes, peut-être même des minutes. Tremblotant sous le froid et la peur, elle s'avança près du corps rouge et pâle du Serpentard qui n'effectuait plus aucuns mouvements. Elle ne savait que faire face à une telle situation.

Guéris-le, chuchota une douce voix en elle.

Et c'est ce qu'elle fit. Sa baguette toujours à la main, elle la secoua dans des gestes précis qui refermèrent peu à peu les nombreuses blessures qui affaiblissaient son corps.

- Jédusor, tu m'entends ? Demanda-t-elle dans le silence glacial de la forêt.

Aucune réponse. Le Serpentard ne bougea pas. Elle se releva :

- Wingardium Leviosa.

Le corps du vert et argent s'éleva à quelques mètres du sol ; Hermione le fit voltiger jusqu'à un tronc ou elle prit soin à l'asseoir. Elle examina rapidement la peau du garçon redevenue lisse et parfaite puis se dirigea près du corps de celui qui prétendait être son ami. Lui aussi pal et recouvert de sang, il restait inerte comme le serait un cadavre. Pétrifié, il n'émettait aucun mouvement. La rouge et or regardait fixement le visage de celui qui avait l'avait trahit-elle et ses amis.

Thomas, Louise...

Elle sortit sa baguette et immobilisa le garçon mais de sorte à ce qu'il puisse parler. Il cligna d'abord des yeux, comme si la lumière l'aveuglait puis il toussota en crachant quelques gouttes de sang mélangées à de la salive. Il fixa alors la jeune fille, d'un regard implorant :

- Granger, libère-moi... On est ami n'est-ce pas ?

Elle ne bougea pas et resta penchée au-dessus de son corps encore blessé.

- Granger, tu es mon amie. Je ne te veux pas de mal. C'est à Tom, pas à toi que j'en veux.

Elle ne répondit pas, mais la haine qui l'envahissait la poussa à poser la main sur une blessure du garçon et à appuyer. En temps habituel, Hermione n'aurait pas fait de mal à une mouche, mais ce garçon était sa principale cause de souffrance, si bien que son comportement et sa manière de penser avaient totalement changé. Il poussa un cri strident, puis, haletant, il répondit :

- Arrêtes Granger ! S'il te plaît...

Elle retira sa main, tachée de nouveau par du sang.

- Nous ne sommes pas amis, Bryson... Tu nous as trahis, dit-elle tremblante. Et on ne trahit pas ses amis.

Le regard du garçon changea, elle crut retrouver le Gryffondor qu'elle connaissait. Mais il ne l'était pas, il tentait simplement de cacher son jeu.

- Comment as-tu pu nous faire ça ? Je pensais que je pouvais te faire confiance...

Bryson toussa avant d'ajouter :

- Tu peux me faire confiance, Hermione.

Le prénom résonnait dans la gorge de l'ennemi, faisant frissonner la rouge et or qui se sentait peu à peu tomber dans la tristesse de cette trahison. C'est alors qu'elle se remémora les paroles du professeur Slughorn :

Vous êtes courageuse, Miss Granger.

Ses paroles résonnèrent tel un refrain dans son esprit affaibli par le combat qu'elle menait, lui redonnant un peu de courage ; mais surtout de la force. Elle bomba légèrement les épaules et prit une grande inspiration :

- Non Bryson, je ne peux pas. Je ne peux plus. Tu ne devais pas nous trahir.

Il souffla, ce qui produisit un nuage froid :

- J'ai essayé de te faire comprendre que tu ne devais pas t'attacher à lui, qu'il était mauvais, mais tu ne m'as pas cru. Tu n'avais d'yeux que pour ton Jédusor. Mais personne ne peut être plus fort que moi, ni même toi. Granger, je voulais t'épargner, je ne t'ai jamais détestée. Mais tu l'as choisi lui. Tu m'as laissé seul...

Hermione recula :

- Je n'ai choisi personne, Bryson, c'est toi qui as choisi seul de ce qu'il devait advenir. Tu ne m'as jamais laissé le choix.

- Si, répliqua-t-il. Je t'ai prévenu, j'ai toujours cherché à t'épargner de ce combat qui à mes yeux paraissait inévitable. Maintenant, je ne comprends toujours pas pourquoi tu lui prêtes autant d'attention...

Elle ne sourit pas, mais se contenta d'adoucir son regard. Bryson cherchait simplement à l'épargner :

- Nous avons tous nos secrets, Bryson.

Il sourit :

- J'ai pourtant cherché à te pousser à me le dévoiler, même en utilisant des paroles blessantes tu as réussi à rester de marbre.

Elle se rapprocha, appuya une seconde fois sur la blessure la plus profonde ; le garçon hurla une seconde fois et serra la mâchoire.

- Tu vois cette douleur ? C'est ce que j'ai ressenti en découvrant ton visage après que tu n'essayes de me tuer. Cette douleur, c'est la douleur que ça m'a fait lorsque j'ai découvert que tu n'avais jamais été mon ami. Et elle continue quand tu dis ce genre de choses, alors, tais-toi. Tu ne m'auras pas une seconde fois.

Il reprit peu à peu son souffle, se remettant de la douleur qui brûlait tout son corps faible. Il regarda la fille :

- Hermione, je n'ai jamais voulu te tuer.

- Alors explique-moi pourquoi tu t'en es pris à moi hier matin ?

Il soupira :

- Je te l'ai dit, c'était le seul moyen d'attirer Tom... Je ne t'aurais jamais fait de mal, sauf si vraiment tu étais passé du mauvais côté.

- Je t'en prie, arrêtes de dire que Tom est le mauvais côté. Pour le moment tout ce que je vois, c'est que c'est toi qui es du mauvais côté.

Bryson ajouta alors :

- Hermione, enlève ce sort que tu m'as jeté.

- Qui me dit que tout ce que tu as dit depuis tout à l'heure n'était pas qu'une histoire de mensonge ? Après tout, tu ne fais que ça : dire des mensonges.

Il soupira :

- Je t'aurais déjà tuée si je voulais le faire, s'il te plaît.

- Je suis désolée, mais non.

Elle restait coriace, de marbre. Mais elle fit un geste ; prenant sa baguette elle fit de même que pour Tom. Les blessures disparurent pour apaiser le corps du garçon. Il chuchota :

- Merci.

- Maintenant, tais-toi.

Un amour interdit ⎮ TomioneWhere stories live. Discover now