Chapitre 3: inconnu et fumée pourpre

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Mes yeux fouillent les gradins, à la recherche de l'auteur de cette destruction. Les spectateurs s'agitent dans tous les sens, ne comprenant pas ce qu'il se passe. Je cherche quelque chose ou plutôt quelqu'un, cette personne aux yeux si envoutants.

Ma respiration se fait encore heurtée et je suis encore pantelante. Je rêve de prendre une douche et de retrouver une vie normale, tout ce qu'il y a de plus banale, voir même ennuyante. Mais depuis l'apparition de ces maudites créatures qui ont provoquées la guerre cela demeure désormais impossible pour un humain.

Je sursaute quand une main se pose soudainement sur mon bras. Son contact rugueux me fait frissonner de dégout. Ce n'est autre que le garde qui m'a sorti de ma cellule pour m'enfermer dans le sas. Il m'emprisonne le bras de sa main calleuse et me tire vers lui, probablement pour me jeter de nouveau dans ma prison. Je résiste du mieux que je peux à son attraction, mais il a plus de poigne que moi. Il me traîne pas à pas jusqu'à la grille qui me sépare du sas.

Je ne veux pas y aller, n'importe quel endroit sur terre me conviendrait mieux que ce ridicule clapier dans lequel ils m'enferment depuis neuf ans. Mon cachot que je maudis tant est une minuscule pièce de deux mètres carrés creusée à même la pierre. Je passe mes journées dans la crasse et l'obscurité, si bien que ma peau a pris un ton laiteux, si pâle qu'il en est presque blanc.

Je résiste toujours, même plus que d'habitude, car je veux savoir qui a détruit le champ de force. Je sais que je dois rester là, je le sens.

Je tire avec force sur mon bras pour me défaire de son emprise mais ses griffes de loups se plantent dans ma peau et d'un brusque mouvement il me tire vers lui. Son action est si brutale que mon épaule sors de son axe dans un craquement glauque. Un petit cri de douleur sort de ma bouche et je tombe à genoux, respirant en petits heurtes pour ne pas hurler de souffrance.

Mon bourreau me tient toujours l'avant bras tandis que mon épaule déboitée m'élance affreusement. Des larmes commencent à inonder mes yeux alors que je sers les dents tellement fort qu'un gout métallique envahit mon palet.

Je m'apprête à me relever quand un second craquement retentit, bien plus sinistre que le précédent. Presque simultanément, les crochets qui s'étaient enfoncés dans ma chair se retirent. Je relève subitement les yeux pour apercevoir au travers du nuage de poussière crée par la chute de mon geôlier une haute silhouette.

Je me mets promptement sur mes pieds pour faire face au géant qui se tient devant moi. Le temps que la brume de poussière se dissipe, mes yeux glissent sur le corps du garde qui git à mes pieds. On aurait pu croire ce dernier  entrain de dormir si sa nuque n'avait pas été tordue dans un angle improbable.

Je recule ensuite de quelques pas, mon bras gauche entourant mon épaule droite encore désaxée, tout en détaillant mon opposant que je peux enfin voir distinctement.

Je me fige en croisant ses yeux car un frisson familier me parcourt de la tête aux pieds. C'est lui que j'ai aperçu à travers la foule alors que le métamorphe m'étranglait. Ses iris sont d'un marron tellement sombre  qu'on distingue à peine une démarcation avec la pupille. De longs cils entourent ces yeux charbonneux qui ne cessent de me fixer.

J'allais continuer de le détailler sans pouvoir m'en empêcher mais sa voix grave et rauque me ramène heureusement à la réalité tout en me faisant tressaillir :

-Mets ça.

Après avoir donné son ordre il me tend un objet que je détaille avec attention. Il s'agit d'une sorte de boitier blanc, épais de trois bon centimètres environ et muni d'épaisses lanières en caoutchouc.

Âme sœur née du malheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant