Chapitre 50

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Dans le chapitre précédent :
Calypso assiste à la fête de départ préparée par les métisses. Elle danse avec Zénon qui lui confie un sifflet, synonyme de sa renaissance. Calypso comprend que sa vie lui appartient désormais, soit le moment venu elle décidera de disparaître à jamais, soit elle utilisera le sifflet pour renaître. Son être est déchiré, mais ses pensées noires sont détournées par son envie de revoir Éden. Imminentes, les retrouvailles sont attendues avec impatience par nos deux protagonistes.

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PDV Calypso

Alors que notre atterrissage n'est plus qu'une question de secondes mon cur bat jusque dans mes tempes, sourdement et avec frénésie. La fatigue, qui pique mon corps de ses nombreuses aiguilles ne parvient même pas à me ruiner le moral comme elle le devrait. Car après tant de jours dans un lieu inconnu où toutes sortes de rebondissements m'ont explosé à la figure, j'ai besoin de mon pilier pour me reposer, pour remettre pied à terre.

Eden avait l'air aussi euphorique que moi, d'apprendre que je rentrais, insistant même pour préparer une petite fête pour notre retour. Et malgré que ma tête se sent nauséeuse du au fait de devoir supporter de rester debout au milieu de la foule, à plaisanter, échanger des sourires et à contrer mon épuisement, je sais qu'Eden aura organisé tout ça pour moi, alors je le supporterais.

Les récents évènements sont là, dans un coin de ma tête et ne sont pas prêts de disparaître, mais, alors que le lieu de l'atterrissage se profile entre les nuages, mes préoccupations ne semblent être qu'un lointain souvenir qui ressurgira quand je m'y attendrais le moins.

L'air se réchauffe et quelques silhouettes se dessinent peu à peu. Chaque seconde me paraît s'étirer de façon interminable. Mais lorsque je discerne enfin les détails du visage d'Eden, encore trop loin de moi, une explosion de sensations font fourmiller tout mon corps.

L'oiseau de foudre n'a même pas terminé de se poser que je m'acharnes sur les sangles. Mes doigts, rendus maladroits par l'empressement griffent mes cuisses et arrachent presque les lanières de cuir. Je suis la première à descendre et mon pieds a à peine foulé la terre que je me trouve de nouveau arrachée du sol. Un cocon de force et de chaleur m'enserre avec ferveur, un parfum suave irrésistible assaillent mon odorat et un rythme sourd, effréné bat tout contre mon oreille.

- Tu n'imagines pas à quel point j'ai rêvé de ce moment.

Ce grain de voix, grave et légèrement enroué, réchauffe mes joues en un battement de cils. L'étreinte se relâche légèrement, juste ce qu'il faut pour que je puisse enfin observer de près ce visage qui me bouleverse.

Si on m'avait dit, il y a quelque mois, que j'allais m'attacher ainsi à quelqu'un, et d'autant-plus à un lupin, je n'y aurais jamais cru. Mais le fait est que là, en cet instant précis, j'ai l'impression que l'intégralité de mon monde réside dans ces deux prunelles qui me fixent avec une adoration sans borne. Et je dois avouer que ça me fait peur, mais cette peur, qu'elle que soit son intensité, devra attendre que j'ai profité de ce moment, avant de m'exploser au visage.

Mes mains se faufilent jusqu'au visage d'Eden, que j'enlace de mes paumes. Un sourire tendre, horriblement naturel, adouci mon visage et plisse mes yeux :

-Moi aussi, j'attendais ça avec impatience.

Son regard me déshabille, ne ratant pas un seul centimètre carré de ma peau. Comme si je pouvais disparaître à tout moment. Puis soudain son regard s'accroche au mien et ne le lâche plus, il incline son visage vers moi et dépose ses lèvres sur les miennes. Ce baiser, d'une chasteté scandaleuse, ne dure qu'une demie dizaine de secondes, mais la douceur et l'affection qu'il transporte avec lui reste imprimés sur mes lèvres, que je pince avec gourmandise sans même m'en rendre compte.

Âme sœur née du malheurWhere stories live. Discover now