Chapitre 32 : chuchotements et question stupide

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PDV Calypso

Échec. Notre mission était un échec. Les elfes kidnappés étaient introuvables.

Nous avions effectivement assiégé la "boutique" du fournisseur de drogue mais les elfes ne s'y trouvaient pas. Nous avions procédés en deux vagues :

-les forces armées avaient d'abord  envahis le bâtiment dans un premier temps pour sécuriser la zone

-puis l'équipe et moi avions fouillé les lieux et fait arrêter les trafiquants trouvés sur place.

Mais nous avions eu beau fouiller de fond en comble nous n'avions trouvé aucun elfe ni même la moindre trace de leur passage si ce n'est des doses de drogues faites à partir de leur sang. Peut-être que les trafiquants nous permettraient par la suite de mettre la main sur le chef des opérations et par la même occasion les elfes mais ce n'était plus de notre ressort.

Suite à notre semi défaite un enquêteur nous avait informé de la suite : c'était à lui désormais que revenait le devoir de retrouver ses elfes. Nous avions fait une bonne partie du bouleau en amorçant l'enquête mais il se chargeait du reste : nous n'étions plus chargés de la clôturer.

Autant dire que j'étais dans une rage pas possible. Suite à ce constat déplorable l'équipe était muette, même Slev n'avait pas ouvert sa bouche  et si il l'avait fait j'aurais été la première à lui arracher les yeux.

Je pensais désormais à Miilopé, l'elfe aux cheveux bleus que nous avions interrogé concernant la disparition de son frère. Elle comptait sur moi pour le retrouver mais je n'en suis désormais plus capable. Je vois toujours son regard désespéré lorsqu'elle m'a imploré de l'aider.

Même si leur situation n'est pas identique à celle dans laquelle j'étais  il y a encore peu de temps, je ne peux m'empêcher de me mettre à leur place quand j'imagine ce qu'ils doivent endurer. Je sais ce que ça fait de se battre pour survivre et d'être utilisée. Pour rien au monde je ne voudrais retourner à ce statut d'esclave, de victime. Pour rien.

L'impuissance est un sentiment qui m'a toujours terrassé. Mais la culpabilité qui me ronge désormais est bien pire encore.

Quand je suis rentrée à la maison suite à ce dénouement désastreux d'une enquête qui me tenait à coeur je me suis recroquevillée sur mon lit. Cela doit maintenant faire quelques heures que j'y suis, mon coeur encore compressé par la culpabilité.

Mes genoux ramenés contre ma poitrine et le regard dans le vide je ne fais que ressasser mon impuissance. L'échec ne fait que me conforter dans l'idée que je n'ai rien à faire ici, à part me venger.  Certains disent qu'on pourrait refaire le monde avec des "et si", eh bien ils ont raison.
SI j'avais réussi à les sauver-là où moi même je l'avais été- j'aurais peut-être pu me convaincre de trouver un autre but à ma vie que la vengeance.

Qui sait ? Un but honorable qui ne me faisait pas souffrir. Un but qui ne m'obligeait pas à mentir. Un but tel que la Justice, la Paix ou bien l'Amour.
Mais apparement je n'en étais pas digne. La seule chose que je parvenais à réussir était l'échec, ironique non ? Alors imaginez moi essayer de vivre pour la Justice, la Paix, l'Amour, c'est tout simplement incohérent. J'en suis incapable, je ne suis pas apte à réussir quelque chose. Je suis vouée à faire du mal, à enchaîner les défaites.

Un chuchotement perfide répond à mes tourments intérieurs :

Tu n'atteindras jamais le bonheur, tu es un monstre.

Je tire mes cheveux avec force et un sanglot s'échappe de ma gorge. Je sais que ce n'est pas réel, ça ne peut pas l'être. Mais ça n'empêche pas la voix de reprendre :

Âme sœur née du malheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant