Werewolf

Chapitre I

Je sortis de chez moi en soupirant. Non seulement j'étais en retard pour la cinquième fois en un mois mais aussi parce-qu'il pleuvait encore. Je me mis en route pour le lycée, heureusement à seulement quelques mètres, les trombes d'eau me fouettant le dos. Je sortis ma fiche de retards de mon sac, poussai la grille du portail et entrai dans le bâtiment principal. A l'intérieur, des plantes vertes poussaient à profusion parmi les chaises pliantes disposées sur une moquette orange vif. Je m'approchai du bureau, où une femme au crane dégarni était penchée sur des sudokus. En entendant mes pas, elle releva la tête en me faisant signe de m'assoir.

-Alena Sheldon, encore toi? Tu sais ce qui t'arrives si tu viens encore une fois en retard? demanda-t-elle en remplissant ma fiche.

Je hochai la tête: si j'arrivais en retard une sixième fois, je serai virée de l'établissement. Elle me tendit ma fiche en souriant. Je sortis du bâtiment, une rafale de vent s'engouffrant jusqu'à mes os. Frigorifiée, je me mis à courir jusqu'au labo de physique. Quand j'entrai, la veste dégoulinante d'eau, la voix acerbe du prof me vrilla les tympans:

-Eh bien, merci de nous honorer de votre présence, mademoiselle Sheldon.

Des rires fusèrent un peu partout. Je fis mine de ne pas les entendre avant de m'installer à coté de ma meilleure amie, Alexia.

-Qu'est-ce qui t'es arrivée cette fois? fit-elle en attachant sa crinière rousse en chignon.

-Je te résume ma matinée: plus de batterie sur mon téléphone, cheveux refusant de se faire coiffer, pluie, dis-je en ouvrant mon cahier.

Elle laissa échapper un petit rire cristallin. Ses yeux gris pétillèrent de joie tandis qu'elle nota son nom sur sa fiche de TP. Elle attrapa un tube à essais, versa un liquide bleu à l'intérieur et murmura, plus pour elle-même:

-Ah là là, tu es un sacré cas Alena, mais c'est pour ça que je t'adore.

Lorsque la sonnerie retentit, quelques heures plus tard, annonçant la pause de midi, je me ruai dans la cafétéria, affamée. J'attrapai un plateau, et pris un plat de spaghetti à la bolognaise (en réalité, des pates à peine cuites recouvertes d'une douteuse sauce rouge) puis je me dirigeai vers mes amis, assis quelques tables plus loin. Alexia et Sofia, une fille assez sympa arrivée en cours d'année, sautillaient sur leurs chaises aussi excitées qu'un gamin dans un magasin de jouets. Je me laissai tomber lourdement sur ma chaise.

-Alors tu viens? voulu savoir Sofia.

-Je dirais surement oui si je savais où on allait, annonçai-je en me servant un verre d'eau.

-On part à la chasse aux sorcières cet après-midi! s'écria Alexia.

Elle caressa son collier en forme de spirale, talisman hérité de ses grands-parents. J'avais oublié de mentionner que la famille d'Alexia était des fervents croyants de toutes ces créatures surnaturelles. Un conseil: n'essayez pas de les contredire à ce sujet, ou ils vous sortiront un power point de dix minutes qui a pour but de vous montrer qu'ils ont raison.

-Ouais ça pourrait être sympa, mentis-je.

-Super! On part après la pause comme on n'a pas cours, déclara Sofia.

Plus excitées que jamais, les filles ne purent rien avaler d'avaler. Je finis mon assiette tant bien que mal. Nous déposâmes ensuite nos plateaux et nous sortîmes du réfectoire. Dehors, bien qu'il fasse encore gris, il avait cessé de pleuvoir, ce qui était plutôt bon signe. Nous montâmes dans la voiture d'Alexia, un vieux coucou des années 60. Elle démarra au quart de tour, la radio antédiluvienne se mit à beugler par dessus le vrombissement du moteur. Nous arrivâmes quelques minutes plus tard près du bois de Shelwood, réputé pour ses soi-disant apparitions de démons et d'autres créatures tout aussi fantastiques. Je suivis mes amies dans les bois, le ventre serré par un mauvais pressentiment.