Chapitre XXV

1.6K 123 7
                                    


Quand Ewa entra dans ma chambre, j'avais déjà étalé des chaussures et semé des dizaines de produits de beauté différents aux quatre coins de la pièce. Je ne pensais plus du tout à mon altercation avec Mia, et je m'étais promis de profiter de cette soirée sans me soucier du futur. Ma meilleure amie allait aller au bal avec Axel-"mais seulement en amis, tu vois?", avait-elle précisé. Pourtant, ses pommettes cramoisies trahissaient ses émotions, et j'allais profiter de cet instant d'intimité pour tirer les choses au clair une bonne fois pour toutes.

-C'est vraiment la robe parfaite! s'exclama mon amie.

Elle serrait dans ses bras une longue robe blanche à la jupe brodée de plumes chatoyantes.

-Ce sera parfait avec tes talons assortis. Je suis sûre qu'Axel ne pourra pas te résister, lui assurai-je.

J'avais dit cela d'un ton détaché, mais à juger la teinte rosée de ses pommettes, ma phrase avait eu l'effet escompté. Elle posa sa robe sur mon lit défait, se retourna et poussa un soupir.

-Il ne se passe rien entre nous! Il faut te le dire comment?

-Vraiment? insistai-je en haussant les sourcils.

Inutile de lui préciser qu'elle se trahissait elle-même. Ewa s'en était parfaitement aperçue. Elle se tortilla, nerveuse, et me dit:

-Bon, d'accord. Mais jure de le dire à personne, OK?

-Juré. Je serai muette comme une tombe.

Je lui tendis mon petit doigt. Elle hocha la tête avant d'enlacer le sien.

-Axel et moi sommes Âmes Sœurs depuis nos six ans, mais au lieu de nous avouer nos sentiments réciproques, on préfère se tourner autour. Enfin...tu vois ce que je dire...

-Je vois. C'est pour ça que tu voulais être sa cavalière?

-Exact. Connaissant Axel, quand il fait une déclaration à une fille, il ne fait pas les choses à moitié. Alors, j'ai pensé que le bal serait l'occasion parfaite, avoua-t-elle.

-Crois-moi, tu as toutes tes chances ce soir.

Je la serrai dans mes bras de toutes mes forces. Si il y avait quelqu'un pour cette fille extraordinaire, c'était bien lui, et personne d'autre. Ewa se racla la gorge et proposa:

-Et si on passait à la partie esthétique?

-Avec plaisir!

Ewa tira une chaise et me fis asseoir dessus. Elle attrapa une brosse puis commença à me démêler les cheveux, avec des gestes aussi légers que de la soie. Elle attacha ensuite mes cheveux en une longue tresse, et piqua de petits boutons de roses blanches à intervalles réguliers. Le résultat était époustouflant. Jamais je n'avais vu quelque chose d'aussi finement réalisé.

-Waouh...C'est magnifique! Où est-ce que tu as appris à faire tout ça? soufflai-je en me contemplant sous tous les angles.

-J'en sais rien sincèrement. Mais je sais que si je ne trouve pas de poste au sein du lycée, j'ouvrirai mon propre salon. Je l'appellerai MayHair, ça sonne bien, je trouve.

-C'est sûr! Et je serai ta première cliente! promis-je.

Elle s'assit à son tour. Imitant ses gestes, je démêlai délicatement ses cheveux, et les relevai en un chignon tout simple, qui mettait en valeur son long cou fin , où pendait un large collier de perles blanches.

-C'est parfait, commenta Ewa. Tu te débrouilles pas mal en terme de chignons!

Je secouai la tête en levant les yeux au ciel. Cette fille avait vraiment des catégories étranges. Nous passâmes ensuite au maquillage. J'optai pour quelque chose de très simple, pas la peine d'en faire des tonnes. J'attrapai une ombre à paupières fumée, y ajoutai des paillettes et me passai une fine couche de rouge à lèvres corail. Ewa, quand à elle, portait un maquillage très nude,avec un fard à paupières couleur chair et un gloss légèrement rosé. Nous arrivâmes finalement à la partie la plus délicate: enfiler les robes sans endommager la coiffure. Contrairement à ce que je craignais, cette étape se passa relativement bien, sans problème à noter. Tandis que je me baissai pour enfiler mes talons, Ewa murmura:

-Tu ressembles à une star de cinéma!

-Possible, mais toi, tu ressembles à un merveilleux petit ange!

Je fis quelques pas à travers la pièce pour m'assurer de ma stabilité et revins aux côtés d'Ewa, qui brandissait un petit appareil photo.

-Personne ne sortira de cette pièce avant que je n'aies pris cette photo! me menaça-t-elle en souriant.

Elle m'attira en face du grand miroir à pieds et me serra contre elle. Quand nous fûmes toutes les deux dans le reflet, elle leva l'appareil et appuya sur le déclencheur.

-Parfait! On est sublimes! Et maintenant, que la fête commence!


La salle de réception était méconnaissable. Une profusion de vases remplis de fleurs blanches agrémentaient toutes les surfaces. Partout, des bougies étincelaient-sur les tables, sur le manteau de l'imposante cheminée, et sur le buffet installé près du mur est. Les tables étaient tendues de nappes en lin, les chaises et les verres en cristal ornés de ruban en soie. Nous nous approchâmes du buffet, où se trouvaient Axel, Destiny et Éline. Les filles portaient respectivement une longue robe pêche, assez simple et une robe soyeuse d'un bleu argenté avec de fines bretelles, tandis qu'Axel portait un costume noir, comme presque tous les garçons présents dans cette pièce.

Pandéia fit son entrée. Elle portait une robe de mousseline blanche, elle aussi, et ceinte à la taille par une cordelette dorée. Elle tapota une cuillère contre une flûte à champagne pour réclamer le silence.

-Bienvenue au cinq-cent quarante-cinquième bal de l'Equinoxe. Chaque année, nous nous rassemblons ici pour célébrer une chose très spéciale: le moment où la Nuit et le Jour sont intimement scellés. Nous célébrons aussi notre histoire, et plus particulièrement vous. Vous écrivez sans cesse notre futur. Vous faites partie de cette. Une chaine toujours intacte. Alors portons un toast à Nyx!

-A Nyx, reprirent les élèves en cœur.

Les adolescents se dispersèrent à nouveau. Cependant, je restai le regard fixé sur la prêtresse, qui discutait calmement avec Ludmila. Axel, qui avait suivi mon regard, souffla, rêveur:

-C'est pas ma faute si notre directrice est aussi sexy. Décroche un peu, tu fais peur!

Ewa le foudroya du regard et lui écrasa le pied en riant.

-C'est moi ta cavalière! C'est moi que tu dois complimenter!

-Oh, ne t'inquiète pas. La soirée vient de commencer.

Il la prit par les épaules et se dirigèrent vers une table isolée, tandis qu'Axel la couvrait de compliments. Soudain, on m'attrapa par la taille et je poussai un petit cri, surprise.

-M'accorderez-vous cette danse? fit une voix plus que familière.

Je me retournai. Davy venait d'arriver. Il portait un costume noir, à croire que c'était le règlement, mais je m'en moquais pas mal: à mes yeux; c'était le plus élégant. Je lui tendis ma main, qu'il attrapa sans hésiter.

-Avec plaisir mon cher.


WerewolfWhere stories live. Discover now