Chapitre XII

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-Oui, moi aussi, merci, murmurai-je en attrapant le mouchoir.

Je relevai la tête. Deux pupilles dorées me fixaient dans le noir. Je passai une main dans mes cheveux, tentant en vain de les discipliner. Une odeur familière, celle d'une forêt en pleine après un orage m'envahit l'appareil olfactif. J'essuyai rapidement mes larmes et repliai le mouchoir.

-Ça va mieux? me demande Davy.

-Oui, on peut dire ça, le rassurai-je.

-Je peux m'asseoir ou ça te dérange?

-Non, vas-y.

Je me décalai doucement. Il se laissa tomber à mes côtés en silence, l'air tendu. Il avait à la main un cintre, chargé de vêtements féminins.

-Tu es cleptomane? voulus-je savoir en indiquant ce dernier.

Il esquissa un petit sourire:

-Pas du tout! Ce sont tes habits.

-Ho, merci!

Je pris le cintre. J'avais beau avoir le nez rougi ainsi que des trainées de mascara sur les joues, cela ne l'empêcha de me fixer de sa manière à lui, c'est à dire avec un mélange de peur et de fascination. C'était assez étrange. Pourquoi l'atmosphère était devenue pesante d'un coup? Je frissonnai. La nuit s'était rafraichie d'un coup. Davy du le remarquer car il me passa sa veste en cuir sur les épaules. Je lui lançai un regard gratifiant. Soudain, je remarquai un détail qui m'avait jusque là échappé: un large hématome s'étendait sous son œil droit,se mêlant à son tatouage.

-Qu'est-ce que tu t'es fait? soufflai-je en passant un doigt dessus.

Il tressaillit puis s'écarta violemment de moi. Mon ami se releva, une immense tristesse dans les yeux.

-Rien! Ce ne sont pas tes affaires! rugit-il.

Son ton agressif me vexa. Qu'est-ce que j'avais dit de mal? Ce n'est pas le rôle des amis de s'inquiéter pour les autres? Enfin, après ma dispute avec Alexia, j'en doutai fortement, mais ce n'était pas une raison pour me hurler dessus.

-Excuse-moi si je m'inquiète pour toi! C'est pas parce-que tu as passé une mauvaise soirée que tu dois me traiter comme un chien! Maintenant, laisse moi voir ce bleu! explosai-je.

Il baissa les yeux, tel un enfant prit en flagrant délit. Je vis une larme rouler sur sa joue. Qu'avait-il bien pu lui arriver pour qu'il soit dans cet état?

Je me levai du banc et m'approcha de lui à grands pas. Je pris son visage entre mes mains avec une douceur maternel. Mon visage se refléta dans ses yeux humides. Je passai de nouveau mon doigt sur sa blessure. Il poussa un petit gémissement de douleur. J'inspirai lentement et fermai les yeux, imaginant sa pommette dénuée de marques. Une décharge électrique me secoua le corps. Je rouvris les yeux. Un bourdonnement dans mon doigt résonna dans le bois endormi. Une lueur violette en sorti, se répandant sur sa blessure, qui l'absorba en un rien de temps. Des spirales se formèrent sur sa joue et s'évaporèrent. Je fixai sa joue, hébétée: le bleu avait disparu! Qu'est-ce qui venait de se passer? Je me sentais toute bizarre, ma peau me picotait, comme lorsque l'on prend un bain bouillant en hiver. Davy semblait tout aussi étonné que moi. Il passa un doigt sur sa pommette, sans rien comprendre.

-Qu'est-ce qui s'est passé? paniquai-je.

-C'est une bonne question Alena! J'en sais vraiment rien, murmura-t-il, perdu dans ses pensées.

Pourtant, je distinguai dans ses yeux une lueur qui m'indiqua qu'il en savait long sur le sujet, mais je ne préférai pas insister. Pour éviter de croiser mon regard suspicieux, il regarda l'heure sur sa montre.

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