Chapitre XIV

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Les minutes défilèrent à une vitesse scandaleusement lente. Tandis que les battements de mon cœur redevenaient de plus en plus calmes, je ne cessai de revoir le regard blessé de Davy: sur les murs, sur mes paupières et je crus même, l'espace d'un instant, entendre sa voix. Je savais que ce que j'avais ressenti n'était pas la réaction d'une amie: c'était bien plus que ça. Avait-il partagé ce sentiment lorsque nos cuisses se frôlaient? Sûrement, à en juger le regard qui restait obstinément gravé dans ma tête. La question suivante se posait: étais-je amoureuse de lui? C'était sûrement trop tôt pour se prononcer, mais le fait que je sois la personne qu'il attendait pour se confier me déstabilisait un peu. Soudain, mon téléphone vibra dans ma poche, annonçant un nouveau, et me permettant de sortir de ce monologue intérieur. Je me relevai puis regardai mon message.

De: Ewa

A: Alena

Hey! Ça te dit qu'on passe l'aprèm' ensemble?

De: Alena

A: Ewa

Avec plaisir! Suis là ds 10 min!

Après un dernier coup d'œil dans le miroir, j'attrapai mon classeur, déverrouillai les toilettes et sortis. Le lycée s'était peu à peu réveillé. Des petits groupes d'amis se rendaient dans la cafétéria ou se rendaient à la bibliothèque. Ils me saluèrent gentiment. Je restai coite par la rapidité avec laquelle les nouvelles se répandaient: j'étais arrivée depuis moins d'une semaine, et tout le monde semblait me connaître comme si nous nous connaissions depuis la maternelle. C'était assez étrange. Je savais que cela n'égalerai jamais la popularité, mais pour une fille presque transparente dans son ancien lycée, c'était assez flatteur. Je poussai la porte du bâtiment principal. J'avais enfin l'esprit clair. Le problème "bibliothèque" serait à régler plus tard. Dès que je sortis, le soleil, pourtant caché par de gros nuages, m'éblouit. Contrairement au lycée, le parc était plutôt calme. Cependant, je percevais des brides de conversations et des rires, qui semblaient venir de la forêt. L'herbe me chatouilla les mollets tandis que la fine rosée humidifiai mes chaussures. J'empruntai le chemin pavé qui menait aux cottages. Je déposai mon classeur chez moi, chaussai mes ballerines et me rendis ensuite chez Ewa. Son cottage se trouvait un peu à l'écart, ce qui me surpris au premier abord. Je me souvins ensuite qu'elle possédait une forte affinité avec l'air et que si elle entrai dans une puissante colère, elle était capable de créer une tempête ou une tornade aisément. Je toquai à sa porte, qui s'ouvrit immédiatement. Mon amie portait une robe vert d'eau, qui lui arrivait aux genoux. Son chignon, bien qu'il fût négligé, dégageait son visage et par conséquent, ses tatouages, qui, à cet instant, lui donnait l'air d'une guerrière.

-Entre! Je ne mords pas aux dernières nouvelles! s'exclama-t-elle en me désignant son salon.

J'entrai donc à sa suite. Son salon était identique au mien, seul un petit autel où étaient posées une bougie blanche et une statuette de la statue, les différençaient. Pour finir, une bonne odeur de lilas, celle de mon amie, flottait dans l'air. Elle me fit signe de m'asseoir avant de disparaitre dans la cuisine. Elle revint quelques instants plus tard, deux tasses de thé au citron dans les mains. Elle me tendit une tasse et s'assit à son tour.

-Alors, ça s'est bien passé hier? demanda-t-elle, un peu hésitante.

-Mia restera toujours la même mais sinon, ça s'est bien passé, dis-je en avalant une gorgée.

Mon instinct me soufflait de passer sous silence le profanation de l'autel de Nyx, bien que j'accordai toute ma confiance à Ewa; je ne voulais pas l'inquiéter.

-Sauf qu'après, mon imbécile d'ex meilleure amie et son "mec" se sont pointés et ne se sont pas gênés pour insulter la déesse et me provoquer, repris-je.

-Ils ont vraiment du culot de revenir! Si j'aurais été à ta place, je leur aurai mis une bonne raclée avec une de mes tornade! s'insurgea mon amie.

Je souris. Mon amie était bien plus courageuse que moi.

-Et j'aurais aussi botté les fesses à Mia. Pas étonnant qu'elle soit populaire si on a tous peur d'elle!

"Surtout Davy", ajoutai-je intérieurement. Connaissait-elle l'existence du garçon malheureux et sensible qui se cachait sous ce masque joyeux et impassible? Je n'en étais pas sûre, alors je gardai mes doutes pour moi.

-Je peux te poser une question? fis-je en reposant mon thé sur la table.

-Je t'en prie!

-Est-ce que tu ressens quelque chose lors de l'invocation de l'esprit?

Elle fronça ses sourcils parfaitement dessinés avant de demander:

-Comment ça? Je sèche là!

-Eh bien, est-ce que tu ressens un bien être hors norme, une caresse d'oiseaux sur ta peau et dans ton cœur lors de l'invocation de l'esprit? Et est-ce que tu es capable de soigner les blessures?

Ewa leva les deux mains en l'air, comme pour m'indiquer de ralentir.

-Attends! Depuis quand tu soigne les blessures?

-Depuis hier. Davy s'était coupé lors du rituel de Mia. J'ai juste imaginé sa blessure cicatrisée et ça a marché, expliquai-je.

Bon, d'accord je lui avais menti. Mais je n'osai pas imaginer sa réaction si elle apprenait la vérité. Elle me fixa un instant les yeux exorbités avant de s'écrier:

-Attends! Tu es en train de dire que tu as une affinité avec l'esprit?

Je fis une petite moue: c'était exactement ça!

-Peut-être, murmurai-je.

-Peut-être? Mais enfin Alena! Tu sais ce que ça signifie?

Je poussai un petit soupir, le regard dans le vague.

-Oui. Ça veut dire que je pourrai détrôner Mia. Mais est-ce que tu peux le garder pour toi?

-Bien sûr! Mais je pense qu'on devrait en parler aux autres. Voilà ce que je te propose: demain, on passe la journée en forêt avec les autres. On pourrait leur dire à ce moment là?

-Ça me convient parfaitement, dis-je avec un sourire.

WerewolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant