Werewolf

Chapitre IX

Nous avançâmes en silence dans le vestibule presque désert. Nous venions de dépasser une petite fontaine quand Destiny brisa le silence:

-Qu'est-ce qui t'arrives Ewa? T'as l'air toute triste.

-Rien, vous inquiétez pas. C'est juste que Mia a invité Alena à son rituel et je trouve ça un peu étrange....mais bon, après je suis peut-être juste parano.

-Arrête de culpabiliser Ewa. Tout ira bien, la rassura Axel en lui passant un bras autour des épaules.

Elle sourit doucement avant d'hocher la tête, l'air rassurée. J'aurais voulu demander pourquoi elle était si mal à l'aise quand on parlait de Mia mais je me m'abstins, par pur réflexe. Le silence, un peu plus léger cette fois, retomba. Nos pas pressés résonnaient dans le temple. Nous tournâmes à gauche. Dans l'embrasure en pierre d'une porte en ogive se tenait une femme, entièrement vêtue de noir. Elle nous sourit et je reconnus Mme Warren. Nous nous présentâmes devant elle, le poing sur le cœur. La professeur sourit de nouveau et plongea sa main dans un récipient qu'elle tenait dans ses mains. Elle s'approcha de mes amis, passa son index sur leurs croissants de lune avant de murmurer des paroles que je ne percevais malheureusement pas. Mes amis me lancèrent un coup d'œil réconfortant puis passèrent la lourde porte. Mme Warren se tourna vers moi, avec sa bienveillance naturelle. Elle trempa de nouveau son index et suivit le tracé de mon tatouage.

-Tu n'as plus rien à craindre. La déesse est en toi à présent.

J'articulai un remercîment. Une décharge électrique assez puissante venait de parcourir mon corps. Voyant que je rester plantée comme un nain de jardin, elle me poussa gentiment à l'intérieur et referma la porte. Je jetai un œil à l'intérieur. De grands bougeoirs étaient fixés aux murs de pierre. Leur lumière projetait une vive chaleur dans la pièce, accentuée par le feu de camp qui brulait lentement au centre. De l'encens à la vanille se consumait doucement, répandant une odeur sucrée sur la foule d'élèves. C'était magnifique. Il y a deux jours, on m'aurait annoncé que j'allais atterrir dans cet endroit majestueux, je lui aurais ris au nez. Et pourtant...Un flot de questions m'assaillit. Est-ce que je manquai à mes amies? A ma famille? Que se passait-il dans ma ville natale? Il y avait-il de nouveaux couples au lycée? Soudain, des mains apparurent dans mon champ de vision. Ewa claquait impatiemment des doigts, attendant que je réagisse.

-Eh! Alena! Tu m'écoutes?

-Oui, excuse-moi, j'étais perdue dans mes pensées. Tu disais?

-Je vois bien ça. Je disais qu'il fallait qu'on se trouve une place dans le cercle avant qu'il soit trop tard, expliqua-t-elle.

-Oh.

Elle m'attrapa le poignet avec force et nous fraya un chemin parmi les élèves. Nous rejoignîmes les autres, déjà prêts depuis longtemps, visiblement. Nos amis tournèrent la tête dans notre direction, puis me lancèrent un regard qui signifiait: "enfin". Cependant, je ne lisais aucune trace de colère, mais plutôt de l'inquiétude. Je poussai un soupir de soulagement avant de reporter mon attention sur le feu. Ses flammes orangées, qui s'élevaient à la hauteur de ma taille, dansaient dans mes yeux hypnotisés. Soudain, cinq  silhouettes de femmes apparurent au coin de la pièce, plongées dans la pénombre. Quatre d'entre elles se frayèrent un chemin jusqu'à l'intérieur du cercle et s'y postèrent tels les points cardinaux d'une boussole, tandis que la cinquième se posta à l'intérieur du cercle. Une autre personne entra dans le cercle. Ses cheveux descendaient en cascade sur ses épaules. Elle portait une longue robe noire, brodée d'onyx, qui à la lueur du feu, la faisait ressembler à un ciel étoilé. Son collier me disait quelque chose. Je farfouillai dans mon cerveau embrouillé et retrouvai rapidement le propriétaire de ce fameux collier: c'était Pandéia. Une musique tribale, presque divine, s'échappait des enceintes posées à même le sol. La prêtresse prit un long briquet, très élégant, et se dirigea vers l'est. Elle alluma la bougie blanche que la femme avait à la main. La professeure s'écria ensuite de sa voix puissante: