Werewolf

Chapitre II

Je crus que j'allais faire une overdose de vert. Dans cette foret, tout était vert, des arbres à la mousse qui les recouvrait en passant par l'air que nous respirions. Alexia nous distribua des lampes torches à luminosité extra-faible puis déclara:

-Bon, on va se séparer. Sofia et moi, on part du coté sud et toi, tu vas vers le ruisseau. Ca vous va?

Je hochai la tête en silence. Je savais que ce n'étais pas contre moi. Alexia et Sofia croyaient dur comme fer à ces choses tandis que je continuais à penser que ce n'était que des légendes. Je marchai d'un pas vif à travers le bois. A vrai dire, un peu d'air frai ne faisait pas de mal. J'allumai ma lampe, l'enchevêtrement d'arbres empêchant la lumière de l'après-midi de passer. Je fixai les alentours à la recherche d'un quelconque pentagramme ou autre objet qui trahirait la présence d'un être surnaturel, en vain. Je m'apprêtai à rebrousser chemin quand un grognement se fit entendre. Je fis volte-face. Un immense loup noir se tenait devant moi, l'air menaçant. Ses yeux étaient vaguement rouges et de longs crocs immaculés sortaient de sa gueule. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, il me bondit dessus, plantant ses crocs dans ma main. Je poussai un cri de détresses. Seuls le clapotis de l'eau et le silence me répondirent. Je me débattis comme je pus, luttant pour ne pas m'évanouir. Je lui donnai un violent coup de pied dans le museau, à bout de forces. Il gémit lentement puis enleva ses crocs. Il s'élança à toute vitesse et disparu dans le bois silencieux. Je regardai ma blessure: assez profonde bien que superficielle. J'enveloppai ma main dans le bas de mon tee-shirt. Je revins sur mes pas. Les filles m'attendaient à la voiture. En voyant mon visage et ma main ensanglantée, elles se précipitèrent vers moi.

-Qu'est-ce qui s'est passé? me demanda Alexia, affolée.

-Rien, mentis-je. J'ai du me faire mordre par un animal sauvage, rien de plus. Vous avez trouvé quelque chose?

-Non, rien, dit Sofia.

Une demi-heure plus tard, en rentrant chez moi, je n'avais qu'une seule idée: prendre une douche bouillante. Mes parents n'étant pas là pendant une semaine, j'empruntai leur salle de bain. L'eau chaude me détendis légèrement, je fermai les yeux en ignorant le tiraillement de ma blessure. Je m'enveloppai ensuite dans une grande serviette de bain avant de désinfecter et de bander ma plaie. J'enfilai un pyjama tout simple en coton, puis allai me coucher, repensant à l'étrange tournure qu'avait pris cette exploration...

Un élancement dans le crane me réveilla brusquement, quelques heures plus tard. Je me levai lentement, encore fatiguée. Je me dirigeai dans la salle de bain. La douleur dans mon front s'intensifiait de façon inquiétante, telle une piqure de guêpe. Je me plantai devant le miroir, sure de m'être faite piquée par un insecte. Le miroir me renvoya l'image d'une fille assez belle, aux cheveux gris cendrés et aux yeux bleu océan. Cependant, j'avais l'impression que mes cheveux avaient doublé de volume ainsi que mes ongles, qui semblaient s'être durcis et avoir poussés de plusieurs centimètres. Mais telle ne fut pas ma surprise quand je découvris que le contour d'un croissant de lune saphir était tatoué sur mon front. Sans raisons apparentes.