Chapitre XXII

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"Là se dresse également la sinistre maison de la Nuit;

D'effrayants nuages l'enveloppent dans l'obscurité.

Devant elle, Atlas se tient droit qui, sur sa tête

Et ses bras infatigables, soutient fermement le vaste ciel,

Où la Nuit et le Jour passent un seuil de bronze

Avant de se rapprocher et de se saluer."

Les paroles de cet ancien poème destiné à Nyx dansaient tout autour de moi. Je me sentais tellement légère...J'avais presque l'impression de flotter. Pourtant, une partie de moi savait que ce n'était pas normal, mais j'étais beaucoup plus forte qu'elle. Une drôle de lumière blanche scintillait au loin. Attendez une seconde! Une lumière blanche? C'était quoi encore ce délire? Je virai patriote ou quoi?

Je me recroquevillai, couchée sur le côté, et frottai ma joue contre l'oreille tout doux. Mauvaise idée. Ce simple geste me causa une douleur intense à l'arrière du crâne. Telle une balle frappant une vitre, elle fit voler en éclat cette étrange hallucination. J'ouvris les yeux brusquement.

-Alena? Tu es réveillée?

Un visage familier était penché sur moi. Et puis, cette voix était si douce, si bienveillante.

On dirait Nyx, souffla ma conscience, à moitié endormie.

-Pandéia? Qu'est-ce que je fais ici? paniquai-je.

Une pulsation à l'arrière de ma tête me fit grimacer. Qu'était-il en train de m'arriver? Je scrutai la pièce, à la recherche d'indices. A en juger la couleur des murs et la forte odeur de désinfectant, je devais me trouver dans l'infirmerie. Mais pourquoi?

-Disons que tu as trébuché et que tu as perdu connaissance. Comment te sens-tu? demanda la prêtresse en s'asseyant sur le lit.

-J'ai mal à la tête, mais sinon, ça va.

Je passai une main à l'arrière de cette dernière. Un épais bandage recouvrait une partie de mes cheveux. Je m'étirai: j'étais épuisée. C'était peut-être au choc, mais je n'en étais pas sûre.

-Parfait. Je suis contente de constater que le processus de guérison s'est bien enclenché, sourit-elle.

-Hein? fis-je bêtement.

Voilà que je commençai à m'exprimer en monosyllabes. Ce n'était pas que je ne voulais pas passer pour une débile devant Pandéia, mais presque. Elle posa une main rassurante sur mon avant-bras. Elle semblait amusée.

-Je t'explique. Tu n'es pas sans savoir que nous, les loups-garous, guérissons beaucoup plus rapidement que la moyenne. C'est ce que nous appelons processus de guérison. Et je peut t'assurer que tu en es à quatre-vingt dix pourcent, expliqua la prêtresse.

-Waouh! C'est super cool, soufflai-je.

Tellement cool qu'une toux brûlante me déchira la poitrine. Je restai quelques instant ainsi, les genoux collés à la poitrine, tentant de reprendre mon souffle tandis que mon cœur s'affolait. Pandéia fronça les sourcils, visiblement inquiète.

-Tu es sûre que ça va? Je n'ai jamais vu quelqu'un réagir ainsi!

Je me laissai retomber contre l'oreiller, laissant une vague de douleur se propager dans mon corps en acquiesçant.

-Si tu le dis. Je me demande si ce n'est pas lié à ton affinité, réfléchit-elle à voix haute.

Elle hocha les épaules et se releva pour se diriger vers la porte. Elle ouvrit celle-ci puis passa la tête dans l'entrebâillement de la porte. J'avais l'impression qu'elle parlait, mais aucun mot ne parvenait jusqu'à mon cerveau embrumé. Tant qu'elle ne complotait pas avec les extraterrestres pour envahir le monde, je m'en moquais. Je secouai la tête, outrée. J'avais vraiment dû recevoir un sacré coup pour être aussi dérangée!

-Vous pouvez entrer, conclut Pandéia en élevant la voix.

Ni une, ni deux, une tornade de cheveux noirs, bruns et blonds fonça sur moi. J'eus le souffle coupé devant la force de l'étreinte de mes trois amies. Je crochetai mes bras autour d'elles en souriant.

-Hé doucement les filles! Je ne suis pas morte. Pas encore, rigolai-je.

OK, j'avais vraiment un problème. Infirmière? Il y a-t-il un asile pas loin? Les filles desserrèrent leur étreinte et s'assirent à leur tour sur le lit tandis que Pandéia sortait de la pièce.

-Au fait! Je t'ai pris tes devoirs! s'écria Ewa.

Elle se pencha et sortit de son sac une pochette en plastique transparent qu'elle posa sur la table qui se trouvait près de la porte.

-Merci! C'est vraiment sympa, dis-je en souriant.

-Tu as des nouvelles de Davy ou pas? voulut savoir Destiny.

Éline lui lança un regard de reproche.

-Je ne crois pas que ce soit le bon moment pour en parler, déclara-t-elle.

-Au contraire, la contredis-je. Je crois que c'est le bon moment. Il va bien?

Destiny lança à Éline un regard victorieux.

-Il est encore sur les nerfs. Axel essaie de le calmer, mais ça a l'air mal parti, commença Ewa.

-Je ne l'ai jamais vu comme ça, c'est louche, continua Destiny.

-D'après ce que j'ai entendu, c'est le troisième année qui l'a provoqué, mais je n'en sais pas plus, affirma Éline.

-En tous cas, ce qui est sûr, c'est qu'il de corvée de nettoyage de classe jusqu'à la fin de l'année! s'esclaffèrent mes amies.

Je m'assis tant bien que mal, ignorant la douleur dans mon crâne.

-Au fait, vous êtes prêtes pour ce soir? lança Destiny.

-Quoi? Attendez! Ne me dîtes pas que le bal a lieu ce soir? m'écriai-je.

- Relaxe! Tu as encore le temps de te préparer! Il n'est que quatorze heures et il a lieu à vingt et une heures! me rassura Ewa.

Je me calmais un peu. Il fallait vraiment que je trouve une robe, et vite! Et surtout, je me demandai si Davy était encore d'accord pour m'accompagner, après ce qui s'était passé. A cet instant, on toqua à la porte, ce qui me fit sursauter. Nous échangeâmes un regard interrogateur et Éline se leva, intriguée. Elle ouvrit la porte en arborant une expression surprise.

-Ho! C'est toi! Euh...Entre, je t'en prie, bafouilla-t-elle.

La personne entra et la suivit jusqu'au lit. Je relevai la tête. Davy m'observait attentivement en se passant une main sur la nuque. Il avait plusieurs pansements sur le visage et son poing droit était soigneusement bandé.

-Je peux te parler? demanda-t-il.

Je posai mon regard sur les filles, ne sachant que faire. Ewa prit la parole:

-Je crois qu'on va vous laisser.

Je lui tirai le bras tandis qu'elle se relevai.

-Non, reste! S'il te plaît! la suppliai-je.

Elle esquissa un sourire et retira son bras.

-Ne t'inquiète pas. Ça va aller. On se voit tout à l'heure, OK?

Je poussai un soupir en hochant la tête à contre cœur. Destiny et Éline me saluèrent, puis suivirent Ewa vers la sortie. La porte claqua, l'écho résonnant jusque dans mes os. Je relevai les épaules, toussai un bon coup et fit signe à Davy de s'asseoir sur le lit.



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