Chapitre XXIV

1.6K 126 11
                                    

Je me retournai et regardai autour de moi à la recherche de la personne qui avait prononcé ces paroles. Le soleil venait de se coucher, laissant dans le ciel de superbes traînées roses et oranges. A première vue, il n'y avait personne, pourtant j'avais l'impression d'être observée de toutes parts. A moins que le coup que j'avais reçu sur la tête m'aie rendu à moitié, ce qui était peu probable...

A cet instant, une silhouette blonde se détacha d'un arbre et se dirigea vers moi. Mia. Des perles d'eau étaient attachées à ses cils tandis que d'autres roulaient sur ses joues. Même comme ça, on aurait dit une star de cinéma. Elle était beaucoup trop jolie.

-Je ne vois pas de quoi tu veux parler, dis-je en reculant d'un pas.

-Ha oui? Vraiment? demanda-t-elle.

Elle arqua un sourcil avant de poser ses poings sur ses hanches.

-Et si je te dis Davy, tu comprends mieux? continua Mia.

Elle avait presque craché ses dernières paroles avec le ton empli de dédain qui la caractérisait. De mon côté, je faillis avaler ma langue de surprise. Comment pouvait-elle être au courant?

-J'ai comme l'impression que j'ai touché une corde sensible. Je me trompe?

Je voyais bien qu'elle prenait un certain plaisir à me faire subir cet interrogatoire. J'inspirai lentement puis pris la parole en essayant de contrôler les tremblements de ma voix.

-Comment tu peux en être sûre? C'est peut-être complétement faux cette histoire!

OK, j'avais joué la carte de la dernière, mais qu'auriez vous fait à ma place?

Cette réponse ne parut pas la satisfaire. Elle croisa les bras en me mitraillant du regard. Si les regards pouvaient tuer, je me trouverai sûrement à six pieds sous terre.

-Peut-être qu' Alone vous a vu. Après tout, je dis ça, je dis rien!

Elle inspecta ses ongles peints en argent, l'air de rien, tandis que je cherchai désespérément quelque chose à dire.

-C'est vrai que quand on peut se rendre invisible, on a tendance à tout savoir, insista Mia.

Elle fit un pas en avant et remonta les manches de son chemisier ivoire. Son collier orné d'onyx se balançait à son cou, comme pour me narguer. Elle caressa ce dernier avec un petit sourire. Je me demandai bien comment elle avait pu devenir chef des Enfants de l'Obscurité, et par conséquent, la future prêtresse, celle qui succéderait à Pandéia. Le règne de Mia promettait d'être d'une déchéance absolue. Je serrai les poings.

-C'est quoi ton problème à la fin Mia? C'est pas ma faute si on est Âmes Sœurs, lui et moi! explosai-je.

Je constatai avec bonheur que j'avais retrouvé le sens de la parole. Je posai une main devant ma bouche lorsque je me rendis compte de ce que j'avais dit. Oups. Son visage se décomposa à une vitesse surprenante. Je fermai les yeux, redoutant ce qui allait suivre. Pourtant, contre toute attente et à ma plus grande surprise, elle explosa de rire. Déesse! Cette fille était vraiment givrée!

-Toi avoir une Âme Sœur? C'est la meilleure qu'on m'aie faite pour l'instant! Tu as déjà pensé à devenir humoriste? Je suis sûre que tu ferais un carton!

Je soupirai, agacée.

-Je me passerais bien de tes commentaires vaseux, tu sais!

Soudain, son visage angélique se métamorphosa pour laisser place à une dureté que je commençai à connaitre sur le bout des doigts. Elle se rapprocha encore, tellement que je pouvais sentir la haine et la folie qui émanaient d'elle.

-Maintenant, tu vas laisser Davy tranquille. Il est à moi, et rien qu'à moi! Bas les pattes! Compris? siffla la jeune femme.

-Non. Je fais ce que je veux.

Elle plissa les yeux. Ses efforts pour ne pas se transformer étaient plus que visibles. Ses yeux étaient constellés de tâches sombres, ses narines se dilataient, ses canines commençaient à s'allonger et entaillaient ses lèvres rosées. Waouh! Déjà qu'elle était effrayante sous sa forme humaine, je me demandai ce qu'il en était quand c'était un loup.

-Répète un peu ce que tu viens de dire! gronda-t-elle d'une voix sourde.

-J'ai dit non, Mia. Ecoute-moi bien, à présent. Les gens ont peut-être peur de toi, mais pas moi. Certes, il y encore quelques jours, je te craignaient, mais c'était jusqu'à que je découvre qui tu es vraiment. Et tu sais pourquoi la plupart des élèves de cette école te craignent? Parce-que tu es une pauvre garce égoïste et pourrie-gâtée! Voilà ce que tu es réellement! hurlai-je.

-Je t'interdis de parler de Mia Miller de cette façon! dit-elle sur le même ton.

Elle serra les dents pour ne pas me sauter à la gorge. Elle se contenta de lever la main pour me gifler, mais je fus plus rapide qu'elle. J'attrapai son poignet, le bloqua et le tordis légèrement. Un éclair de frustration passa dans ses yeux dilatés.

-Ose lever la main une seconde fois sur moi et je t'assure que tu vas le regretter jusqu'à la fin de tes jours, ma chère! la prévins-je.

Je relâchai sa main. Elle me jeta un regard noir en massant son membre endolori.

-Très bien. Je te rappelle que j'organise un rituel à minuit, ce soir. Naturellement, tu y es conviée, mais ose me demander quoi que ce soit, et je te jure que je ferai de ta vie un enfer. Encore pire que celui que je fais subir à Davy.

Sur ce, elle fit volte-face, rejeta ses cheveux en arrière et s'éloigna à grands pas.


Je poussai la porte de mon cottage avec une seule mission en tête: me trouver une robe pour le bal. Je posai ma clé sur le meuble de l'entrée, pris un verre d'eau et allai vers ma chambre. J'ouvris mon armoire et fouillai à l'intérieur jusqu'à finir par tomber sur une pile de tissus, tous plus luxueux les uns les autres. Je sortis une robe en velours bleu au décolleté en V orné de perles et arrivant aux genoux, puis secouai négativement la tête. J'en sortis une autre et je sus que c'était elle, ma robe de bal. Elle avait un haut bustier constellé de brillants, une longue jupe vaporeuse et était de couleur rose pâle. Je la serrai un instant contre moi, la posai sur le dossier de ma chaise et pris mon téléphone. Je le déverrouillai avant d'envoyer un message à Ewa.

De: moi

A: Ewa

Je crois bien que j'ai trouvé ma robe! Tu viens?

De: Ewa

A: moi

Moi et mon fessier royal serons là dans dix minutes!

De: moi

A: Ewa

Eh bien! C'est charmant tout ça! ;)

De: Ewa

A: moi

Tu ne savais pas que j'étais la numero uno en terme d'élégance et de classe? :p

Je ne pus m'empêcher de sourire en lisant son message. Cette fille n'était pas ma meilleure amie pour rien.


WerewolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant