Chapitre IV

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Mon sang se figea de nouveau dans mes veines. Pour lui masquer ma peur, je me mis à rire jaune. Désemparée, elle laissa échapper un soupir. Ewa recula de quelques pas, inspirant profondément, les yeux fermés. L'instant d'après, une majestueuse louve blanche se tenait devant moi, la langue pendante. Je poussai un cri de surprise. Le coupe-ongles que j'avais dans les mains s'écrasa au sol, brisant le carrelage. Ewa, qui entre temps avait repris forme humaine, posa une main rassurante sur mon bras.

-C'est pour ça que je suis venue te chercher, Alena. Tu ne seras plus jamais la même, ne le nie pas, murmura-t-elle.

-Et ma vie? Mes amies? J'en fais quoi? questionnai-je.

-Viens avec moi. Ta nouvelle vie commence à présent.

Voyant que je ne réagissais pas, elle consulta sa montre incrustée de diamants, l'air de rien et déclara:

-Nous partons dans dix minutes. Prépare-toi et emmène le strict nécessaire.

Je hochai docilement la tête. Je me précipitai dans ma chambre, attrapai ma valise violette puis fourrai quelques affaires à l'intérieur. Je décidai finalement de ne pas laisser de mot à mes parents. Je ne leur manquerai pas, étant donné qu'ils remarquent à peine mon existence. Je redescendis l'escalier après avoir fourré mon PC dans sa pochette. Je suivis Ewa à l'extérieur et nous montâmes dans un 4x4 noir aux vitres teintées. Je m'installai en silence sur le siège passager.

-Je peux te poser une question? demandai-je, hésitante.

Elle garda le regard fixé sur le soleil déclinant, puis alluma la radio. Finalement, après ce qui me sembla une éternité, elle lâcha:

-Vas-y, je y'écoute.

-Pourquoi es-tu venue me chercher moi en particulier?

-Eh bien disons que j'ai pensé que ça serait plus simple si quelqu'un de ton âge te l'annonçait, expliqua-t-elle doucement.

Nous nous plongeâmes dans un silence parfait. Les minutes défilèrent rapidement, comme dans un songe. Soudain, nous nous arrêtâmes devant un petit bois très accueillant. Au loin, j'entendis clairement un petit ruisseau. J'avançai rapidement, Ewa en tête. Le chemin était parsemé de statues représentant une déesse nue, brandissant dans ses bras levés un croissant de lune, identique à celui que nous avion sur le front. Des éclats de voix retentirent brusquement et je me rendis compte que nous étions arrivées dans une cour où des dizaines d'adolescents, portant tous des uniformes et un croissant de lune sur le front, discutaient bruyamment. Un garçon d'environ dix sept ans s'approcha de nous, tout sourire. Il avait des yeux dorés, captivants et d'épais cheveux bruns qui constrataient avec son tatouage, représentant des flammes entrelacées.

-Salut Ewa! lança-t-il, tout sourire.

-Salut Davy! lui répondit-elle.

Elle salua deux autres filles, une métisse et une petite brune, et un autre garçon, puis continua:

-Je te présente Alena Sheldon, la nouvelle. Tu veux lui faire visiter?

-Avec plaisir!(il se tourna vers moi:)Enchanté! Je suis sur que tu vas bien t'intégrer!

-Merci, dis-je faiblement.

Davy et moi nous mimes en route. Le soleil déclinant me réchauffait agréablement le dos. Nous contournâmes la foule et nous passâmes devant un petit parc, agrémenté de bancs en pierre, de rosiers, de lys et de chênes centenaires. Plus loin, un édifice en pierre noire, plus ancien et semblable à une église attira mon attention. Comme s'il lisait dans mes pensées, mon compagnon expliqua:

-C'est le temple de Nyx. Notre déesse.

-Votre déesse? Ce n'est pas tous les jours qu'un culte est dédié à une femme, remarquai-je en haussant les sourcils.

-C'est vrai, mais chez les loups-garous, les femmes ont une place primordiale.

-Vu comme ça, c'est plus logique.

Nous arrivâmes dans un coin isolé de la foret, parsemé de petits cottages en pierre très élégants. Je suivis Davy à l'intérieur d'un d'entre eux.

-Voilà ton nouveau chez toi! s'exclama-t-il, enthousiaste.

Je jetai un œil dans le salon, très impressionnée. Les murs crème étaient chargés d'étagères, elles-mêmes pleines à craquer de DVD, de livres et de magazines. Il y avait un grand écran plat, en face duquel se tenait un canapé couvert de coussins. Un vase en forme d'ananas rempli d'œillets était posé sur une petite table en bois brut. Je m'approchai du bar en marbre qui séparait le salon de la petite cuisine. J'attrapai un papier coincé sous un galet avant de me laisser sur le canapé, bientôt rejointe par Davy. Je mis un moment à comprendre qu'il s'agissait de mon nouvel emploi du temps:

ALENA SHELDON, 1ère année

1ère heure: littérature, Mme Warren, salle 461.

2ème heure: espagnol, Mme Cordélia, salle 230.

3ème heure: course, Mr Ashton.

PAUSE DEJEUNER

4ème heure: sociologie, Mme Pandéia, amphithéâtre.

5ème heure: tir à l'arc, Mme Ludmila, gymnase.

-Du tir à l'arc? De la sociologie? C'est quoi ces trucs? m'écriai-je, stupéfaite.

-Du calme! Tu verras, c'est cool! Et puis les cours commencent à neuf heures ici! me rassura-t-il.

Davy se figea soudainement. Il porta une main à ses lèvres avant d'hurler:

-Déesse! Ton tatouage!

-Quoi? Qu'Est-ce qu'il y a?

Je me ruai dans l'entrée, où se trouvait un grand miroir, entouré de moulures argentées. J'observai mon front, terrifiée. Le tatouage n'avait pas changé, si ce n'est qu'il s'était complètement rempli. Davy apparut derrière moi, l'air désolé.

-Je voulais pas te faire peur, mais c'est juste que la plupart d'entre nous sommes nés avec ce tatouage, alors c'est surprenant de le voir se développer. Mais rassure-toi, c'est normal. Enfin, bref, je vais te laisser à ton intimité. Bonne nuit, Alena.

-Merci, toi aussi Davy.

Il referma la porte avec douceur. Je traversai le couloir tapissé de tapis et entrai dans une pièce aux murs pales. Elle était meublée d'un lit une place, recouvert d'une couverture rose et verte, d'une table de nuit en bois, d'un bureau ainsi que des étagères et une grande armoire. Je posai mon PC sur mon bureau, mis à charger mon téléphone, disposai mes quelques affaires sur les étagères avant d'entrer dans la salle de bains, juste à coté. Je me démaquillai puis enfilai une chemise de nuit assez mignonne, avec des têtes de chats. Bizarrement, elle m'allai comme un gant, comme - du moins je le supposais-, tous les vêtements qui m'étaient fournis. C'était assez flippant, quoique réconfortant. J'avais l'impression qu'ici, je trouverai ma place. Enfin.


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