thank you - hs. (I)

1.

Je pose mes doigts sur les photos collées dans l'album posé sur mes cuisses. Je les regarde une par une en examinant chaque détail.

"Et là, alors?" demandais-je en montrant du doigt le visage de ma mère recouvert de tarte.

"C'était le jour de son anniversaire, rit-il, nous lui avions fait sentir le gâteau et... tu sais la suite."

Je secoue la tête en souriant.

La porte d'entrée s'ouvre puis se claque brusquement. Le visage de James, en face de moi, se raidit tandis que je fronce les sourcils.

"Bonsoir Harry." lance James.

"Ouais." répond le concerné d'un ton froid, depuis la cuisine.

Je regarde James, l'air interrogateur.

"J'aurai aimé te le présenter dans d'autres conditions, m'explique t-il, mais voici Harry, mon fils."

J'hoche la tête.

Harry, justement, sort de la cuisine au même moment. Mon cœur rate un battement quand nos yeux se croisent.

Il est grand. Vraiment grand, par rapport à moi. Son jean noir lui affine les jambes et son t-shirt blanc est presque transparent, ce qu'il fait que ses tatouages au niveau de son torse de voient. Enfin, je ne vois qu'une tâche noire mais j'en déduis que ce sont des tatouages puisque tout le long de son bras, il y en a. Ses cheveux longs bouclés lui arrivent au épaules.

"Rose?"

À l'entente de mon prénom, je tourne la tête, sortant de mes pensées.

"As-tu terminé?" me demande James, faisant référence à l'album photo.

"Oh, oui, reprends-le."

Je me lève, me dirigeant vers l'entrée. Sentant les yeux d'Harry sur moi, je me tourne vers lui. Il reste appuyé contre l'encadrement de la porte, les bras croisés sur son torse.

Quand j'atteins la porte, James me l'ouvre en souriant. Je passe la porte et me retourne pour être face à lui.

"Merci beaucoup de me laisser venir t'en parler, débutais-je, je n'ai pas beaucoup de souvenir d'elle et j'aimerai la connaître un peu plus."

"C'est tout à fait normal ! Repasse quand tu le voudras, m'offre t-il, et fais attention à toi."

J'hoche la tête, "promis."

Sur ces mots, je pars rejoindre ma voiture. Une fois dedans, je fais demi-tour dans la cour de la maison de James et je repars chez moi.

Si je me rends aussi souvent chez James, c'est parce qu'il était un ami de ma mère. Ma mère biologique. Qui est décédé. Je ne l'ai malheureusement pas connue. Cela fait maintenant trois ans que je sais que j'ai été adopté et trois ans qu'elle n'est plus là. Je ne l'ai vu que deux fois, à l'hôpital.
C'est donc là-bas que j'ai rencontré James qui m'a expliqué qu'il était un ami d'enfance à Cathie, ma mère.

En ce qui concerne mon père biologique, je n'ai pas de nouvelles. J'ai ses coordonnées alors j'en avais profité pour lui envoyer des messages mais je n'ai jamais eu de réponses. Alors j'ai fini par abandonner et je crois bien que la dernière fois quand je lui ai envoyé un message c'était il y a un an.

Mes parents adoptifs s'appellent William et Judy. Ils habitent maintenant a Los Angeles. Quand ils m'ont dit, le jour de mes 17 ans, que j'avais été adopté, je l'avais très mal prit. Je leur en voulais de m'avoir caché la vérité, c'est pourquoi j'ai fait tout ce qu'il ne fallait pas faire. J'ai bu, je me suis droguée, je suis sortie avec des amis qui ne me voulaient que du mal, j'ai volé, enfin bref. Tout ce qu'il ne fallait pas. J'ai encore quelques problèmes avec l'alcool mais rien de très important.

Aujourd'hui, j'ai vingt ans. La période "rebelle" comme on pourrait l'appeler, est passée. Je suis plus autonome et j'habite dans mon propre appartement que je paye avec mon propre argent car je travaille dans un café, non loin du centre de la ville de Londres. J'ai un petit ami, Brad, depuis quatre mois maintenant.

Une fois arrivée chez moi, je prends rapidement l'ascenseur et j'entre en refermant la porte derrière moi.

"Te revoilà, enfin." la voix de Brad fait écho jusque dans l'entrée.

J'enlève mon blouson et je me rends dans la cuisine où Brad fait le dîner.

"Désolée de ne pas t'avoir prévenue."

"Je t'ai envoyé des centaines de messages, il râle en posant ses mains sur ma taille, mais tu es là maintenant."

Je lui souris. Il passe sa main dans sa poche et en sort un petit papier.

"J'aimerai te parler, Rose."

"Je t'écoute?" mes sourcils se froncent.

"Je ne sais pas comment commencer, lâche t-il suivit d'un rire nerveux, mais je trouve qu'en ce moment tu bois... Comme avant."

Je me retire immédiatement de son emprise et mon sourire disparait.

"Pardon?"

"Ne le prend pas mal, je t'en supplie mais j'aimerai que tu–"

Il me tend une carte et je lui arrache des mains, le coupant dans sa phrase. Mon cœur rate un battement quand je lis ce qu'il y a d'écrit dessus.

"C'est une blague?"

"Non. Il y a deux semaines, pour l'anniversaire de ma sœur, tu as terminé ivre comme je n'ai jamais vu"

"Mais c'était–"

"Ensuite, me coupe t-il sèchement, je t'ai retrouvé ivre à nouveau, la semaine dernière, et ça aurait pu être pire si je ne t'avais pas arrêté car tu aurais continué."

"Tu ne peux pas faire ça."

"Bien-sûr que si je le peux puisque je les ai appelés et ils t'attendent demain à dix heures."

Je lui lance un regard noir, "je ne suis plus une gamine, je n'ai pas besoin de rejoindre ce groupe d'alcooliques anonymes."

"Ce n'est pas que tu es une gamine, c'est que je m'inquiète pour toi."

Quoique je dise ou quoique je fasse, Brad sera toujours derrière moi et honnêtement, je n'en peux plus. J'ai l'impression de ne plus pouvoir vivre comme je le veux. Chacun de mes faits et gestes sont contrôlés et surveillés par lui. C'est exaspérant.

"J'irai" souriais-je faussement.

"Une seule fois, au moins. Tu y vas et tu regardes si tu te sens bien ou pas."