Les enfants de Toulghar, tome 3, la domination

Chapitre 11

L

es Yatos arrivent aux portes du village Alfat. C'est la précipitation, tout le monde se bouscule pour les accueillir. Lisbeth et Wilmer sortent immédiatement de la grotte, alertés par le bruit. Ils accourent vers leur fils et le serrent dans leurs bras.

—Où étais-tu ? demande Lisbeth. Nous étions morts d'inquiétude. Est-ce que tu vas bien ?

—Ne t'inquiète pas, je vais bien. Heureusement que les Yatos étaient là.

—Mais je ne comprends pas ! s'étonne Wilmer. Tu es parti chasser vers le sud, comment t'es-tu retrouvé dans le royaume d'Agus ?

Resté légèrement en retrait, Nolhan est parfaitement conscient de ce qu'il vient de se passer. D'un air inquiet, il s'avance lentement vers Taï et lui prend la main.

—Tu viens d'entrer dans une nouvelle phase de ta vie, lui dit-il. Suis-moi nous avons à parler.

Il regarde les visages de ses parents quelque peu abasourdis.

—Venez aussi, il faut préparer votre fils pour l'avenir.

La tête servant de tronc pivote en direction des trois Yatos.

—Quant à vous mes amis, vous avez dû faire un long voyage et vous devez être affamés. Nous allons pallier à vos besoins, vous êtes ici chez vous.

Regagnant l'entrée de la grotte, ils se fraient un chemin parmi les nombreux Alfats s'amassant autour d'eux. Arrivés dans la salle du chef, ils prennent place autour d'un petit feu situé au centre. La fumée qui se dégage s'échappe par une cavité creusée dans le plafond. Une douce chaleur accompagnée d'un parfum de fleurs sauvages émane du brasier. L'ambiance tamisée rend l'atmosphère particulièrement sereine. Les parents de Taï attendent inquiets le récit de leur fils. Durant de longues minutes, celui-ci leur raconte ses aventures jusqu'à sa rencontre avec les licornes.

—Encore une des créatures légendaires de notre monde ! s'exclame Wilmer.

—Certes ! répond Nolhan. Mais je doute qu'elle ait un rapport avec celles de Toulghar. Dans les terres inconnues, la plupart des créatures sont redoutables.

—C'est exact, dit Taï. J'ai bien failli y laisser ma peau.

Il continue son périple, décrivant les lianes qui les ont attrapées, lui et la licorne pour les dévorer. L'énergie l'a recouvert au moment où il perdait connaissance, puis il s'est retrouvé agonisant dans le froid quelques milliers de kilomètres plus loin. Nolhan fronce les sourcils, puis regarde Lisbeth et Wilmer.

—Il ne doit plus courir ce type de danger, je veillerai à ce que cela ne se reproduise plus.

—Et de quelle façon ? demande Wilmer.

—Je dois l'aider à maîtriser ce don. Taï, tu vas m'accompagner dans la forêt. Il semble que les passages que tu ouvres se créent dans des moments de stress intense. Tu dois apprendre à maîtriser ce stress et dégager cette énergie en temps utile. Mais le plus inquiétant dans tout ça, c'est que tu risques de perdre le contrôle de ce pouvoir et de partir sur Terre. Tu n'y es pas encore prêt.

Quelques minutes plus tard, sous le regard attentif de ses parents, Taï s'enfonce dans la forêt, accompagné de Nolhan. Le vieil Alfat a bien du mal à avancer parmi les hautes fougères, il se cramponne fermement à sa canne, tandis que son apprenti lui ouvre la voie. Soudain un bruit étrange l'arrête dans sa course. Immédiatement, Taï écarte les bras en guise de défense pour Nolhan. Sans dire un bruit, il scrute l'horizon à la recherche du moindre indice. Les feuilles recouvrant le sol se mettent à onduler et des lianes jaillissent de toutes parts. Elles se regroupent en une masse végétale à quelques centimètres de lui, puis elles prennent la forme d'un humain. Nolhan s'interpose.