Les enfants de Toulghar, tome 3, la domination

Chapitre 16

S

ous une chaleur accablante, les plaines du royaume d'Ebes profitent de leurs derniers instants de tranquillité. Un groupe de trois garous est en marche pour alerter les Grils. Assoiffés, ils peinent à progresser sous le soleil ardant. Plus au nord, dans le royaume d'Agus, leurs congénères lutent quant à eux, contre le froid. Tous avancent malgré le climat, vers leur objectif. Ils refusent de ralentir, car ils ne voudraient pas faillir à leur mission. D'un côté le blizzard se lève, de l'autre une tempête de sable. C'est à croire que les éléments se déchaînent sur eux, afin de mettre à mal la mission qu'ils se sont donnée, rassembler les peuples et les mettre en lieu sûr. Pendant ce temps, les Alfats qui ont terminé de rassembler des vivres, quittent leur village une fois de plus. La tristesse est visible sur leur visage, ainsi que la crainte d'un avenir sombre. Le groupe est mené par Nolhan, assis dans le creux d'une main d'un griiar. Les géants de pierres les rejoignent au fur et à mesure de leur évolution dans la forêt. Paykaw, le palbéras, ferme la marche. Il s'assure qu'il ne manque personne à l'appel et ratisse le sol afin d'effacer toute trace de leur passage. À la cime des arbres, les Elfus scrutent l'horizon pour leur montrer le chemin jusqu'aux chutes d'eau remontantes. Les humains sont dans le groupe de tête, marchant tranquillement vers l'inconnu.

—Tu as l'air soucieux, demande Lisbeth à son fils.

—Un peu, oui, lui répond-il. Je n'arrête pas de penser à ce que nous allons trouver là-bas. Les sauraux vont bien finir par nous retrouver un jour et ces paroles que m'a dit Nolhan un jour sur mon avenir. Les anciens ont élaboré un plan me concernant, j'aimerai bien savoir lequel.

—Je te comprends Taï. Moi aussi je me pose un tas de questions, et il y a cette ...

—Cette quoi ? demande Taï.

—Cette prophétie, répond Nolhan perché sur la griiar. Au point où nous en sommes, tu peux lui dire.

—Eh bien, les anciens autrefois t'ont fait un don. Ils ont également donné une prophétie à Nolhan ainsi qu'à nous. Voilà ce qu'elle disait : « Ce qui fut n'aura pas été, quand celui qui est n'aura jamais existé ». Des fois je me dis qu'elle parle de toi et ça me fait peur. Bien plus que l'invasion des sauraux.

—Ne t'en fais pas maman, tout ira bien. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi le fait que je n'ai jamais existé change quoi que ce soit aux évènements, si ce n'est à une victoire certaine de ces monstres.

Nolhan, continue de suivre leur conversation. Plongé dans ses pensées, il reste perplexe. Pour lui cette prophétie n'est pas bien interprétée. Nils lève les yeux vers le chef des Alfats. Il sait que quelque chose le perturbe. Ce regard sombre, il ne l'avait pas vu depuis bien longtemps. Durant de longues heures, le convoi poursuit sa route vers le sud du royaume. En fin de journée, ils sont à mi-chemin et décident d'établir un camp pour la nuit. La plupart des Alfats sont épuisés, non pas par cette longue journée de marche, mais leur moral est au plus bas. Taï a bien conscience de tout cela, il ne cesse de revoir ce moment où il a failli dérober le Molvar. Si seulement il avait réussi, rien de cela ne serait arrivé. Au lieu de ça, il doit emmener des milliers de Toulghariens vers une région hostile pour échapper au pire. Fatigué lui aussi, il grimpe sur l'épaule d'un griiar et s'isole du groupe comme il le faisait étant petit. La nuit tombe, il s'endort paisiblement sur le géant. Pendant ce temps, Wilmer, Lisbeth et les autres se sont regroupés autour d'un feu de camp. Ils discutent de leurs futures journées et des épreuves qu'ils devront affronter.

—Je ne suis pas prêt d'oublier ce qu'il y a dans la mer de sable, dit Wilmer.

—Oui, la dernière fois que nous y avons été, on a bien failli mourir, répond Zack.