Blindness || jjk ; kth ||

XIV

- Je suis là Kook. Maintenant, je suis avec toi.

Le temps se ralentit. Le temps s'accélère.

L'air est glacial. L'air est brûlant.

La réalité se confond avec le rêve.

Je ne différencie même plus le vrai du mensonge.

Cet instant, les bras de Yoongi autour de moi, son souffle se répercutant contre ma nuque tremblante. Ce moment est hors du temps.

Hors de l'espace même.

Confiné dans un monde à part.

Un monde où je suis en sécurité.

Un monde où je suis seul.

Un monde où je suis moi.

Le sol sous mes pieds n'existe plus. Le ciel au dessus de nous s'envole encore et encore plus loin. L'obscurité seule nous entoure. Mais ce n'est pas une obscurité effrayante et oppressante. Elle n'est pas malsaine.

Elle est pure et lisse. Elle est chaude et rassurante. Elle est belle. Elle pense mes maux et me fait oublier ma douleur.

Un peu plus, de quelques millimètres à peine, les derniers restants, je me rapproche de Yoongi, plaquant mon corps au sien. Tentant de partager cette chaleur. La chaleur de ce contact presque irréel.

Mes doigts s'accrochent fermement à son pull alors que mes larmes redoublent. Dans ces pleurs, je déverse tout. Toute ma haine. Toute ma colère. Tout mon désespoir.

Je voudrais hurler, crier, insulter cette foutue planète, mais ma gorge est bloquée. Bloquée par mes nerfs qui se contractent de partout. Mes membres se tendent et j'ai mal.

Petit à petit mes forces me quittent. L'épuisement m'assène ses derniers coups de massue. Et je laisse tout cela se produire. Je n'ai plus envie de lutter en vain contre des choses qui au final me feront peut être du bien.

Céder pour une fois. Accepter la fatalité que j'ai toujours voulue haïr.

- Jungkook tu es en train de tomber.

La voix de Yoongi est lointaine, mais proche en même temps. Je sens ses lèvres frôler le lobe de mon oreille et je frissonne. Puis, d'un seul coup, je me sens de nouveau la terre ferme sous mes pieds qui défile. Lentement, pour quelques mètres seulement. Et finalement, je tombe.

Je m'écroule jusqu'à ce que mon corps bute lourdement sur une assise. Sur le banc de la dernière fois.

L'espace de quelques secondes, le froid solitaire m'entoure de nouveau et immédiatement, je panique. Jusqu'à ce que finalement, la chaleur réapparaisse comme par magie.

L'épaule de Yoongi frôle la mienne, et le contact ne se défait pas, il s'amplifie même. Sa main glisse lentement vers la mienne et ses doigts entourent les miens prudemment. Ses phalanges longent les miennes, tentant parfois le contact avec l'intérieur de ma paume. Et tout ça, avec une extrême prudence.

Comme si à chaque contact, je pouvais me briser prématurément. Il me touche, m'effleure avec une appréhension presque palpable. Son souffle, toujours dans le creux de mon cou, me rend fébrile et je frissonne une énième fois.

- Je suis fatigué Yoongi. Fatigué de ce monde. Fatigué de tout.

Ma voix n'est plus qu'un triste murmure à peine compréhensible. Mais pourtant, au fond de moi, je sais que Yoongi a compris. Chacun de mes mots. Sa main se referment un peu plus sur la mienne. En silence, il se contente de s'accrocher encore à moi, sans intention de me lâcher.