Chapitre 34

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Plus je m'éloigne d'Alexandria et plus je me sens perdue. Mon visage ne doit pas être joli à voir, mais curieusement Negan a la délicatesse de ne faire aucune remarque. En même temps, vu mon état, il ne vaut mieux pas.

Pendant toute la route, je me repasse sans cesse les paroles de Daryl, en revoyant ce visage que j'adorais, me regarder avec une froideur et une distance que je ne lui connaissais pas. Mes larmes montent dangereusement mais je me contiens. Je ne dois en aucun pleurer. Je comprends qu'il soit fâché que je sois sortie de ma cachette. Mais de là, à me repousser aussi violemment, je ne m'y attendais pas. Bien que les paroles de Carol me réconfortent et me donnent de l'espoir pour notre famille. C'est comme si, en trois jours, il avait fait un trait sur moi, sur nous après tout ce que nous avions traversé.

Je dois être forte pour Beth, pour lui, mais le fait de ne voir aucun signe de sa part avait fendu l'armure que je portais pour tout assumer et continuer à avancer. Une fois rentrée à Alexandria nous allions régler non compte Monsieur Dixon, me dis – je simplement.

Contrairement à ce que je pensais le trajet du retour est plus rapide. Le fait d'être perdue dans mes pensées a du aider. L'idée d'être seule dans cette chambre aussi accueillante soit – elle ne m'emballe pas . . . mais alors pas du tout.

Quelques jours passent, une semaine pour être exacte, depuis mon retour d'Alexandria. J'ai toujours la même routine qui dans un sens me permet de ne pas sombrer. Je me lève, me prépare, déjeune, lis et bavarde avec Eva quand elle me rend visite. En général, au moins une fois par jour. J'avoue que pour moi, elle est une aide précieuse pour supporter cet enfermement. Car bien sûr, je n'ai toujours pas le droit de sortir car ma porte reste fermée à clé en permanence. Lors de nos nombreuses discussions, Eva m'a expliquée pourquoi elle avait accepté d'épouser Negan. Son jeune frère a subi une transplantation cardiaque avant l'apocalypse. Pour survivre il a besoin d'un traitement anti – rejet, ce qui est devenu difficile à trouver à notre époque. Mais bien sûr pas pour Negan.

Dans un sens j'admire Eva, elle accepte son sort avec le sourire et fait avec du mieux qu'elle peut avec les cartes qu'on lui a distribuées. J'aime ces grandes discussions entre filles, mais d'un autre côté j'aurais aimé poursuivre la conversation commencée avec Negan sur le fait qu'il n'était pas venu me rechercher.

_ Luce, . . . Luce, tu ne m'écoutes plus, dit – elle avec uns sourire compréhensif en agitant sa main devant mes yeux.

J'apprécie énormément qu'elle m'appelle Luce et non pas Lucille. J'avais abandonné ce prénom quand il m'avait laissé, il appartenait à une autre et j'avais changé. Mais elle ne m'appelle comme cela que quand nous sommes seules. Quand elle parle à quelqu'un dans le couloir je l'entends dire Lucille. Elle est intelligente, dans un sens, elle me fait un peu penser à Maggie.

_ Oh, désolée, répondis -je simplement.

_ Tu es encore à Alexandria, reprend – t – elle en secouant la tête en signe de désapprobation. Luce, tu vis ici maintenant, et plus vite tu t'habitueras et plus cela sera facile pour toi, finit – elle en me regardant droit dans les yeux.

_ Eva, non, . . . je . . . je n'étais pas à Alexandria, dis – je en rougissant.

_ Alors à quoi ? . . . ou à qui devrais – je dire ? Demande – t – elle curieuse et enjouée.

_ Et bien, depuis que nous sommes rentrés, je ne l'ai pas vu. Pas une seule fois, . . . il y a un problème, demandais – je un peu hésitante.

_ Non rassure toi, me dit – elle avec un sourire en coin, il est juste très occupé . . . tu veux que je lui parle ?

_ Non, non ce n'est pas la peine, . . . par contre j'aurais une faveur à te demander.

_ Je t'écoutes.

_ Je voudrais voir le ciel. Je vais devenir folle enfermée entre ces quatre murs . . . j'ai besoin de voir le ciel, de sentir le soleil . . . tu comprends ?

_ Allez viens, dit – elle en se levant avec un sourire en me tendant la main.

_ Où . . .

_ Se promener, me dit – elle, prends une veste, il fait un peu froid dehors.

Je suis Eva dans le labyrinthe des couloirs du Sanctuaire. Puis elle s'arrête et ouvre une porte. J'apprécie la caresse du vent sur mon visage même si ce dernier est frais. Je ferme les yeux pour en profiter pleinement. Eva interrompt ce moment en m'expliquant qu'elle doit passer voir le médecin pour récupérer les médicaments pour son frère. Elle me dit qu'elle n'en a pas pour longtemps.

Quand la porte se referme derrière elle. J'observe les alentours. Si je voulais, je pourrais essayer de m'enfuir. Mais cela aura des répercutions pour Eva, pour son frère qui dépend entièrement d'elle, pour mon groupe, car c'est sûr que c'est là - bas qu'ils iraient me chercher en premier. Et je ne parle même pas de ce qui pourrait m'arriver s'il me reprenait en vie.

Alors j'inspire profondément et calmement avant de rentrer dans ces couloirs sombres et humides. Je dois avant tout penser à la survie de ma famille, de ma fille. J'essaie de retrouver mon chemin dans ce dédale de couloirs mais c'est peine perdue. Je finis par croiser un homme vêtu d'une blouse blanche.

_ Excusez moi, je cherche ma chambre, . . . je suis Luce, enfin Lucille, finis – je par articuler.

_ Bonjour Lucille, je suis le médecin du Sanctuaire, le docteur Carson, suivez moi, je vous raccompagne chez vous, poursuit – il gentillement.

_ Merci, . . . Carson, il y a un lien avec le Carson de la Colline ?

_ Oui c'est mon frère, me répond – t – il avec un sourire plein de douceur, vous le connaissez ?

_ De nom simplement, me repris – je, je suis allée à la Colline une fois avec mon groupe, continuais – je de façon un peu plus évasive.

_ Ah, d'accord, termine – t – il un peu déçu.

Puis nous bavardons de tout et de rien jusqu'à ma porte. Il me donne deux ou trois astuces pour apprendre à me repérer dans ces longs couloirs. Puis il s'arrête devant ce que je suppose être ma chambre, les portes étant identiques, difficile à savoir.

_ N'hésitez pas à venir me voir, même si tout va bien, juste pour discuter, puis il poursuit son chemin.

Je prends une grande inspiration et me prépare mentalement à affronter une fois de plus la solitude. Quand j'ouvre la porte, Negan est là, allongé sur le lit, yeux fermés. Je ferme la porte doucement ne sachant pas s'il s'est endormi. J'en profite pour le regarder. Il est calme, détendu, serein, presque comme avant en fait.

_ Que fais – tu là ? Demandais – je doucement. Cela fait une semaine que je ne t'ai pas vu.

_ Toi . . . toi que fais – tu là ? Me demande – t – il en se redressant.

_ Je ne comprends pas, dis – je ne voyant pas où il voulait en venir.

_ Tu aurais pu partir, te sauver, . . . il s'avance vers moi avec une démarche de prédateur. Et pourtant tu m'es revenue . . . pourquoi ?

Je baisse les yeux, ne sachant pas quoi dire. Je n'ai aucun signe de ma famille et ici je trouve mes marques doucement. Je lui dis alors la seule réponse honnête que je peux lui faire. Car moi – même je ne sais pas où j'en suis.

_ Je ne sais pas . . . Negan . . . je ne sais pas, dis – je doucement en baissant la tête.

Il m'enlace tendrement et me caresse le dos en me disant tendrement.

_ Je sais que la situation est compliquée pour toi, . . . mais je suis heureux que tu sois là, ma puce.

J'avais toujours adoré ce surnom, car à côté de lui, à cause de son mètre quatre – vingt – dix, je semblais minuscule. Je ferme alors les yeux et me laisse aller contre ce torse familier et rassurant.

The Walking Dead Luce ReedWhere stories live. Discover now