Chapitre 3 : Celle-là, elle est partie toute seule

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Camille

J'entrai dans mon appartement après avoir salué Liam qui avait insisté pour me raccompagner. Le garçon avec qui je venais de passer un peu de temps était complètement différent de celui d'hier soir. Il m'avait tout de même donné son numéro, ou plutôt, il avait pris le mien. Il avait insisté pour payer la prochaine fois que nous nous verrions. Au fond de moi, je savais qu'il ne deviendrait jamais plus qu'un simple ami.

Enfin... Je m'installai dans mon canapé avec un paquet de cookies à la main, puis allumai la télé. Je changeai plusieurs fois de chaîne, mais, à cette heure-ci, c'était à peu près les mêmes programmes partout : des émissions où les gens racontaient leurs problèmes, de la télé-réalité, les informations ou encore les dessins animés. Après tout, personne n'était avec moi. Personne ne pouvait me juger. Je restai donc sur la chaîne de dessins animés. Je fixais l'écran, sans pour autant y prêter attention.

Il devait être environ quatre heures, et je ne savais pas quoi faire. Je pris mon téléphone et hésitai un instant avant de le reposer. Non, il ne faut pas que je lui envoie de message. Je ne savais pas exactement pourquoi, mais, au fond de moi, quelque-chose me disait que ce n'était pas une bonne idée. Je posai le paquet de cookies pratiquement vide sur la table et me levai pour me diriger vers la salle de bain. Mon taudis était tout de même doté d'une baignoire dans laquelle je fis couler un bain chaud et moussant. Le délicat arôme de miel et de lilas vint chatouiller mes narines et je retirai mes vêtements avant de me glisser dans la baignoire. Je fermai les yeux et laissai mon corps se prélasser au mouvement des légères vagues produites par ma respiration. Par moment, j'avais presque envie de me laisser glisser et d'être engloutie dans l'eau à tout jamais pour avoir la sensation d'être libre.

À présent, l'eau qui dansait autour de moi était froide et le doux parfum de miel et de lilas avait disparu. J'ouvris les yeux et jetai un coup d'œil à la pendule qui était suspendue à côté de mon miroir. Je fus prise d'un sursaut lorsque je remarquai que les aiguilles du cadran indiquaient qu'il était 8 heures passées. Ainsi donc, je m'étais endormie dans mon bain. Cela n'avait rien de surprenant. En revanche, ce qui l'était, c'était que j'y étais restée presque quatre heures ! Je savais que je manquais de sommeil. Depuis le décès de ma mère, je ne cessais de faire des cauchemars, de me réveiller en sueur ou en hurlant, parfois les deux. Johnny l'avait bien remarqué. Il y avait des journées entières que je passais avec d'énormes cernes dessinées sous les yeux. Cependant, je ne voulais rien lui dire pour ne pas l'inquiéter.

Je sortis de mon bain, me glissai dans un peignoir, trop grand pour moi, et enroulai une serviette autour de mes cheveux trempés. Je retournai dans ma cuisine et ouvris le frigo pour me préparer quelque-chose à manger. Du poulet et une salade de tomates feraient très bien l'affaire. Je me mis aux fourneaux et quand tout fût fin prêt, je m'assis à la petite table qui trônai au milieu de la pièce et commençai à manger.

Je mis mon assiette et mes couverts dans le lave-vaisselle avant de mettre les restes de poulet et de salade dans le frigo. J'allai ensuite dans ma chambre, enfilai un vieux t-shirt et un mini short de jogging, puis me glissai à l'intérieur de mon lit. J'étais fatiguée. Cette fatigue m'était tellement devenue habituelle que je ne la ressentais pratiquement plus durant la journée. J'évacuais le tout le soir, dans mon lit. Mes paupières se fermèrent lentement, par crainte de m'endormir.

Je marchais dans ce couloir sombre. J'avançais vers ce petit point de lumière qui semblait s'éloigner de plus en plus, au fur et à mesure que je m'en approchais. Je commençais à suffoquer mais mes jambes ne pouvaient s'arrêter d'avancer. L'oxygène me manquait, je ne pouvais presque plus respirer. Je voulais tomber à terre, reprendre mon souffle, essayer de percevoir la moindre particule d'air respirable, mais le rythme de mes pas s'accélérait. Je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps. Quelque-chose m'attrapa brusquement la cage thoracique et me tira vers l'arrière. J'avais l'impression de brûler intérieurement, comme si chacun de mes organes s'embrasait, se consumait. Le couloir sombre dans lequel je me trouvais disparut pour laisser place à une immense pièce d'un blanc éclatant, presque aveuglant, dont on ne pouvait pas discerner le sol du plafond, ni même les murs. Je l'entendais, encore une fois. J'entendais cette voix féminine et lointaine qui appelait mon nom et qui me suppliait de l'aider. C'était ma mère. Je me mis instinctivement à la chercher du regard. Je me laissai guider par le son de sa voix. J'aperçus une silhouette lointaine, c'était elle. J'en étais absolument sûre et certaine. Instinctivement, je courus vers elle. Je pouvais désormais percevoir son visage. Elle me tendit sa main, je voulus l'attraper mais juste avant que nos doigts ne se frôlent, je vacillai et tombai dans le vide.

Hurting Love • l.p - Tome 1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora