Chapitre 28 : Un ami

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Camille

- Seattle, tu me dis ? répéta-t-il.

- Oui. C'est ce qu'elle m'a dit. Et elle s'appelle Isobel Sommers. C'est sa sœur. Il faut que je trouve un travail... dis-je.

- Pourquoi ? s'étonna-t-il.

- Pour pouvoir me payer mon billet et je ne vais pas passer toute ma vie à rien faire...

- Mais tu n'en as pas besoin... Je peux payer, moi...

- Tu es un amour, mais non. Tu ne vas plus rien me payer du tout.

- Mais j'ai les moyens de nous y emmener tous les deux, bébé...

- Justement, Liam ! Comment tu les as, les moyens ?

Je ne voulais pas poser cette question. Pourtant, je l'avais fait. Un long silence s'ensuivit par la suite. Il me fixait sans vraiment me regarder. Son regard était vide.

- Je t'emmènerai, conclut-il.

Il se leva, me tourna le dos et partit dans le couloir, me laissant seule sur le canapé. Il entra dans sa « salle de sport ». Depuis que je vivais ici, je ne l'avais jamais vu en pleine action. Il refusait toujours que je le regarde. Il n'y avait rien d'intéressant, selon lui. Liam était vraiment devenu distant depuis l'incident de la fête. Il n'osait même plus me toucher. Il ne m'embrassait pratiquement que pour me dire bonjour, et le soir, dans le lit, il se mettait en boule de son côté. Il ne parlait plus à Zayn. Bien qu'il ait tenté de s'excuser, Zayn l'avait envoyé bouler. Et pour tout dire, cela se comprenait. C'était peut-être ce qui le rendait aussi malheureux, au fond. En revanche, j'étais toujours aussi proche de Zayn. Liam ne savait pas que je gardais contact avec lui et je ne voulais pas lui dire par peur de le blesser ou de le rendre jaloux. J'étais vraiment seule en ce moment. Bien évidemment, quand c'était moi qui voulait l'embrasser, il ne me repoussait pas, mais ses baisers n'étaient pas passionnés. Il ne passait plus ses mains dans mes cheveux, ne les faisait plus glisser dans mon dos, ne saisissait plus mon visage, ne me caressait plus, ne me serrait plus contre lui non plus. C'était comme s'il voulait établir une certaine distance de sécurité entre nous. Dans l'histoire, ça aurait dû être mon rôle de le repousser et d'être aussi distante. Seulement, je le lui avais pardonné parce que je savais que tant qu'il ne toucherait pas une goûte d'alcool, il serait l'homme le plus doux du monde avec moi. Enfin, dans les circonstances actuelles, il était surtout l'homme le plus rempli de culpabilité du monde. Il savait que je ne lui en voulait plus, il savait que pour moi, tout était redevenu comme avant. Du moins, presque tout. Certes, je ne pourrais jamais effacer cet horrible épisode de ma mémoire, mais quand on aimait quelqu'un, quand on aimait une personne à s'en transpercer le cœur, on pardonnait et on apprenait à vivre avec, surtout quand ce n'était pas de sa faute. Je devais lui dire tout ce que je ressentais. Je me décidai à aller le rejoindre pour lui parler. Lorsque je tentai d'ouvrir la porte, je me rendis compte que celle-ci était fermée à clefs. Pas besoin de tenter d'aller plus loin. Il n'avait clairement pas envie de me parler. Je retournai désespérément dans le salon, enfilai mes bottes, ma doudoune, mon écharpe, mes gants et mon bonnet, attrapai mon sac et mon téléphone puis sortis de la maison. Je marchai jusqu'au centre-ville enneigé et allai m'installer tranquillement dans un café. Alors que je m'apprêtais à dire ma commande au serveur, quelqu'un d'autre le fit à ma place.

- Un chocolat gourmand et un café au lait, s'il vous plaît.

- Zayn ? m'étonnai-je.

- Le seul et l'unique !

Je me levai et le serrai dans mes bras. Il avait toujours des séquelles de son combat avec Liam. Il avait une cicatrice au coin de la lèvre et une autre au niveau de l'arcade.

Hurting Love • l.p - Tome 1Where stories live. Discover now