HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

33/ Connaissance.

***

Je pince mes lèvres, le téléphone coincé contre l'oreille. J'ai bien conscience des regards interrogateurs de Blondinet et Kim Jong sur moi mais putain, je m'en tape littéralement pour le coup.

Nous sommes dimanche et, étant donné que j'ai passé la semaine chez Theresa, c'est chez mon père que je passe la suivante. Comme tous les dimanches où je suis censée aller chez lui, il passe me chercher aux alentours de 17h30.

Sauf qu'il est 17h30 passées, et que je suis à une bonne trentaine - voire plus - de minutes à pied de chez moi.

Fait chier. Tout ça pour un branleur qui n'est pas foutu de surveiller sa soeur.

- Bah alors Championne, t'as oublié qu'on était dimanche ? demande la voix de mon paternel au téléphone.

- Carrément, je marmonne.

Pour échapper aux regards inquisiteurs des deux cons, je leur tourne leur dos. Mon père reprend d'un ton faussement innocent.

- Ta mère m'a dit que tu étais sortie avec un blondinet et que t'étais pas rentrée depuis. Tout va bien ?

Et merde.

Je grimace. Si je n'ai pas parlé de Blondinet à mon père, c'est parce que je souhaitais être tranquille. Mon paternel n'est pas trop protecteur : il aime juste faire peur. Cependant, il est curieux, et je sais qu'il va se montrer gênant s'il rencontre Blondinet.

Il le rencontrera pas, de toute façon ! C'est hors de question !

Une petite main chaude se glisse dans la mienne. Ce contact me rappelle quelques souvenirs. Lisa, la petite sœur de Kim Jong, me regarde de ses yeux noirs en amande. Son visage est sali par des traces de terre mais elle n'est apparemment pas blessée, à part quelques petites égratignures sur les bras. Lorsqu'elle me sourit, je sors de ma transe et réponds à mon père.

- Ouais, ça va.

- C'est cool, enchaîne-t-il sans me laisser le temps d'en placer une. Je viens vous chercher, vous êtes où ?

Hein ? « Vous » ?!

- Pas besoin, je vais..

- Heather Meredith Fayce, j'exige de savoir où vous êtes. Maintenant. Sinon, je géo-détermine ta position à partir de ton cellulaire.

Je pouffe de rire, sachant pertinemment qu'il déteste lorsqu'on se fout de sa gueule.

- On dit géo-localiser.