HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

68/ Se retrouver.

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NATHAN / BLONDINET.

Je n'ai pas pu fermer l'œil depuis mon altercation avec Heather. Depuis ce matin, je suis étalé dans son lit comme une larve, un de ses t-shirts entre les mains. J'inspire son odeur comme si elle était là, même si la colère n'est que partiellement retombée. Elle n'y est pour rien, c'est vrai, mais sur le coup, elle m'a paru être le réceptacle idéal à ma haine.

Ça ne m'empêche pas de culpabiliser. Henry est venu me voir à midi, pour me proposer de venir à table. J'ai refusé. J'avais honte de m'être comporté ainsi, avec sa fille, sous son toit. Elle ne méritait pas ma colère, ou du moins, pas cette fois.

Immédiatement, j'ai présenté mes excuses.

- Je m'en fous, moi. Je prie juste pour qu'elle ne te tue pas quand vous vous reverrez. J'ai pas envie de payer la caution, moi.

Il a été beaucoup plus indulgent avec moi que ce que je pensais. Il m'a souri puis m'a fait un clin d'œil : ça me donne pas pour autant envie de retenter l'expérience.

Voir ma mère, à califourchon sur homme qui n'est pas mon père m'a complètement chamboulé.

Je sais que je ne devrais pas ressentir ça, mais... une rage brûlante m'a pris par surprise. Je l'ai eue en pleine gueule sans savoir comment la gérer. Putain, de toute ma vie, jamais je n'ai été aussi... énervé.

J'ai perdu tous mes moyens, j'étais désemparé face à mes propres démons. La mémoire de mon père est ancrée en moi et voir ma mère le remplacer sans même m'en parler m'a consumé de l'intérieur. Qu'elle refasse sa vie après autant de temps est bien, mais...

J'aurais aimé l'apprendre dans d'autres circonstances. Mais ce foutu karma n'en avait rien à foutre de ce que je voulais, et il me l'a bien fait comprendre.

- Putain, grommelé-je mollement en me redressant du lit d'Heather. Ça me casse vraiment les couilles.

C'est vraiment moi qui vient de dire ça ?

Dans notre duo, c'est Heather qui parle mal, pas moi. Sauf que cette fois, j'ai eu besoin d'inverser la tendance. Aussi dégueulasse que ce soit, et même si je regrette de m'être emporté sur elle, j'ai apprécié pouvoir lui montrer la toxicité de son attitude passée. Je devais lui montrer que je n'étais pas un simple toutou qui obéirait à ces moindres faits et gestes. J'avais besoin de m'imposer - même si je ne l'ai pas fait correctement.

Je l'aime à en crever, vraiment. Mais si je veux que ça marche, il faut que je sois ferme avec elle, sans en devenir mauvais comme je l'ai été. Mon attitude a fait ressortir le déséquilibre constant de notre couple : elle a toujours le dessus et la conséquence logique a été que j'ai voulu le reprendre, ne serait-ce qu'un peu.