HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

47/ Déchirement.

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NATHAN / BLONDINET.

J'arrive pas à y croire. Comment a-t-on pu en arriver là ? À se disputer en plein milieu d'un couloir, se regarder d'un œil hostile et agir en parfaits inconnus ?

Tout ce qu'on a construit en six mois vient de voler en éclats. Parmi les débris, il y'a la confiance, nos moments de tendresse - rares et puissants, nos rires - courts mais persistants. Mais surtout, mon coeur en miettes est mélangé à ses petits bouts de relation éparpillés.

Mais pourquoi on en est là, putain ?

Je n'aurais jamais dû lui avouer mes sentiments. Peut-être aurais-je dû continuer à subir son comportement changeant sans broncher. Supporter ses mauvais regards, ses réflexions acerbes et blessantes, son indifférence permanente.

Espèce d'idiot. T'as toujours été comme ça, de toute façon.

J'ai envie d'exploser. Pour la première fois depuis des années, j'ai envie d'être violent. J'ai besoin de m'énerver, de tout laisser évacuer. Il faut que je me lâche. J'en ai marre d'être le gars trop con qui dit oui à tout et qu'on malmène selon ses envies.

« Je n'ai jamais caché ma nature, Nathan. Je suis mauvaise. Et l'amour rend peut-être aveugle, mais tu m'a pas attendue pour devenir con. »

Ses paroles résonnent en moi comme un écho qui ne voudrait jamais s'arrêter. Le fait qu'elle m'appelle par mon prénom me déchire de l'intérieur, bizarrement. Ça me fait prendre conscience qu'elle et moi, nous ne formons plus rien.

Comme si on avait déjà été quelque chose.

J'ai fréquenté Heather en connaissance de cause. Je savais qu'elle avait ses propres Ténèbres et qu'il était difficile pour elle de s'en débarrasser. Quand on a passé sa vie à être imperméable, montrer ses sentiments devient difficile.

Mais je n'imaginais pas à quel point je souffrirais en la laissant planter ses ongles jusqu'au sang dans mon organe vital. Elle s'est ancrée en moi de la plus douce des manières, pour s'en extraire d'une façon cruelle. Qu'elle ne partage pas mes sentiments est une chose. Qu'elle passe son temps à me rabaisser, m'insulter, m'ignorer à son bon couloir, c'en est une autre.

J'ai un coeur, putain ! Je ne suis pas un pantin qu'on manie comme on veut.

Et Heather l'a beaucoup trop fait pour que je ne lui en veuille pas. J'ai trop souvent été bon avec elle quand elle ne l'était pas avec moi. J'ai toujours essayé d'être doux lorsqu'elle était brutale. Aujourd'hui, je ne peux plus la laisser jouer avec moi indéfiniment. J'ai une âme et une sensibilité qu'elle passe sa vie à piétiner.