64/ Adieu, Maman.

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Il m'est parfois arrivé de me demander comment serait ma relation avec Theresa lorsque je serais majeure et indépendante financièrement. Est-ce que je lui parlerais encore, ou bien la rayerais-je définitivement de ma vie ? Je me suis toujours dit que le jour où je partirais de chez elle, je lui claquerais la porte à jamais.

Aujourd'hui, c'est elle qui est partie à jamais. Sans faire de bruit, sans que je ne m'en rende compte. Je ne savais pas qu'elle avait des problèmes de santé. Seulement... aurais-je agi différemment ?

Non. Parce que je suis bornée. Fermée. La haine m'a bouffée à une vitesse si vive qu'elle m'à consumée. Il ne reste désormais que les cendres grisâtres de mon coeur abîmé et de ma fierté démesurée.

J'ai détruit ma mère. Je gâche ma vie. Je brise mon couple. A croire que je ne suis bonne qu'à ça.

Je ne comprends pas comment Nathan peut être encore là, à me tenir dans ses bras comme si j'étais la chose la plus innocente et précieuse du monde. Comment il peut câliner mes boucles sauvages avec autant de tendresse, sans éprouver de dégoût pour l'être abject que je suis. Ça me dépasse.

- Bouclette, c'est bientôt l'heure. Il faut que tu t'habilles.

Toujours dans les bras de Blondinet, je tourne la tête vers mon père, debout sur le seuil de la porte. Mes yeux s'écarquillent lorsqu'ils se posent sur son visage : il s'est rasé, ses cheveux sont coupés et coiffés. Il est vêtu de tout de noir, et les multiples bagues qu'il porte habituellement à ses doigts sont toutes retirées, exceptée son alliance. Seulement, un détail retient mon attention : il n'y a pas une bague à son annulaire, mais deux.

- C'est ta mère qui me l'avait offerte, confesse-t-il d'une voix remplie d'émotions en voyant mes yeux bloqués sur les bagues. J'ai voulu la mettre, pour lui rendre hommage... Tu sais comme ta mère aimait offrir des choses aux gens. Je me suis dit que de là-haut, elle serait contente...

Les yeux de mon père s'humidifient et rougissent, mais il se détourne avant que je ne puisse en apercevoir plus.

- Bon bah... Je vous attend en bas. Le pervers de blond, mate pas ma fille quand elle va se changer.

Je sais qu'il ne pense pas ce qu'il dit, et qu'il a simplement lancé cette plaisanterie pour qu'on ne se doute pas de la tristesse qui l'accable. Mais c'est loupé : je connais mon père. Et il est malheureux.

Nathan tapote ma hanche pour m'inciter à me lever. Lorsque je me redresse, il pose sa tête sur mon épaule, caressant doucement mes bras.

HEATHER FAYCE [TERMINÉ]Where stories live. Discover now