HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

43/ Questionnements.

***

NATHAN / BLONDINET.

La mort dans l'âme, je regarde Heather quitter le bâtiment d'un pas furieux pour rejoindre celui de la proviseure, sans un regard pour moi.

Ça ne m'étonne pas, à vrai dire. En fait, je crois que je la comprends. Si j'avais pris l'initiative de l'embrasser et qu'elle m'avait repoussé, j'aurais sûrement mal réagi aussi.

Non. Tu aurais juste dit que c'est pas grave en prétextant un sourire.

Ce que j'envie chez Heather, c'est qu'elle est assurée. Elle n'a pas peur d'agir et d'ouvrir sa bouche, au risque de s'attirer les foudres des autres. Ce que moi, je crains relativement. Je déteste les conflits. Je hais la violence. Et c'est justement pour cette raison que je l'ai repoussée. Je n'ai jamais levé la main sur personne et que Heather le fasse me dérange profondément.

Qu'elle utilise de la violence verbale ne me choque pas. Au final, elle ne s'en rend pas compte. Elle jure comme elle respire et j'admets que chez elle, ça a son charme. Même si en général, j'ai horreur des filles qui disent plus d'insultes que de mots, ça ne me dérange pas vraiment lorsque c'est Heather.

Cependant, qu'elle frappe pour régler ses comptes est quelque chose que je n'accepte pas. Elle ne peut pas sortir ses poings dès que les choses ne vont pas dans son sens. J'ignore quel est son différend avec Jelly, mais si elle souhaite se battre avec elle, elle doit le faire avec des mots et non avec des coups.

Que ce soit avec Jelly ou n'importe qui, elle doit agir intelligemment avec sa bouche et non impulsivement avec son corps. Je ne peux pas tolérer qu'elle fasse usage de violence parce qu'elle n'est pas satisfaite. De plus, je ne pouvais pas la laisser m'embrasser comme si elle n'avait rien fait. J'ai adoré sentir sa langue au goût sucré caresser la mienne, mais malgré ça, je ne pouvais pas la laisser continuer.

Et si elle m'ignorait à nouveau pendant une semaine ? Je crois que je ne pourrais vraiment pas le supporter. Les doutes m'ont envahi et la seule chose à faire était de me soustraire à son étreinte. Peu importe à quel point je l'ai aimée.

Je ne veux pas revivre cette semaine-là.

Après un soupir, je me gratte la nuque et me rends jusque la salle de mathématiques, que j'ai précédemment quittée. Lorsque je pénètre dans la classe, Monsieur Balmer me fixe avec les yeux ronds et la bouche ouverte.

Mais qu'est-ce qu'il a ?

Je hausse les sourcils, tandis qu'il est toujours figé. Dans la classe, des élèves commencent à chuchoter en m'observant comme si j'étais une bête de foire. Je m'assois en silence à ma place, pendant que l'enseignant reprend son cours, toujours avec un air surpris collé au visage.