HEATHER FAYCE [TERMINÉ]

36/ Regrets.

***

Je déambule dans les couloirs, le nez rivé sur mon téléphone. Merida est à mes côtés, me racontant les conneries qu'elle faisait quand elle était gosse. Elle me parle et je la laisse faire, même si nous savons toutes les deux que je me fiche complètement de ce qu'elle dit. C'est un peu un pacte conclu entre nous sans même en avoir parlé au préalable : elle monologue et à défaut de l'écouter, je ne la rembarre pas. Elle comble le silence pour nous deux sans me reprocher le mien, alors ça me va.

Il est vrai que ça aurait pu m'agacer, moi qui déteste les gens qui cherchent à discuter avec moi. Cependant, l'air épanoui sur son visage, et sa voix douce lorsqu'elle me conte ses souvenirs d'enfance, ne me donnent pas l'envie de la couper. Elle avait l'air si heureuse et pleine de vie étant gamine : ça me rappelle que moi, je ne l'étais pas. Je ne l'envie pas, mais je suis curieuse de savoir ce que c'est d'aimer la vie. J'ai toujours haïe la mienne.

Et jusqu'à maintenant, je ne m'étais jamais dit que c'était triste d'être aussi vide.

Sa main se presse soudainement sur mon bras pour me ramener vers elle. En levant les yeux, je constate que j'ai failli rentrer dans une personne. Je n'ai pas le temps d'insulter cette dernière parce qu'elle n'a pas fait attention - même si moi, je ne l'ai pas fait non plus - puisque Merida demande d'une voix inquiète à la fille brune :

- Est-ce que tout va bien ?

Celle-ci se retourne, nous exposant ses yeux bleus et rougis, ainsi que les larmes roulant sur ses joues. En faisant plus attention, je remarque qu'il s'agit d'une des harceleuses de Merida. La rouquine aussi l'a reconnue, mais elle ne fait aucun commentaire. Une lueur étrange brille dans ses prunelles.

- Pardon, bredouille-t-elle d'une voix tremblante à cause de ses pleurs.

Ses yeux se focalisent sur Merida, et elle rajoute :

- Pour tout.

Elle mord sa lèvre inférieure, sur le point de craquer à nouveau. Sans que je ne le voie venir, elle se jette dans les bras de Merida, pleurant sur son épaule. La rouquine est surprise, presque figée, mais elle fait l'effort de tapoter son dos.

- Alia, je suis vraiment désolée. Tu sais pas à quel point je m'en veux.

- C'est bon Stacy, murmure Merida. Ça va.

La-dite Stacy se redresse et frotte ses joues mouillées. Les regrets se lisent dans ses yeux azur, marqués de cernes. Elle soupire et passe sa main dans ses cheveux, les ébouriffant légèrement.